Plus d’entrants que de sortants
Dossier
Auteur(s) : AGNÈS FAESSEL
Toutes les ENV s’accordent sur l’importance de l’ouverture sur l’international. Mais sa mise en œuvre n’est pas si simple. Les écoles vétérinaires françaises peinent à équilibrer les flux des étudiants Erasmus. Ainsi, cette année, ils sont 36 à partir suivre une année dans une autre faculté d’Europe : 9 d’Alfort, 5 de Lyon, 16 de Nantes et 6 de Toulouse. Par comparaison, près d’une centaine d’étrangers Erasmus sont accueillis (20 à 25 dans chaque école). Ce n’est pourtant pas faute de motiver les Français à s’expatrier. Les écoles multiplient les actions d’information auprès des étudiants et apportent un franc soutien à ceux qui souhaitent se lancer (prise de contact, recherche de financement, démarches administratives, etc.).
Le “tourisme universitaire” est une image délétère qui colle souvent à Erasmus. Il est pourtant bien loin de l’objectif des étudiants voyageurs. Leurs motivations premières sont le développement personnel (élargir ses horizons, rencontrer d’autres cultures et de nouvelles personnes, augmenter ses compétences non techniques comme l’autonomie) et l’amélioration des compétences linguistiques1. Or c’est justement sur ce point que le bât blesse pour les vétérinaires. En effet, nombreux sont ceux qui souhaiteraient partir pour un pays anglophone. Mais inversement, les natifs de la langue de Shakespeare parlent rarement le français : l’équilibre des flux est alors illusoire. De fait, les contrats avec des universités outre-Manche sont rares. Et du coup, les places sont chères ! C’est par exemple le cas pour Liverpool avec Alfort ou pour Dublin avec Lyon, avec un échange de 2 étudiants au maximum depuis l’an passé.
En outre, un obstacle financier vient s’ajouter. Car, par principe, les étudiants Erasmus payent leurs droits d’inscription dans leur établissement d’origine. Les contrats avec des facultés onéreuses, comme au Royaume-Uni, sont donc difficiles à négocier sans garantie d’équilibre des échanges.
Par ailleurs, la nécessaire validation des périodes d’études à l’étranger se heurte à l’hétérogénéité des enseignements vétérinaires en Europe. Certaines propositions de partenariat n’aboutissent pas parce qu’elles imposeraient aux étudiants de repasser tous leurs examens à leur retour. Certains domaines sont évidemment propres à l’enseignement français (la législation avec les règles de police sanitaire, par exemple) et des sessions de rattrapage sont organisées.
Dans ce contexte, les pays de destination privilégiés des étudiants français sont l’Espagne, l’Allemagne et certaines facultés qui dispensent une partie de leur enseignement en anglais. C’est le cas d’Helsinki en Finlande ou des pays de l’Europe de l’Est (Hongrie, République tchèque, Roumanie, etc.).
Face à ces contraintes, les écoles vétérinaires françaises étendent leurs partenariats hors d’Europe (outre-Atlantique notamment). Ainsi, le programme de coopération Brafagri entre la France et le Brésil, qui prévoit l’échange d’enseignants et d’étudiants ingénieurs agronomes, s’est étendu en 2011 aux vétérinaires. Dans ce cadre, Oniris (Nantes), par exemple, envoie cette année 7 Français pour une année au Brésil, et reçoit 8 Brésiliens. Autre aperçu, l’ENV de Toulouse a signé une convention avec la faculté de Melbourne (Nouvelle-Zélande) pour l’échange d’un étudiant par an. La liste n’est pas exhaustive, et de nombreux projets sont en cours. De longue date, les étudiants français sont également accueillis par la faculté québécoise de Saint-Hyacinthe, pour des stages, des semestres d’études, des internats.
Dans l’autre sens, les écoles vétérinaires attirent beaucoup les étudiants francophones et francophiles (Maghreb surtout, mais aussi Suisse, Liban, etc.). Cette ouverture internationale de l’enseignement vétérinaire hexagonal se traduit d’ailleurs par l’accueil de ces nombreux confrères étrangers pour des séjours plus courts (stages d’approfondissement clinique ou de recherche, etc.).
En outre, les stages à l’étranger, devenus obligatoires (voir encadré), sont l’occasion de mettre sur pied de multiples projets originaux. Ainsi, dans le cadre d’un accord avec la Malaisie, des étudiants alforiens sont partis travailler en binôme avec leurs homologues locaux, pour mener une étude épidémiologique en élevage.
Sur place, les services de relations internationales des 4 écoles vétérinaires réservent un accueil privilégié et personnalisé à tous les résidents étrangers. Ils leur concoctent un programme pédagogique “à la carte”, les dispersent volontairement dans plusieurs groupes cliniques pour forcer les contacts, etc. Et les étudiants ne sont pas en reste dans les efforts d’intégration de leurs homologues expatriés. Un système de parrainage permet à chaque arrivant de s’appuyer sur un étudiant français pour la découverte de l’école et de la ville, pour l’aider dans ses démarches administratives, etc. Le plus souvent, un logement sur place, en résidence universitaire, est proposé. Mais ce n’est pas possible partout ni pour tous. À défaut, ou selon le souhait de chacun, une colocation avec d’autres étudiants est une bonne solution pour s’intégrer.
Diverses actions viennent enrichir la vie extrascolaire des étrangers. À Toulouse, par exemple, le club Vétomonde prévoit des sorties pour découvrir la région Midi-Pyrénées, et même un voyage à Paris. À Lyon, le pôle “Erasmus” de l’association ErasMoVE en fait sa mission (voir entretien en page 30).
Depuis 5 ans, par application de l’arrêté du 20 avril 2007 relatif aux études vétérinaires, les étudiants français ont l’obligation d’inclure dans leur cursus de formation un séjour à l’étranger (stage ou période d’études).
En pratique, la plupart des élèves effectuent un stage hors de France, éligible à une aide financière (“bourse DGER”) si la durée est d’au moins 6 semaines. Des subventions sont également accordées par les écoles, les conseils régionaux, etc. Dans certaines conditions, ce stage peut aussi bénéficier d’une allocation Erasmus.
Toutefois, dans de nombreux cas, les étudiants sortent d’Europe et s’éparpillent sur tous les continents. Leur choix dépend davantage du projet (l’Afrique ou l’Asie pour des missions humanitaires, par exemple). Les pays anglophones (États-Unis, Canada, mais aussi Australie et Nouvelle-Zélande) sont naturellement prisés.
→ 14 au 16 novembre 2012 à Lyon-Dardilly : 18es Journées nationales de la coopération internationale, organisées tous les 2 ans par la DGER du ministère de l’Agriculture, auxquelles VetAgro Sup participera.
→ 11 au 13 avril 2013 à l’ENV de Toulouse : 4e Journée des sciences vétérinaires Toulouse-Munich-Saragosse, organisée tous les 2 ans par rotation entre les 3 partenaires (voir www.symposium.envt.fr, site en construction).
Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »
L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire
Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.
Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.
Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire