Alsace : une organisation bien rodée avec l’expertise allemande

« Les praticiens s’organisent souvent eux-mêmes. Dans la communauté urbaine de Strasbourg, qui compte une quarantaine de vétérinaires, un tour de garde existe, sans obligation, mais pratiquement tous y sont », précise d’emblée le président du conseil régional de l’Ordre, Denis Bilger, basé à Hoenheim (Bas-Rhin). La situation est semblable à Colmar et à Mulhouse (Haut-Rhin). Cependant, en termes d’urgence, « c’est comme pour les hommes : en cas de pépin, les clients rejoignent la grande ville la plus proche. En rurale, les confrères s’organisent souvent entre eux. Enfin, en équine spécialisée, les clients ont le choix entre 3 vétérinaires (à Truchtersheim, à Hoerdt ou à Soultz), mais ils se rendent aussi facilement en Allemagne ».

Selon leur situation géographique, les praticiens renvoient les animaux vers d’autres structures. « Il y a des échanges entre Sélestat et Colmar, souligne Denis Bilger. En équine, dans le nord de l’Alsace, il est possible de consulter un vétérinaire de Truchtersheim et dans le sud à Soultz ou en Allemagne. »

« Nous traitons directement les urgences ou nous les envoyons en Allemagne, explique Vincent Goudin, praticien équin à Hoerdt (Bas-Rhin). Pour certains examens (imagerie par résonance magnétique ou scintigraphie), nous dirigeons les clients vers Lyon, Paris ou la Belgique. Nous ne travaillons pas le week-end, mais nous laissons sur le répondeur le numéro de portable de celui qui est de garde. 1 week-end sur 3 est prévu pour les urgences. »

Denis Bilger déplore néanmoins certaines pratiques des clients : « Des propriétaires appellent pour connaître les prix. Les gardes sont un marché captif et nous n’avons pas le droit de nous mettre d’accord sur les tarifs. Ce serait une entente illicite. »

C’est pourquoi, au sein de la communauté urbaine de Strasbourg, « nous avons décidé de structurer le système, y compris pour les frais. Nous avons créé l’Association des vétérinaires de garde de Strasbourg. Présidée par Andreas Vom Scheidt, elle possède un numéro de téléphone commun transféré chez le vétérinaire de garde ». L’organisation est, à ce jour, bien établie. « Ainsi, nous avons 3 gardes annuelles à assurer, détaille Andreas Vom Scheidt, installé à Vendenheim. Nous avons étendu ce roulement à notre système hebdomadaire depuis 3 ans. Nous assurons ainsi les gardes de nuit 1 semaine sur 6. Cela libère les autres. Mais – c’est le revers de la médaille – nous travaillons beaucoup. Il y a toujours un vétérinaire en second en mesure d’intervenir si nécessaire. »

Lorsque la clinique ne peut répondre à la demande, 3 structures de la communauté urbaine de Strasbourg, qui ont accepté d’être référentes, accueillent l’animal. « Nous avons un chirurgien orthopédique, indique Andreas Vom Scheidt, qui souligne l’importance de la démarche volontariste des vétérinaires. S’il y a trop de cas à prendre en charge, nous n’hésitons pas alors à nous tourner vers ces structures. Nous avons créé une association de droit local. » Aussi, l’urgence ressentie est prise en compte. « Je dis toujours aux clients inquiets au téléphone de venir me voir. Dans la communauté urbaine de Strasbourg, nous avons chacun notre plateau technique, note Denis Bilger. Il y a un système de garde à Haguenau, à Colmar et à Mulhouse depuis 5 ans. À Strasbourg, il existe depuis 1976. La nouveauté, c’est le numéro unique dont le fonctionnement sera étudié par l’Ordre. En Alsace, nous avons l’habitude de nous organiser. »