Entrepreneur individuel à responsabilité limitée : un statut protecteur - La Semaine Vétérinaire n° 1499 du 08/06/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1499 du 08/06/2012

Entreprise

Auteur(s) : PATRICK LELONG

Ce régime fiscal et social s’adresse aux nouveaux entrepreneurs individuels qui souhaitent réduire l’étendue de leur responsabilité et choisir l’impôt sur les sociétés.

Près de 1,5 million de personnes exercent leur activité sous la forme d’une entreprise individuelle, ce qui n’est pas sans danger. Le nouveau statut d’entrepreneur individuel à responsabilité limitée (EIRL) permet, dans une large mesure, de pallier certains risques.

Les entrepreneurs individuels sont responsables de leur activité sur la totalité de leur patrimoine, sans aucune limitation. En effet, en droit français, le patrimoine est universel et unique. Il s’agit en quelque sorte d’une grande enveloppe dans laquelle sont rangés les droits et les obligations de l’entrepreneur, donc son actif et son passif. La récente création du statut d’EIRL permet de construire un « patrimoine d’affectation » qui fait seul office de gage. Celui-ci peut donc être saisi, en cas de nécessité, par les créanciers professionnels.

Chaque entrepreneur a la possibilité d’opter pour ce statut protecteur, quelle que soit son activité (libérale, commerciale, artisanale ou agricole). Ce choix peut se faire en début d’activité, mais aussi – et c’est un avantage non négligeable – en cours d’exercice. Il reste fiscalement neutre.

LA MISE EN PLACE D’UN PATRIMOINE D’AFFECTATION

Le patrimoine d’affectation est l’ensemble des moyens, des droits et des garanties nécessaires à l’exercice d’une activité professionnelle (article L.526-6 du Code de commerce). Il est aussi possible d’y inclure des biens à usage mixte, mais pas des éléments du patrimoine privé. Pour y faire figurer des biens en indivision (dans le cadre du mariage, par exemple), l’accord du conjoint est nécessaire. Concernant les formalités, il convient de déposer au registre du commerce (ou au greffe du tribunal compétent) une liste et un descriptif des éléments ainsi affectés (nature, quantité et valeur). L’entrepreneur s’engage à utiliser ces derniers dans ses rapports professionnels. Il doit faire figurer sur tous les documents destinés à des tiers (papier à entête, factures et notes d’honoraires, en particulier) la mention « EIRL ».

Cette démarche ne comporte pas que des aspects positifs. Les créanciers savent que leur droit de saisie est restreint. Les banques, en particulier, sont susceptibles de considérer que pour financer une activité, ce statut les pénalise. Elles exigent alors des cautions personnelles ou celle du conjoint. Les leur accorder revient à faire tomber cette barrière protectrice.

L’entrepreneur doit évaluer son patrimoine d’affectation. Si sa valeur est supérieure à 30 000 €, l’estimation est réalisée par un commissaire aux comptes, un expert-comptable ou une association de gestion, et par un notaire s’il s’agit de biens immobiliers. Si cette obligation n’est pas respectée et si les valeurs d’affectation sont plus importantes qu’en réalité, l’entrepreneur reste responsable pendant 5 ans vis-à-vis des tiers pour la différence sur l’ensemble de son patrimoine, affecté ou non.

LE SORT DU PATRIMOINE AFFECTÉ

Si l’entrepreneur n’est pas en mesure de faire face à ses dettes professionnelles, ses créanciers peuvent demander la liquidation de son patrimoine d’affectation pour se faire payer. Celui-ci leur sert de gage. Si l’entrepreneur exerce plusieurs activités, il a la possibilité d’isoler plusieurs parties du patrimoine affecté à l’exercice de sa profession.

À tout moment, l’entrepreneur peut renoncer à l’affectation d’une partie de ses biens. Dans cette hypothèse, le patrimoine affecté est liquidé. C’est également le cas en cas de décès de l’entrepreneur. Les créanciers sont alors désintéressés, sauf si l’un de ses héritiers décide de poursuivre l’exploitation, c’est-à-dire l’activité professionnelle de l’entrepreneur. La transmission du patrimoine d’affectation reste librement cessible par ce dernier. Il convient alors de mettre en place des mesures de publicités obligatoires afin que cette opération soit opposable aux tiers. Dans le cadre d’une liquidation du statut d’EIRL, les bénéfices et les autres plus-values deviennent imposables (article 1655 sexies du Code général des impôts).

LES OBLIGATIONS COMPTABLES ET BANCAIRES

L’entrepreneur doit tenir une comptabilité autonome et posséder un ou plusieurs comptes bancaires séparés dédiés à son activité. Il a aussi pour obligation de déposer tous les ans ses comptes annuels au registre du tribunal compétent au regard de son activité.

LA DÉCLARATION D’INSAISISSABILITÉ

Comme pour le statut d’EIRL, la déclaration d’insaisissabilité constitue une protection pour l’entrepreneur. Elle peut s’effectuer de façon autonome sans recours au statut d’EIRL. L’article L.526-1 du Code de commerce précise « qu’une personne physique immatriculée à un registre de publicité légale à caractère professionnel ou exerçant une activité professionnelle agricole ou indépendante peut déclarer insaisissable ses droits sur un immeuble où est fixée sa résidence principale, ainsi que sur tout bien bâti ou non bâti qu’il n’a pas affecté à son usage professionnel ».

Sont concernés les commerçants, les artisans, les agriculteurs et les membres d’une profession inscrits au tableau d’un Ordre. Cela exclut les biens affectés à une activité professionnelle et les personnes qui exercent sous la forme d’une société. La résidence principale de la famille (essentiellement) est ainsi visée et protégée. Dans le cadre de locaux mixtes, la partie affectée à un usage professionnel doit pouvoir faire l’objet d’une individualisation distincte.

La déclaration est à publier au bureau des hypothèques pour être opposable aux tiers. Elle ne protège pas rétroactivement des dettes antérieures.

Attention, le bien ne doit pas être utilisé à des fins professionnelles. Sinon, la protection tombe. Le coût d’une telle déclaration comprend les émoluments du notaire (131,10 € TTC), les frais d’enregistrement (25 €), le salaire du conservateur des hypothèques (15 €) ainsi que les dépenses de publicité et celles inhérentes à diverses formalités (200 € environ).

LE RÉGIME FISCAL DE L’EIRL

L’entrepreneur est assujetti à l’impôt sur le revenu des personnes physiques sur l’ensemble des bénéfices réalisés, même s’il conserve une partie de ceux-ci dans l’entreprise. Par dérogation, il peut opter pour l’impôt sur les sociétés, liquidé à 15 % jusqu’à 38 120 €, et taxé à 33,33 % au-delà.

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