40 ans au service de la lutte antirabique - La Semaine Vétérinaire n° 1510 du 05/10/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1510 du 05/10/2012

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Auteur(s) : STÉPHANIE PADIOLLEAU

La Journée mondiale contre la rage, le 28 septembre dernier, a offert l’occasion à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) de fêter les 40 ans de son laboratoire de Nancy.

En lien avec la Journée contre la rage, l’Anses a organisé une journée scientifique à Nancy (Meurthe-et-Moselle), sous le patronage de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), le 21 septembre dernier1. Elle a rassemblé une cinquantaine d’experts ou de chercheurs impliqués dans la lutte contre le virus rabique. L’Américain Charles Rupprecht, grand spécialiste mondial de la maladie, avait fait le déplacement. L’occasion de comparer l’épidémiologie de la rage des deux côtés de l’Atlantique.

L’Europe n’a que 2 réservoirs sauvages de la rage terrestre (le renard et le chien viverrin). En Amérique du Nord, la lutte est freinée par la multitude des réservoirs (raton laveur, chacal, mangouste, mouffette et autres petits carnivores sauvages).

Une priorité One Health

De son côté, François-Xavier Meslin, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a insisté sur l’importance de combattre efficacement la rage chez l’animal pour ne plus avoir à recourir au traitement postexposition chez l’homme. Si la maladie fait environ 70 000 victimes par an (probablement bien davantage en raison d’un sous-diagnostic dans certains pays), essentiellement en Afrique et en Asie, les traitements postexposition concernent plus de 15 millions de personnes. Dans la majorité des cas, la contamination a pour origine la morsure d’un chien, et 40 % des décès concernent des enfants de moins de 15 ans.

Marta Martinez, représentante de l’OIE, a d’ailleurs insisté sur le fait que la lutte contre la rage constitue un modèle du concept One Health (une seule santé) et demeure une priorité. « La rage semble un problème lointain, a renchéri Élodie Monchatre-Leroy, directrice du laboratoire Anses de Nancy, mais il y a eu un foyer sauvage en Italie en 2008, et de janvier 2010 à septembre 2011, la France a enregistré 25 alertes sur son territoire. » En Europe de l’Ouest, il s’agit le plus souvent de rage « importée », comme le cas de ce chiot contaminé ramené en toute illégalité sur le sol français après un voyage au Maroc.

Cette journée a été l’occasion d’insister sur le rôle de pivot du laboratoire Anses de la rage et de la faune sauvage dans la collaboration européenne pour la lutte contre cette maladie, puisqu’il participe à la mise en place des campagnes de vaccination, nécessairement transfrontalières pour être efficaces et qui font intervenir autant les autorités politiques et celles de la santé humaine que les instances vétérinaires.

Le laboratoire de référence pour l’Europe

Cette première journée a été suivie, le 26 septembre, par le 5e atelier de travail du laboratoire Anses de la rage et de la faune sauvage. Il réunit annuellement les acteurs de son réseau, les laboratoires nationaux, pour des échanges sur les techniques de contrôle et les avancées sur les campagnes de vaccination orale mises en œuvre dans les pays européens ou voisins de l’Europe.

Il possède 3 mandats de laboratoire de référence pour la rage (national, européen et de l’OIE), ainsi qu’un mandat européen pour la sérologie rage. Il est également centre collaborateur de l’OMS. 46 personnes y travaillent, réparties dans 2 unités, l’une pour les lyssavirus (rage et lyssavirus des chiroptères) et l’autre pour la faune sauvage.

Ses missions sont partagées entre le diagnostic de la maladie – historiquement l’une de ses premières tâches –, la sérologie, ses activités de laboratoire de référence (essais interlaboratoires ; réponse aux sollicitations des laboratoires nationaux européens ; développement et standardisation des méthodes de diagnostic, etc.) et ses travaux de recherche.

Il fait également partie du réseau européen des laboratoires officiels de contrôle des médicaments (Official Medicines Control Laboratories, OMCL) : son rôle est de vérifier le titre en virus des vaccins oraux et parentéraux avant leur utilisation. En parallèle, il lui est également possible de contrôler la consommation des vaccins oraux par les renards. L’appât oral contient le virus atténué, associé à un bio-marqueur, une tétracycline. La présence de ce marqueur est ensuite validée par une analyse des dents des animaux.

Au-delà de la rage

Des données rassemblées sur les renards, sur leur éthologie et leur écologie a découlé tout naturellement l’étude des maladies vulpines : le laboratoire de Nancy est aussi laboratoire de référence pour l’échinococcose (Echinococcus multilocularis et E. granulosus) et conduit des recherches en vue de cartographier sa présence, d’évaluer le portage par le renard urbain. Il mène également une étude sur le rôle du chien et du chat dans le cycle. Une enquête concerne en outre E. granulosus, afin de déterminer sa présence en France et en Corse, et de génotyper les souches existantes. Une équipe du laboratoire est ainsi dévolue à la faune sauvage, mais mène aussi des travaux sur les affections dues aux tiques (maladie de Lyme, encéphalite à tiques), sans bien entendu négliger les lyssavirus des chiroptères. Cet été, le laboratoire Anses de la rage et de la faune sauvage a mis en évidence un nouveau lyssavirus en France, le Bokeloh Bat Lyssavirus, chez une espèce de chiroptères arboricoles de Moselle.

  • 1 En présence de représentants de l’OMS, de l’OIE, de la Commission européenne, de l’Efsa, de la Direction européenne de la qualité du médicament et de la DGAL.

La rage, toujours d’actualité : les conseils de l’Anses

La prévention de la maladie nécessite la vigilance des praticiens. Lors de suspicion, il convient de contacter la Direction départementale (de la cohésion sociale et) de la protection des populations.

→ Tout cas suspect est à envoyer systématiquement pour diagnostic de rage, même si la suspicion paraît faible.

→ Tout changement de comportement non relié de manière certaine à une maladie chez un chien doit être considéré comme évocateur de la rage (les symptômes sont polymorphes et non spécifiques).

→ Euthanasier un carnivore domestique moins de 2 semaines après qu’il ait mordu est interdit, sauf dérogation expresse de la DDPP.

→ Avant chaque euthanasie, il est recommandé de faire signer au propriétaire une décharge mentionnant que l’animal n’a pas mordu dans les 2 semaines, n’a pas été en contact avec un animal suspect ou enragé, et n’a pas voyagé à l’étranger dans les 6 mois qui précèdent. < HÉLÈNE ROSE

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