ENTREPRISE
Auteur(s) : NICOLAS VIDAL-NAQUET
Les possibilités diagnostiques et thérapeutiques de la médecine canine d’urgence à domicile sont larges, bien que soumises à des contraintes particulières. L’intervention d’un vétérinaire dans ce cadre ne peut se concevoir qu’en collaboration avec les praticiens traitants des animaux. Le recours au sens clinique est primordial, car les examens complémentaires sont limités. Un choix raisonné du matériel et des médicaments à emporter est essentiel, pour des raisons d’espace, de coût et de formation.
La voiture utilisée doit être suffisamment spacieuse pour transporter le matériel adéquat et répondre au mieux aux contraintes ergonomiques ? maximales ? de confort, de sécurité et d’efficacité dans l’exercice à domicile. Son organisation et son usage s’apparentent à ceux de la pratique rurale.
La contention de l’animal, le lieu d’examen, la luminosité sont à adapter à chaque visite. Une table à repasser sera parfaite pour examiner un chat ou un petit chien. Une lampe LED portable (et/ou frontale) peut améliorer la luminosité.
Outre les sens du vétérinaire, un stéthoscope et un thermomètre sont les 2 principaux instruments utilisés à domicile.
Un otoscope-ophtalmoscope est nécessaire, ainsi qu’une pince à épillet. Un tensiomètre peut constituer un atout supplémentaire pour la prise en charge initiale d’un glaucome aigu.
Cet examen requiert un stéthoscope. Un électrocardiographe, un tensiomètre et un oxymètre peuvent aussi être utiles. Des oxymètres de médecine humaine de petite taille, placés sur la babine, voire sur l’oreille d’un chien vaillant, fournissent des informations sur l’oxygénation du sang (avec la restriction de l’usage chez l’animal d’un appareil destiné à l’homme).
Les principaux facteurs évalués à domicile sont l’urée, la créatinine, la glycémie, l’hémoglobine, l’hématocrite et les lactates (dont la valeur permet d’estimer la souffrance tissulaire), grâce à de petits appareils portables. Des modèles plus perfectionnés, mais onéreux, mesurent à partir d’un prélèvement unique de nombreux facteurs (créatinine, glycémie, hémoglobine, hématocrite, ions, gaz du sang, pH sanguin, lactates et bicarbonates).
Pour les urines, outre les usuelles bandelettes, un réfractomètre permet d’évaluer la densité urinaire. Il peut aussi doser le taux de protéines sur un liquide d’ascite ou d’épanchement pleural.
Ces analyseurs sont à utiliser selon l’urgence médicale pour la mise en œuvre d’un traitement in situ, mais aussi en fonction des examens réalisables chez le vétérinaire traitant ou de la nécessité d’une hospitalisation.
L’usage d’un échographe peut être adapté à l’urgence à domicile, à condition pour le praticien d’être formé (confirmation d’épanchement abdominal ou pleural, etc.). Il peut aider à établir un diagnostic de pyomètre ou à mettre en évidence une rupture de cordages en cas de troubles cardiaques aigus, etc.
Il convient de prévoir des gants d’examen et d’autres stériles, des kits d’instruments à usage unique pour soigner les plaies, les parer et les suturer. Bistouris à usage unique, lames stériles, fils résorbables et irrésorbables et agrafeuses sont indispensables. Il en est de même pour le matériel de retrait de points ou d’agrafes à usage unique. Attelles, carcans, minerves, coton, compresses stériles ou non, bandes de coton, cohésives et adhésives font partie de la trousse de base. Peuvent s’y ajouter un cautère pour stopper de petites hémorragies accidentelles (oreilles, ongles, etc.), ainsi qu’une lampe chauffante en cas d’hypothermie.
Les masques et une bouteille à oxygène (ou un générateur d’oxygène portatif) sont aussi bienvenus dans la “trousse”. Il existe des générateurs qui concentrent l’oxygène en bouteille portable.
L’oxygène est d’une importance majeure dans les cas de réanimation à domicile et d’hypoxie sévère (œdème pulmonaire aigu, asthme du chat). Mieux vaut également disposer de sondes trachéales à usage unique et d’un ballon de réanimation, de sondes vésicales stériles à usage unique pour chats et chiens, d’une sonde gastrique requise lors de dilatation sans torsion de l’estomac avant d’hospitaliser l’animal (impossible de gérer une dilatation ou un SDTE sur place).
Antibiotiques, anti-inflammatoires stéroïdiens et non stéroïdiens (AIS et AINS), antalgiques et diurétiques sont les principales familles de médicaments utilisées.
La trousse comprend du matériel de perfusion (cathéters, perfuseurs) et des solutés (Ringer Lactacte, NaCl isotonique, glucose à 5 et 30 %, mannitol, gluconate de calcium). Ils sont utilisés lors d’état de choc, de déshydratation, d’hypoglycémie ou de glaucome aigu, en général avant et pendant le transfert de l’animal vers une structure vétérinaire sédentaire.
Lors de syndromes infectieux, une antibiothérapie est nécessaire. Pour un usage raisonné, le praticien doit disposer de plusieurs familles d’antibiotiques sous forme injectable.
Des antiseptiques locaux font partie intégrante de la pharmacopée itinérante (2 molécules différentes en cas d’allergie à l’une d’elles). Du miel de thym est également utile pour les larges plaies ou les lésions atones, en raison de son action antiseptique et cicatrisante.
Lors de troubles cardiovasculaires et respiratoires, associés ou non à d’autres affections, le vétérinaire doit disposer d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA), d’un antihypertenseur (amlodipine1), de dérivés nitrés1, de diurétiques, de corticoïdes, d’acide acétylsalicylique1, d’héparine1, mais aussi de bronchodilatateurs (théophylline, salbutamol1, etc.). De l’oxygène peut aussi être nécessaire.
Les affections du tractus digestif sont un motif d’appel fréquent : antivomitifs, antidiarrhéiques ou anti-infectieux à visée gastro-intestinale,? antihistaminiques (anti-H2) sous forme injectable (lors d’insuffisance rénale chronique, de suspicion de gastrite ou d’ulcère stomacal, etc.) sont donc à prévoir.
Pour l’appareil génital et urinaire, il convient d’emporter des antispasmodiques, des progestatifs, des a-bloquants (alfuzosine1), des AINS et des anti-infectieux. Pour corriger la déshydratation et lutter contre l’hypertension artérielle lors d’atteintes rénales, outre la mise sous perfusion, un antihypertenseur (amlodipine per os) et/ou du potassium peuvent être administrés si nécessaire.
Le traitement des troubles neurologiques centraux et périphériques fait appel aux AIS, aux AINS, aux opioïdes, aux antiépileptiques (benzodiazépines, barbituriques), mais aussi à des spécialités considérées parfois comme de confort (association vincamine-papavérine).
Les troubles locomoteurs nécessitent principalement l’usage d’AIS, d’AINS et d’opioïdes.
En ophtalmologie, des médicaments et des moyens de diagnostic (test de Schirmer, tétracaïne, fluorescéine, néosynéphrine) et des traitements (atropine, collyre antibiotique, collyre anti-inflammatoire/antibiotique, collyre antiglaucomateux1, larmes et gels protecteurs de la cornée) font partie intégrante de la pharmacopée. Nettoyant et gouttes auriculaires seront utilisés pour les atteintes de l’oreille.
Tranquillisation et sédation-analgésie2 (exceptionnelle) sont assurées au moyen d’acépromazine, de métomidine, de benzodiazépine, de kétamine et d’opioïdes (les anesthésies stricto sensu ne sont pas à envisager à domicile). Les α-agonistes présentent un intérêt majeur, car ils sont antagonisables. Un oxymètre, un tensiomètre, voire un électrocardiographe, permettent de surveiller la sédation. Des sondes trachéales, un ballon de réanimation et de l’oxygène autorisent une intervention dans des conditions optimales.
1 Molécule de la pharmacopée humaine.
2 La sédation-analgésie est définie universellement comme l’administration de médicaments ou de substances qui servent à altérer l’état de conscience d’une personne ou d’un animal, sa perception de la douleur et sa tolérance à l’environnement, tout en lui permettant une réponse à la stimulation verbale ou tactile et le maintien d’une fonction ventilatoire adéquate en tous points.
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