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Auteur(s) : Maëlle Gouix
Le congrès annuel de la Wildlife Disease Association s’est tenu pour la première fois en France, à Lyon. Son objectif est de faire converger les efforts pour la santé de la faune sauvage, en lien avec le concept One Health.
Le 61e congrès annuel de la Wildlife Disease Association (WDA) s’est tenu à Lyon du 22 au 27 juillet, conjointement avec le 10e congrès biennal de sa branche européenne (EWDA), grâce aux efforts d’une équipe de spécialistes de la faune sauvage associée au campus vétérinaire VetAgro Sup.
Dès l’ouverture, le concept One Health a été placé au cœur des débats par Aaron Bernstein, médecin et membre de l’université d’Harvard. Ce concept prône la collaboration des disciplines médicales humaines et vétérinaires avec les sciences de l’environnement, afin d’améliorer la santé de toutes les espèces, y compris celle de l’homme. L’évaluation de la santé de la faune sauvage, les moyens de contrôle des maladies, le risque infectieux associé aux migrations et aux réintroductions animales et les maladies émergentes sont autant de sujets d’actualité abordés durant la semaine.
Les conséquences environnementales et sanitaires de la surexploitation des ressources alimentaires, pêche et élevage confondus, par la population mondiale toujours croissante, sont dramatiques, comme l’a rappelé Aaron Bernstein. Dans les années 60, la consommation de poisson était de 6 kg par personne et par an, elle atteint désormais 13 kg par personne et par an. Les réserves halieutiques s’épuisent. Les océans sont en outre pollués par les fermes aquacoles qui se multiplient, et des résistances microbiennes apparaissent (Staphylococcus aureus résistant à la méticilline, avec une prévalence de 40 % chez les porcs aux États-Unis, par exemple), consécutives selon lui à l’intensification de l’élevage.
L’appauvrissement des océans s’accompagne d’une augmentation de la consommation de viande de brousse dans les pays défavorisés, qui menace d’extinction des espèces sensibles et expose la population aux zoonoses. Patricia Mendoza, de la Wildlife Conservation Society, a confirmé cette réalité : les singes péruviens braconnés sont porteurs de virus zoonotiques, de Trypanosoma, de Plasmodium et de Campylobacter, première cause de diarrhée infantile.
L’impact du réchauffement climatique a été abordé, en particulier par Patrick Leighton, de l’université de Montréal, qui s’est intéressé à la population de tiques vectrices de zoonoses au Québec. Leur aire de répartition s’est étendue vers le nord et la croissance de leur population s’est accélérée, ce qui modifie les risques de transmission de la borréliose de Lyme et justifie son épidémiosurveillance au Québec.
L’anthropisation croissante a, par exemple, des répercussions sur les papillons monarques (Danaus plexippus), selon Sonia Altizer, docteur en écologie à l’université de Georgia, ou sur les grizzlis (Ursus arctos) d’Alberta, d’après notre confrère Marc Cattet, de l’université de Saskatoon au Canada.
Ainsi, les chenilles de monarques qui ne migrent pas du Canada vers le Mexique sont plus exposées à un parasite, Ophryocystis elektoscirrha, qui entraîne morbidité et mortalité chez le papillon. Or, l’exploitation sylvicole intensive des forêts mexicaines pourrait, à terme, contraindre ces papillons à la sédentarisation, ce qui les soumettrait à une forte pression parasitaire.
De même, le morcellement du territoire vital des grizzlis (par l’extension des villes, les routes, les infrastructures associées à l’exploitation forestière et du sous-sol) augmente leur stress chronique, mis en évidence par Marc Cattet grâce au dosage de biomarqueurs de stress. Cela favorise une dégradation individuelle de leur santé, et annonce une chute de performance de la population dans son ensemble. En 10 ans, les grizzlis d’Alberta sont passés d’un millier d’individus à 700 seulement.
L’étude des effets des polluants évolue également. Le toxicologiste Philippe Berny, de VetAgro Sup, a présenté l’effet de plusieurs polluants sur un hôte unique. La notion d’interaction entre composés toxiques se substitue actuellement à celles d’addition, de synergie et d’antagonisme.
Cette année, les fondateurs de l’association ont proposé aux membres vétérinaires de former, au sein de la WDA, un groupe de travail réservé à la profession, qui tiendrait un congrès séparé. L’idée a rencontré un accueil contrasté, nombre de confrères étant attachés aux échanges interdisciplinaires propres à la WDA et aux fondements mêmes du concept One Health.
La WDA tiendra son prochain congrès en juillet 2013 à Knoxville, au Tennessee (États-Unis), et les membres de l’EWDA se réuniront en 2014 à Édimbourg (Écosse).
Pour en savoir plus : www.ewda.org et www.wildlifedisease.org
→ 70 intervenants et 350 posters scientifiques exposés.
→ Plus de 520 participants issus de tous les continents (57 nationalités représentées), ce qui est un record de fréquentation pour ce congrès.
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