Le concept “une seule santé” plébiscité

Une santé, une industrie, des métiers » : le thème retenu pour ce rendez-vous du SIMV était accrocheur et particulièrement d’actualité. La vision intégrative du concept One health était ainsi mise en exergue. Notre confrère Patrick Dehaumont (DGAL) a souligné « l’enjeu d’une efficacité collective à travers le réseau et le partage, sans pour autant négliger les spécificités ». Selon lui, « les modèles tendanciels sont de moins en mois d’actualité, cela va plus vers la notion de rupture », rejoignant la position de Pierre Saï, directeur d’Oniris, qui estime qu’il « faut être en innovation de rupture, et non sur un programme de formation “verrue” qui se collerait à de l’existant ». Et de poursuivre : « Toutes les ENV sont sur de l’innovation incrémentale, il faut accepter de modifier en profondeur nos processus pédagogiques. » Patrick Dehaumont a souligné l’importance des politiques de changement, qui impliquent les jeunes générations, les acteurs de demain.

Le vétérinaire acteur de la santé publique

Il convient en effet d’agir à la source : « Ensuite, c’est trop tard, les professionnels déjà formés sont formatés, donc il faut s’orienter vers les jeunes », a estimé Pierre Saï. Jean-Paul Mialot, directeur d’Alfort, souhaite aussi que les jeunes soient formés dans ce sens : « C’est pour cela qu’en France, nous sommes partis sur un rapprochement avec les universités de médecins. Il convient de montrer que le vétérinaire est un acteur important de la santé publique. »

Pierre Saï plébiscite le programme M-AN-Imal : une santé, une médecine. Ce projet, porté par Oniris, implique les facultés de médecine des universités d’Angers et de Nantes, ainsi que l’École supérieure d’agriculture. La formation est ouverte aux vétérinaires, aux médecins, aux biologistes et aux ingénieurs du vivant. Il s’agit d’une première session qui s’inscrit dans le concept One Health. Cet enseignement est de niveau LMD, avec la création d’un master pour les étudiants de dernière année. Dans un second temps, elle s’ouvrira à la formation continue.

« Pour le moment, c’est plutôt une approche verrue, voire un petit bouton de fièvre », a ironisé Dominique Porquet : le président de la conférence des doyens de pharmacie a développé le travail de fond effectué pour disposer d’un cursus de pharmacie vétérinaire.

Recherche sur le médicament, antibiorésistance, etc., étaient aussi au cœur des débats, bien entendu. « Les bactéries partagent de l’ADN, pas seulement en se touchant, a ironisé le P^r Bruno Gonzalez-Zorn (université Complutense de Madrid), mais aussi via l’environnement. » Il prône une vision intégrative qui associerait les vétérinaires et les médecins : « L’Espagne est d’ailleurs en avance sur ce projet, puisqu’il existe des départements à cheval sur les facultés vétérinaire et de médecine », a constaté notre confrère le Pr André Parodi, président de l’Académie de médecine.

Un rapprochement public-privé indispensable

François Deneux (cabinet de conseil Arthur D. Little) a révélé les premiers chiffres d’une enquête sur la mutation des industries de santé. « Le leader­ship de la santé animale ressort en France par rapport aux autres segments. Il y a aussi beaucoup de “petits” produits, ce qui pose la question de l’innovation. » La problématique est celle de la levée de fonds. Le constat du manque d’innovation est notamment noté au niveau des antibiotiques.

« Ce qui est nouveau, c’est la prise de conscience du rapprochement entre le public et le privé », a relevé Jean-Louis Hunault, président du SIMV. Cette mise en commun et cette réflexion sont récentes : « L’évolution de la prise de conscience, tant de nos plates-formes de recherche que du public, a été considérable. Il y a des instruments et des dynamiques en place qui n’existaient pas il y a 2 ou 3 ans. »