Entre nous
QU’EN PENSEZ-VOUS ?
Auteur(s) : Clarisse Burger
Le Conseil constitutionnel a décidé, le mois dernier, que l’organisation des corridas en France est conforme à la Constitution. Si l’article 521-1 du Code pénal sanctionne « les sévices graves ou actes de cruauté envers les animaux », il inclut une exception pour les courses de taureaux, sur le principe qu’ « une tradition locale ininterrompue peut être invoquée ». Saisi par les associations Droits des animaux (DDA) et le Comité radicalement anti-corrida (Crac), le Conseil constitutionnel a dû répondre, le 21 septembre dernier, à une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) sur la conformité de cette dérogation à la loi pénale. Les recours de ces militants pour l’interdiction de la tauromachie ont été rejetés.
Pourtant, nos concitoyens seraient en majorité contre la corrida. Selon l’enquête Ifop/Midi Libre réalisée en septembre 2012, 48 % des Français estiment qu’il faut interdire cette pratique, y compris dans les villes du sud de la France, pendant que 42 % souhaitent qu’elle continue à être autorisée dans les villes taurines. 10 % ne se prononcent pas. Plus en détail, les femmes (56 %) considèrent la corrida comme cruelle. Quant aux jeunes générations, elles tiennent davantage compte du bien-être animal. Les catégories socioprofessionnelles favorisées sont plutôt favorables à la corrida (51 %), alors que les employés (à dominante féminine) voudraient interdire cette pratique.
Dans un autre sondage effectué par le CSA pour le Crac Europe, 57 % des Français souhaiteraient l’interdiction de la tauromachie (versus 43 % d’avis favorables). L’opinion publique a évolué sur cette question puisqu’en 2007, seulement 50 % d’entre eux (versus 47 %) étaient favorables à l’arrêt de cette pratique.
Du côté de vétérinaires qui ont répondu à notre sondage en ligne sur WK-Vet.fr, la décision du Conseil constitutionnel fait débat. La profession penche majoritairement pour la fin de la tauromachie, en dénonçant notamment la maltraitance animale. Près de 30 % des vétérinaires interrogés se disent scandalisés par cette caution d’un acte de cruauté. « La décision du Conseil constitutionnel est à mettre en relation avec les mouvements contre l’abattage rituel. C’est le summum de l’hypocrisie et de l’inconséquence ! », déplore l’un d’eux. Les réponses montrent aussi un fort mécontentement et un sentiment de malaise. « Une honte que la barbarie fasse partie du patrimoine français », estime un vétérinaire. « J’ai honte d’être Français », ajoute l’un de ses confrères. Quand près de 5 % des sondés qualifient cette démarche de rétrograde.
Parallèlement, 20 % des vétérinaires internautes pensent que la décision des sages du Palais-Royal est plus politique que juridique. 10 % la jugent tout simplement hypocrite. Et certains (6,25 %) ne veulent pas en rester là, envisageant un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme. Au final, ces confrères ne se reconnaissent pas dans cette décision. « C’est à la fois une hypocrisie, une démarche rétrograde, la caution d’actes de cruauté, un appel à saisir la Cour européenne et une réponse plus politique que juridique. L’ensemble jette une fois de plus le discrédit sur la classe politique », explicite un praticien. La décision serait surtout d’ordre politique et économique pour l’un de ses confrères : « La corrida est aussi une affaire d’argent, car les férias de Nîmes et d’Arles en rapportent énormément. » Les « effets des lobbies » sont également dénoncés.
Dans le camp adverse, un quart des praticiens sondés pensent que cette décision va dans le sens du respect des traditions régionales taurines. Ils sont moins de 5 % à y voir le maintien d’un patrimoine immatériel de la France. À noter que l’inscription de la corrida espagnole à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel français a été effectuée au printemps dernier par le ministère de la Culture…
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