« Un champ d’action professionnel particulièrement vaste » - La Semaine Vétérinaire n° 1510 du 05/10/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1510 du 05/10/2012

Marie Garnier-Dufour

Dossier

Quels sont les motifs qui vous ont orientée vers l’agro-alimentaire ?

En réalité, j’avais déjà cette idée en tête avant même d’intégrer l’ENVA : les technologies de fabrication des aliments et de leurs contrôles m’ont toujours attirée. Comme mon frère a également suivi des études vétérinaires, je savais que le domaine de la sécurité et de la qualité des aliments était au programme de l’enrichissant et diversifié (soit dit en passant) cursus vétérinaire. Le véritable déclic de ma vocation s’est produit lors d’un cours d’Hidaoa portant sur les systèmes d’assurance qualité en hygiène des aliments. Cette approche qui vise à “verrouiller” toutes les étapes d’un processus de fabrication pour le sécuriser, quel challenge ! C’est ça que je voulais faire !

Quel a été votre parcours après la sortie de l’école ?

J’ai d’abord suivi une formation à l’Institut supérieur de l’agro-alimentaire (Isaa, devenu AgroParisTech) pendant un peu plus d’un an (8 mois de cours et 6 mois de stages pratiques), principalement axée sur le droit français et européen en matière de sécurité et de qualité des denrées alimentaires. Cet angle n’était pas assez abordé dans les cours d’Hidaoa lorsque j’étais à l’école. Puis j’ai enchaîné par un stage chez Compass, un groupe de res­tauration collective. J’y ai rencontré un confrère qui avait monté sa société de conseil pour les industries agro-alimentaires. Il m’a proposé de le rejoindre et j’ai accepté. J’y suis restée 5 ans.

La formation en hygiène alimentaire des personnels et la mise en place des systèmes qualité dans les entreprises auditées constituaient mes principales activités. Puis j’ai été contactée par un autre confrère de chez Monoprix qui prenait sa retraite et tenait absolument à voir un vétérinaire prendre sa relève. Ce fut chose faite et je suis ainsi devenue directrice qualité dans ce groupe en 2000, pendant un peu plus de 7 ans.

Mon champ d’action professionnel est alors devenu plus vaste, s’étendant de l’hygiène des denrées proprement dite (hygiène de fabrication, chaîne du froid, gestion des crises sanitaires, etc.) au management de la qualité (gestion de crise, plans de contrôle des produits et des fournisseurs, conformité à la réglementation sur les produits dénomination, allégations, signes de qualité, etc.), en passant par l’aspect réglementaire au sens large. Sans compter que ce type de poste nécessite de manager une équipe, de gérer un budget : c’est là que j’ai découvert vraiment ce qu’était le monde de l’entreprise ! Et je n’ai pas été déçue : cela permet de rencontrer beaucoup de personnes qui ont d’autres métiers comme le marketing, la comptabilité, etc.

En 2007, j’ai rejoint le groupe Métro Cash and Carry, d’abord à un poste européen, puis en tant que directrice qualité. Si mes missions sont semblables à celles effectuées chez Monoprix, d’autres sont venues se greffer, notamment en lien avec les notions de développement durable et de respect de l’environnement, en vogue depuis quelques années, mais surtout avec une pression réglementaire qui augmente (depuis le Grenelle de l’environnement). Cela passe notamment par des réflexions sur le bilan carbone des sites, leur impact au niveau des gaz à effet de serre, ou encore sur la préservation des réserves halieutiques, les techniques de pêche, etc. En résumé, c’est très varié et motivant !

Quels sont les handicaps et les atouts de votre formation initiale pour travailler en IAA ?

Tout d’abord, les cours d’Hidaoa étaient trop axés sur la restauration collective et sur la notion d’inspection en abattoir. Par ailleurs, la possibilité de faire de longs stages en IAA n’était pas proposée. Or cela permet de réellement se faire une idée des différents métiers que l’on peut y exer­cer. Lors de ma formation à AgroParisTech, les stages en entreprise étaient longs et formateurs. En outre, lors des cours théoriques, les interventions de nombreuses personnes extérieures exerçant dans différentes entreprises étaient très enrichissantes.

Ce qui m’a également manqué à l’école vétérinaire, ce sont les enseignements sur le monde de l’entreprise, sur le droit du travail, ou encore sur le management. Il n’y avait pas non plus de cours de langue pour se maintenir à niveau, notamment l’anglais, indispensable lorsque l’on travaille dans de grands groupes. Avec du recul, je pense aussi que l’on ne nous apprend pas vraiment à travailler en équipe, mais au contraire en indépendant.

Toutefois, nous avons beaucoup d’atouts en main grâce à notre formation. Notre raisonnement diagnostique est l’un des meilleurs exemples. Il permet, grâce aux éléments dont nous disposons, de prendre rapidement une décision. En IAA, lors d’une suspicion de contamination des denrées, c’est important, il faut savoir décider vite. Or les agronomes, qui sont des ingénieurs, ont davantage tendance à vouloir multiplier les analyses, les études, etc. Sur le terrain, non seulement il n’y a pas toujours les moyens nécessaires pour les réaliser, mais surtout il s’agit de faire vite et bien ! Notre côté scientifique rigoureux est également bien reconnu, de même que nos connaissan­ces en biologie, en microbiologie, en pathologie animale, etc. Pour conclure, je dirais que notre différence avec les “agros” est une opportunité à saisir en IAA !

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