5e journée du Resfiz à Nice
Actu
SANTÉ PUBLIQUE
Auteur(s) : MAËLLE GOUIX
La 5e journée du Resfiz1 a fait le point sur les leishmanioses humaines en France métropolitaine, où Leishmania infantum est la seule espèce autochtone. Quelques cas impliquent parfois d’autres espèces importées de voyages à l’étranger.
L’incidence annuelle moyenne des leishmanioses humaines en France est de 18 à 25 cas déclarés, avec un pic à 35 cas en 2001. Cependant, comme la maladie n’est pas à déclaration obligatoire, son incidence est certainement sous-estimée.
Les prévalences des 3 formes cliniques (de 1999 à 2007) sont de 90,7 % pour la leishmaniose viscérale, de 6,9 % pour la leishmaniose cutanée et de 2,3 % pour la leishmaniose muqueuse.
En région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), l’âge des malades s’étend de 3 mois à 90 ans. Plus de la moitié des patients ont entre 30 et 60 ans (53,3 %), la population la plus atteinte ayant entre 30 et 40 ans (28,6 %), juste avant les enfants de moins de 10 ans (25,3 %). Entre 1993 et 2009, la prévalence des malades coinfectés par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) atteint 40 %, dont 33 % d’hommes.
Autour du bassin méditerranéen, les leishmanioses viscérales sont des zoonoses à L. infantum pour lesquelles le chien est le principal réservoir connu, alors que 90 % des nouveaux cas humains mondiaux sont des formes anthroponotiques (l’homme est le réservoir) à L. donovani.
Le portage asymptomatique est fréquent dans la population méditerranéenne. La maladie clinique apparaît à la faveur d’une baisse de l’immunité (Sida ou thérapie immunosuppressive), d’où la régression du nombre de cas cliniques depuis l’apparition des trithérapies antirétrovirales.
Les principaux symptômes sont une fièvre irrégulière et résistante aux antipyrétiques, une splénomégalie et une pâleur, associées à une pancytopénie. Les leishmanioses viscérales déclarées sont mortelles en l’absence de traitement.
En France, l’aire de distribution de la leishmaniose à L. infantum s’étend progressivement. Pourtant, le nombre de cas tend à diminuer dans les foyers d’endémie historiques. Ainsi, en région Paca, l’incidence est passée de 31,2 cas par an pour la période 1993-1997 à 11,4 entre 2005 et 2009. Le portage asymptomatique est fréquent en zone d’endémie, mais il est difficile à quantifier en l’absence de dépistage systématique.
En région Paca, 2 foyers principaux regroupent 60 % des cas cliniques : les hauteurs au nord de Nice et l’agglomération marseillaise. Entre ces foyers, le risque d’infection est intermédiaire. Dans le reste de la région, il est faible. À Nice, ce risque est significativement associé à des habitations dispersées et situées à proximité de forêts mixtes. Il épargne le centre-ville, tandis qu’à Marseille, la maladie est essentiellement urbaine… ce qui laisse les chercheurs perplexes.
Chez les militaires ou les voyageurs de retour de Guyane, une forme particulière est fréquente, le pian bois. Il s’agit d’une lésion cutanée circonscrite au point de piqûre, due à L. guyanensis. Il est nécessaire d’utiliser une méthode moléculaire de diagnostic pour la différencier de la forme causée par L. braziliensis, qui évolue vers une forme métastatique délabrante de la sphère ORL.
Grâce à ses conditions d’infection naturelle, le chien est le meilleur modèle pour évaluer l’efficacité d’un vaccin anti-leishmanien. L’importante communauté antigénique partagée par les Leishmania permet d’envisager un vaccin universel, à base d’immunogènes communs et hautement conservés, destiné à induire, chez l’homme et le chien, une protection contre les différents stades des parasites.
À l’heure actuelle, la vaccination humaine viserait surtout à protéger les populations des pays en développement, où l’incidence des leishmanioses est beaucoup plus élevée et où l’accès aux traitements adaptés est bien moindre qu’en France.
1 Réseau d’épidémiosurveillance franco-italien des zoonoses, journées en partenariat avec Virbac, voir La Semaine Vétérinaire n° 1495 du 11/5/2012 en pages 16-18 et l’article en page 26 de ce numéro. Retrouvez les références des conférences sur le site Wk-Vet.fr à l’adresse http://www.wk-vet.fr/mybdd/?visu=164&article=164_3922
La sérologie et le diagnostic parasitologique classique, par visualisation de formes amastigotes dans une ponction de moelle osseuse, sont utilisés dans tous les établissements de soins français. Chez les patients sidéens, la charge parasitaire est telle que la visualisation des parasites peut se faire sur du sang périphérique (après concentration).
Le diagnostic moléculaire, par real time polymerase chain reaction, est la technique diagnostique de référence. Cependant, l’absence de standardisation est problématique, et un contrôle de qualité externe est à entreprendre à l’échelle nationale et européenne. Cette technique est utilisée en routine dans une dizaine de centres hospitaliers de France (sur moelle osseuse, sang périphérique ou sérum). Il s’agit de l’examen de 1re intention face à un syndrome fébrile chez un patient immunodéprimé en zone d’endémie.
Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »
L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire
Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.
Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.
Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire