Quelle est la place de la radiothérapie en France ?

Son avenir est le même qu’ailleurs

Dominique Tierny, clinique vétérinaire Oncovet à Villeneuve-d’Ascq (Nord).

La radiothérapie est une modalité incontournable de la stratégie thérapeutique anticancéreuse. Les indications sont nombreuses pour les traitements curatifs et palliatifs de multiples tumeurs superficielles ou profondes. La discipline existe depuis 1992 aux États-Unis et s’est considérablement développée depuis. En France, l’avenir de la radiothérapie est le même qu’ailleurs : offrir non seulement cette technique, mais aussi les compétences (radiothérapie externe, planning et traitement assistés par ordinateur et logiciel de dosimétrie, positionnement précis des patients), aller vers des protocoles et des doses plus adaptés, des soins plus complexes pour de plus nombreuses indications.

Les moteurs de la discipline sont la spécialisation et le développement de la cancérologie vétérinaire en général. De nombreux freins persistent, notamment le faible nombre de plateaux techniques en France, la méconnaissance de cette discipline par nos confrères et la rareté des spécialistes diplômés.

En général, la radiothérapie est bien perçue par les propriétaires désireux de soigner leur animal atteint d’un cancer. Il est essentiel de bien leur expliquer le traitement. Les vétérinaires référents sont souvent “gênés” pour expliquer la radiothérapie à leur client, car ils n’en ont pas eux-mêmes l’expérience. Une meilleure information doit être plus largement diffusée.

Plusieurs indications sont bien documentées

Pauline de Fornel-Thibaud, centre de cancérologie vétérinaire de Maisons-Alfort.

Outre la radiothérapie métabolique, aujourd’hui réservée au traitement de l’hyperthyroïdie du chat, les vétérinaires ont accès à la radiothérapie interstitielle et externe. La première est destinée aux tumeurs superficielles de taille réduite. L’iridothérapie haute énergie (HDR) a remplacé l’ancienne technique des fils d’iridium. Elle est amenée à se développer, car l’équipement présente un coût abordable. La radiothérapie externe, en revanche, nécessite un investissement bien plus lourd. Cependant, cette technique présente un meilleur rendement en profondeur, ce qui l’autorise pour de plus nombreuses indications.

Globalement, la radiothérapie est une technique en plein essor, qui bénéficie des avancées de l’imagerie médicale. Le traitement des tumeurs gliales, par exemple, est une indication assez nouvelle, envisagée grâce à la précision du diagnostic via l’imagerie par résonance magnétique.

Toutefois, la profession manque aujourd’hui de données scientifiques pour étayer l’efficacité de la radiothérapie dans de nombreuses indications. Elle est bien documentée pour le mastocytome canin, les tumeurs hypophysaires, les autres tumeurs intracrâniennes, et les tumeurs nasales. Pour les autres, l’effet attendu repose souvent sur des observations personnelles qui mériteraient d’être confirmées par des études sur de grandes séries.

La radiothérapie est encore sous-exploitée

Franck Crouzet, clinique vétérinaire Alliance à Bordeaux (Gironde).

Cette thérapie est utilisée dans le traitement des cancers à risque de récidive locale. Elle est disponible en France depuis plus de 20 ans (à Maisons-Alfort), mais reste sous-exploitée. Sans doute parce que la cancérologie est une discipline relativement récente et que les options thérapeutiques sont encore mal connues et insuffisamment proposées. Les autres freins sont matériels : le coût du traitement, le déplacement et l’hospitalisation. Néanmoins, de plus en plus de propriétaires, engagés dans une démarche de soins pour leur animal, sont à l’écoute de l’intérêt d’une telle thérapie. À condition, évidemment, qu’elle soit évoquée avec eux.

La radiothérapie mériterait que les vétérinaires se l’approprient. Elle procure des résultats fort positifs sur certaines tumeurs. Mais son efficacité est insuffisamment documentée. Traiter davantage de cas élargirait les connaissances et favoriserait le nombre de cas traités… Un cercle vertueux qui est à enclencher.

Nous proposons des soins de curiethérapie depuis 2 ans et demi. Notre motivation était de monter un service de cancérologie, en proposant une prise en charge globale des animaux, mais aussi, pourquoi pas, construire des ponts entre les médecines humaine et vétérinaire. Je suis convaincu que le recours à la radiothérapie s’élargira à mesure que la sensibilisation aux bénéfices des traitements anticancéreux progressera.