Formation
ÉQUIDÉS
Auteur(s) : SOPHIE PAUL-JEANJEAN
Lors du dernier congrès de la SNGTV1, notre confrère Jean Marc Betsch a présenté cette technique en clinique chirurgicale dans des conditions optimales pour la poulinière et la réanimation du poulain. Il n’est cependant pas toujours possible de référer cette intervention : Jacques Monet et Guillaume Covillault ont présenté des cas cliniques de césarienne en pratique ambulatoire, chez des juments couchées ou debout. Ces césariennes peuvent être réalisées à la ferme avec succès par nos confrères ruraux, qui la pratiquent couramment chez les vaches.
La césarienne peut être requise lorsque le poulinage naturel semble dangereux. Cependant, dans la plupart des cas, il s’agit d’une césarienne d’urgence à la suite d’une dystocie et de l’impossible extériorisation du fœtus. Si ce dernier est vivant, l’objectif consiste à sortir le poulain en moins de 20 minutes après l’induction de l’anesthésie.
La majorité des césariennes sont effectuées en décubitus dorsal, avec une laparotomie médiane. La cavité abdominale est incisée sur 35 à 40 cm, en commençant à 10 cm environ caudalement à l’ombilic. La corne gravide, qui contient les 2 postérieurs et la pointe des jarrets, est recherchée. Elle est alors extériorisée de l’abdomen, puis isolée à l’aide d’un grand champ imperméable supplémentaire. 2 fils de tension sont posés au niveau des reliefs des pieds postérieurs et des jarrets. L’utérus est incisé en ligne droite dans sa totalité simultanément à l’allantochorion. Le chirurgien extériorise les postérieurs qu’il confie à un aide. Ce dernier les tire pour extraire le fœtus, tandis que le chirurgien participe en tirant sur le corps. Après l’extériorisation, seuls les plus gros vaisseaux sont clampés. Le placenta est décollé sur quelques centimètres pour permettre de procéder à un surjet continu, à points passés et bien serrés, de la totalité de l’incision. La fermeture de l’incision utérine est alors réalisée en 2 surjets (Connell, puis Lembert). À ce stade, 30 à 40 UI d’ocytocine sont administrés à la poulinière par voie intraveineuse, ce qui permet une involution rapide de l’utérus. Un lavage/siphonage de l’abdomen à l’aide de 10 à 15 l de Ringer lactate tiède peut être réalisé si la contamination de la cavité abdominale est importante. La fermeture de cette dernière est classique et dépend des préférences du chirurgien. Le taux de succès pour la jument, en général satisfaisant, varie entre 80 et 90 %.
ENCOURSLorsque, pour différentes raisons, la poulinière n’est pas transportable, il est possible d’effectuer une césarienne sur jument debout ou couchée chez le propriétaire, détaillée par notre confrère Guillaume Covillault. Une voie veineuse est mise en place et la contention est réalisée grâce à une association d’α2-agonistes et de butorphanol. Après avoir attaché la queue et préparé chirurgicalement le flanc droit, une anesthésie locale traçante est réalisée à l’aide de lidocaïne. Une incision cutanée de 50 cm environ, verticale ou oblique, est effectuée en suivant l’arc costal.
Les muscles obliques externe et interne, puis le muscle transverse et, enfin, le péritoine sont incisés perpendiculairement aux fibres musculaires. Sont repérés à la palpation l’utérus, la grande courbure, le poulain, ainsi que sa position dans l’utérus et par rapport à la grande courbure. L’utérus est ensuite ponctionné à l’ouvre-lettre, au niveau de la grande courbure, de la base de la queue aux jarrets. Le poulain, et l’utérus dans un second temps, sont alors extériorisés. La suture utérine est réalisée de la même façon que précédemment, ainsi que celle de la paroi abdominale. L’intervention debout, possible chez des juments facilement manipulables, nécessite 2 ou 3 personnes en plus du chirurgien.
La césarienne est également envisageable à domicile sous anesthésie générale fixe, avec un minimum de matériel et un pronostic vital satisfaisant. La voie d’abord est le flanc gauche. Cela doit notamment inciter les confrères habitués réaliser des césariennes chez la vache à tenter cette intervention chirurgicale à domicile lorsqu’elle constitue une solution alternative à l’euthanasie, estime notre confrère Jacques Monet.
Dans tous les cas, le traitement postopératoire est le même : une couverture antibiotique et anti-inflammatoire et de l’ocytocine, car la jument présente souvent une non-délivrance. Les lavages utérins quotidiens en faible volume, utiles pour limiter le risque d’endotoxémie et de fourbure, peuvent commencer dès le lendemain de l’opération. La palpation transrectale de l’utérus, quotidienne et mesurée, limite les risques d’adhérences entre celui-ci et le cæcum ou le côlon.
1 Du 23 au 25/5/2012, à Nantes. Retrouvez le tableau comparatif des différentes techniques de césarienne et la liste du matériel nécessaire sur WK-Vet.fr : http://www.wk-vet.fr/ mybdd/?visu=164&article=164_3963
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