Formation
PRODUCTIONS ANIMALES/PORCS
Auteur(s) : PHILIPPE LE COZ*, BEATRICE BOUQUET**
Fonctions :
*praticien et président
de la commission porcine
de la SNGTV.
Article rédigé d’après
une communication présentée
lors des Journées des GTV
à Nantes (du 23 au 25 mai 2012).
Le cheminement qui a abouti à la mise en place du moratoire vis-à-vis de l’utilisation des céphalosporines de 3e et de 4e générations (C3G et C4G) dans la filière porcine française a été exposé dans le cadre des dernières journées nationales des Groupements techniques vétérinaires. L’annonce d’un consensus sur ce sujet dans cette filière remonte au 1er décembre 2011, mais l’idée avait été initiée dans l’interprofession dès 2010. Les éleveurs ont eu le premier rôle dans ce moratoire. Les vétérinaires sont arrivés en seconde ligne, à travers les 3 associations que sont la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV), l’Association des vétérinaires exerçant en productions organisées (Avpo) et l’Association française de médecine vétérinaire porcine (AFMVP). Ils ont décidé d’une conférence de consensus pour formuler une position tranchée sur la limitation du recours aux C3G et C4G, et définir des règles.
Un groupe de travail a été mis en place, sous l’expertise de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), représentée par Claire Chauvin.
Il a été jugé pertinent de commencer par référencer les usages réellement faits des C3G et C4G en filière porcine. Il s’agit uniquement d’antibiotiques injectables, prescrits jusqu’alors surtout en cas d’actinobacillose, d’infection urogénitale chez la truie et d’arthrite chez le porcelet et en engraissement.
Une revue bibliographique des articles susceptibles de montrer un lien entre les résistances aux bactéries chez l’animal et chez l’homme a ensuite été réalisée.
Certains points ont fait pencher la balance dans le sens du moratoire. Ainsi, le rapport annuel du réseau de surveillance des bactéries pathogènes chez l’animal, Resapath, a démontré une augmentation des résistances aux céphalosporines.
Un texte synthétique, issu de cette phase préliminaire de travaux, a été présenté à l’AFMVP en 2011. L’emploi des C3G et C4G chez l’homme y est également rappelé. Des recommandations en médecine porcine ont suivi (voir encadré).
Le suivi de l’effet du moratoire a été confié au Centre technique des productions animales (CTPA). Il a organisé le recueil des consentements par courrier et la collecte mensuelle des quantités prescrites par les vétérinaires (mode “déclaratif”).
Ce consensus constitue un préalable au plan national antibiorésistance. Certains éléments représentent des points de concordance, d’autres seront amenés à être modifiés parce qu’ils s’en démarquent.
Par exemple, la mesure 5 du plan national (autoévaluation par les vétérinaires et les éleveurs) ne concerne encore que les C3G et C4G.
Autre aspect pour lequel le moratoire C3G-C4G a fait prendre de l’avance à la filière porcine : l’incitation des laboratoires à harmoniser leurs suivis d’antibiorésistance et à partager leurs données sur les antibiogrammes. Des enquêtes régulières sont déjà coordonnées sur les C3G-C4G (200 éleveurs tirés au sort participent au suivi).
En définitive, « les vétérinaires ont prouvé le sérieux de leur action à travers ce projet », estime Philippe Le Coz. Mais, selon Arlette Laval (Oniris), il va falloir anticiper le fait que des praticiens pourraient bien ne pas adhérer à la démarche. « Que fera-t-on alors ? Pourquoi pas un système de carton rouge ? », suggère-t-elle, comme c’est le cas au Danemark1. De son côté, Philippe Le Coz rappelle que la démarche (approche « déclarative et volontaire ») a déjà porté ses fruits en termes de diminution d’usage.
Les sceptiques avancent aussi qu’il conviendra, pour une bonne efficacité, que les autres filières animales suivent. Toutefois, Philippe Le Coz souligne que, selon les espèces, les problématiques diffèrent. Le passage à l’échelon supérieur (plan national antibiorésistance) suscite aussi des interrogations.
L’idée d’une démarche “antibiotique par antibiotique et espèce par espèce” prévaut face à une approche généraliste, comme dans le système danois. Les choses « ne sont pas encore bien fixées et il faudra des moyens », ajoute Philippe Le Coz.
L’utilisation des C3G et C4G suivra les règles suivantes :
> jamais en première intention ;
> jamais systématiquement ;
> à la suite d’un antibiogramme concluant ;
> avec un suivi de résistance tous les 6 mois.
Ces recommandations valent notamment pour les infections urinaires des reproducteurs. Une possibilité de dérogation est prévue, par exemple, pour les infections respiratoires suraiguës en fin d’engraissement (à cause des concentrations minimales inhibitrices faibles, des délais d’attente courts et de la tolérance particulièrement bonne localement). Dans ce cas, l’usage en urgence temporaire (avant la mise en place de mesures correctives alternatives) est possible.
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