1re journée vétérinaire apicole à Nantes

Depuis 4 ans, la Fnosad¹ et Oniris organisent conjointement la Journée scientifique apicole (JSA), au cours de laquelle des scientifiques venus de nombreux horizons partagent les résultats de leurs derniers travaux de recherche. Cette année, cette JSA, qui s’est tenue les 7 et 8 juin derniers, a été couplée pour la première fois à la Journée vétérinaire apicole (JVA), dont le but est de rassembler des vétérinaires, qu’ils soient praticiens, enseignants, chercheurs ou encore de l’administration. Il est prévu de la renouveler tous les 2 ans à Nantes, afin de permettre aux vétérinaires impliqués dans l’apiculture de tisser un réseau actif et efficace en France.

Abeilles et toxicologie

Au cours de cette journée, une large place a été faite aux discussions et aux tables rondes, avec un temps quasi équivalent aux conférences, ce qui témoigne de cette volonté de partage et d’échange entre vétérinaires.

La 1^re session, menée sous la houlette de Luc Belzunces (Inra Avignon), était dédiée à l’analyse de résultats toxicologiques en apiculture et aux discussions sur des cas d’intoxication rapportés par des praticiens de terrain. Les conclusions de cette session mettent en évidence que si les relations dose/réponse sont souvent cohérentes en exposition aiguë, cette cohérence est perdue en exposition chronique ou répétée. Il est donc erroné d’extrapoler les résultats de toxicité aiguë aux effets attendus en toxicité répétée (ce qui est le cas aujourd’hui). Par ailleurs, il est observé que les effets des toxiques à faible dose, l’imidaclopride par exemple, sont parfois supérieurs à ceux de fortes doses. De même, la dilution d’un toxique peut amplifier la toxicité d’une substance, ce qui est encore contre-intuitif.

La discussion a majoritairement porté sur les particularités de l’analyse toxicologique en apiculture. Celle-ci est réalisée de manière particulière et unique, c’est-à-dire empiriquement, en utilisant la DL502, au-dessus de laquelle il y a une forte présomption d’intoxication, alors qu’une dose toxique trouvée en deçà de cette valeur ne donne lieu à aucune analyse. Pourtant, il est admis que la zone de mortalité s’étend pour des doses inférieures à la DL50. Ne vaudrait-il pas mieux calculer et se référer à la dose sans effet ? D’autant qu’absence de toxique chez l’abeille ne signifie pas absence d’intoxication, puisque bon nombre de dégradations s’opèrent post-mortem (la demi-vie des pesticides est en moyenne de 4 heures et descend même jusqu’à 30 minutes pour l’acétamipride).

Le médicament vétérinaire en apiculture

L’interdiction de tenir officine ouverte s’applique aussi aux vétérinaires apicoles et ceux-ci ne peuvent prescrire que pour des abeilles qu’ils ont effectivement vues. De plus, Paule Carnat-Gauthier (ISPV et référent “médicament vétérinaire”) a insisté sur le fait que les groupements ne peuvent délivrer que des médicaments soumis à prescription et sur liste positive ; donc pas de cascade, ni de préparation extemporanée pour ces derniers. Les médicaments utilisés doivent être inscrits sur le registre d’élevage (obligatoire pour tous les producteurs de denrées alimentaires, donc de miel, à ceci près que l’enregistrement des mouvements des animaux est facultatif en apiculture).

Enfin, il est promis aux vétérinaires que la note de service de 2004, qui suggère l’utilisation de tétracyclines pour lutter contre la loque, sera supprimée.

• 1 Fédération nationale des organisations sanitaires apicoles départementales.

• 2 L’utilisation de la dose létale 50 est soumise à controverse pour cette espèce dont les membres sont considérés comme des superorganismes.