Grossir ou mourir : les fusions s’enchaînent à tour de bras à partir de 1995

Les mégafusions dans les laboratoires semblent véritablement commencer avec le rachat de SmithKline Beecham par Pfizer, en 1995. Pour la première fois, un laboratoire détient plus de 10 % du marché mondial de la santé animale. Auparavant, si des fusions ont existé, elles étaient de taille plus modeste.

Aujourd’hui, les 3 premiers laboratoires du top ten mondial (Pfizer, Merck [ex-Intervet-SP] et Merial) se sont construits sur la base de fusions, souvent subies lorsqu’elles ne sont que la conséquence de rachats stratégiques pour la pharmacie humaine, plus rarement choisies lorsqu’elles sont propres à la santé animale.

L’année 2011 marque peut-être la fin des mégafusions mondiales, avec l’abandon du projet d’union entre Merial (Sanofi) et Intervet (Merck). Il n’y a plus, dans le top ten mondial, de laboratoire spécialisé.

Moins d’acteurs, mais plus de concurrence

À l’inverse, tous les laboratoires ou presque sont concurrents pour les mêmes espèces majeures et sur les grands marchés : antibiotiques, antiparasitaires, anti-inflammatoires et analgésiques, reproduction, vaccins, etc. L’explosion des génériques est passée par là. La concurrence n’est donc pas diminuée, mais exacerbée par la baisse du nombre d’acteurs. Par conséquent, depuis 1995, les remises s’envolent, voire s’affolent. Même si, paradoxalement, les lois Dutreil et de modernisation de l’économie (LME) ont pour objectif, depuis 7 ans, de les réduire.

Les GIE exacerbent la concurrence

Les remises arrière sont ainsi devenues un enjeu dans la compétitivité des ayants droit. Les groupements, puis les vétérinaires s’organisent et font jouer la concurrence. De multiples GIE ou SCM naissent dans cet objectif. La dernière initiative en date, la plus risquée dans ce dossier explosif, est celle du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL). Sa nouvelle filiale, Isovet, n’a en effet pour seul objet que de négocier au mieux les remises arrière de centaines de cabinets vétérinaires…

Les centrales, nées dans les régions au cours des années 70 ou 80 afin de centraliser et de négocier les meilleurs prix pour leurs adhérents, ont également grossi pour devenir nationales : Alcyon (fusion de Cavegat, Covely, Savenor et Vetarvor en 1995), Centravet, Coveto, Hippocampe (fusion de Nordivet, la Spev et Medicavet) et Neftys Pharma (Elvétis, Veto-Santé, Agripharm).

En moins de 20 ans, le paysage a donc été fortement modifié, avec pour seule ligne directrice grossir, grossir et grossir encore… pour ne pas subir.