Une approche scientifique du comportement canin

Les bases scientifiques actualisées de l’éthologie canine et ses applications pratiques ont été présentées par notre consœur Isabelle Vieira, devant un auditoire d’une cinquantaine de personnes, dans les locaux de Centravet, à Maisons-Alfort. L’initiative en revient à Christophe Vernet, président de l’association VSP, avec le soutien du laboratoire Ceva.

La compréhension du comportement du chien “normal” était au cœur de son intervention, ouverte pour l’occasion à des personnes issues d’horizons variés : des vétérinaires, praticiens ou enseignants à l’ENVA ou au Gipsa, de nombreux étudiants, mais aussi quelques auxiliaires et des membres d’associations d’éducation canine.

L’éthologie pour améliorer la relation entre l’homme et le chien

L’éthologie, la science qui étudie le comportement animal, fait l’objet de nombreux travaux scientifiques récents, publiés essentiellement en anglais. Ils éclairent d’un jour nouveau les connaissances sur le développement du chiot, et sur le comportement de l’adulte. Le concept de hiérarchie est ainsi l’un des principaux remis en cause, en particulier par des études fondées sur l’observation de populations de chiens féraux (c’est-à-dire issus d’animaux domesti­ques retournés à l’état sauvage), et non plus de populations de loups. Le tempérament du chiot (joueur/calme, proche de l’homme/distant, etc.) et son milieu de développement dans son ensemble (présence de chiens, d’interactions positives avec des humains, etc.) ont également une grande importance.

Dans la perspective scientifique, le point de vue du chien est à placer au centre de la rela­tion entre l’homme et son animal, pour une bonne compréhension mutuelle et un plaisir partagé. Cette relation est à envisager comme un lien de coopération et non de subordination. Le jeu, essentiel à l’apprentissage et au renforcement positif de celui-ci, est nécessaire tout au long de la vie de l’animal. Lors de comportements jugés indésirables, il incombe aux propriétaires de faire preuve d’intelligence et d’adaptation, pour les éteindre ou les rediriger, dans un souci permanent d’éthique. L’investissement en temps que cela nécessite est compensé par la qualité et la richesse de la relation qu’il est alors possible de mettre en place. La démarche clinique du vétérinaire vise à comprendre l’origine du mal-être chez l’animal, les dysfonctionnements dans cette relation, pour proposer des solutions individualisées.

L’enseignement de l’éthologie progresse en France

Étudiants et praticiens ont réagi avec intérêt à cette nouvelle approche éthologique, dont l’enseignement progresse petit à petit en France depuis 10 ans, alors qu’elle est reconnue dans de nombreux autres pays depuis plusieurs décennies. L’ouvrage de notre consœur vient en point d’orgue de cet enseignement d’éthologie dans les ENV. « Cela va à l’encontre de tout ce que j’ai appris », a ainsi remarqué une praticienne trentenaire en sortant. Pour leur part, les formateurs du Gipsa se sont interrogés sur l’enseignement à délivrer aux futurs auxiliaires de santé vétérinaire à propos du comportement canin.

Quelques formateurs de chiens guide d’aveugles, qui ont déjà l’habitude d’utiliser exclusivement le renforcement positif pour former les chiots, sont confortés dans leurs méthodes.

De nombreux points restent toutefois à étudier, tels que les effets de la domestication, de la raciation et de toutes les pressions de sélection artificielle, ainsi que des contraintes imposées par le milieu humain. Les années futures seront, à n’en pas douter, riches de recherche clinique et de débats sur ces questions.