L’impact des mammites en France et aux États-Unis est peu comparable

La Semaine Vétérinaire a récemment rapporté¹ les résultats d’une étude réalisée aux États-Unis concernant l’impact économique de différentes mammites cliniques chez les bovins².

À l’aide d’une modélisation, les auteurs ont évalué le coût moyen par vache des mammites cliniques provoquées par 3 types de bactéries : celles à Gram positif (coût 109 €), celles à Gram négatif (coût 172 €), et les autres micro-organismes (78 €). Ils concluent que l’essentiel des coûts est dû aux traitements pour les 1^re et 3^e catégories, et aux pertes en lait pour la 2^e.

Dans quelle mesure ces résultats sont-ils transposables au contexte français ? Les stratégies de traitement apparaissent différentes. Par exemple, aux États-Unis, il est considéré que la moitié des vaches reçoivent des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et une fluidothérapie lors de mammites causées par des bactéries Gram positif, ce qui est rarement le cas en France. Autre différence, le coût des analyses bactériologiques : il est estimé à environ 8 € dans l’étude, soit approximativement la moitié du prix pratiqué par nos laboratoires. Compte tenu de la productivité des animaux et des modalités de paiement du lait, l’impact économique des pertes de lait résultant des mammites et des temps d’attente liés aux traitements sont également difficilement comparables.

Par ailleurs, on peut s’étonner, d’une part, que les auteurs n’aient pas pris en compte l’efficacité attendue des traitements selon notamment l’espèce bactérienne, et d’autre part, qu’ils aient placé dans le même 3^e groupe les levures (pratiquement non guérissables) et Corynebacterium bovis (sensible à l’antibiothérapie).

Une telle étude a-t-elle un intérêt ? Les auteurs font justement remarquer que connaître l’impact économique des mammites cliniques selon l’espèce bactérienne en cause peut constituer une aide à la décision ou au conseil pour respectivement l’éleveur et le vétérinaire praticien : faut-il réformer cette vache Faut-il l’inséminer ?

Aux États-Unis, les éleveurs sont très “sensibles” à l’aspect économique de leur production laitière. Pour s’en convaincre, il suffit d’engager la conversation avec eux pour constater que le mot dollar revient pratiquement dans chaque phrase. Cela apparaît moins vrai en France. Cela tient peut-être au fait que les praticiens ne disposent pas actuellement d’un outil de modélisation adaptable à chaque troupeau, qui soit performant, sans être pour autant “une usine à gaz”, bref relativement facile d’utilisation.

• 1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1504 du 13/7/2012 en page 36.

• 2 Cha E et coll. The cost and management of different types of clinical mastitis in dairy cows estimated by dynamic programming. J. Dairy Sc., 2011,94: 4476-4487.