Des missions variées s’offrent aux vétérinaires en apiculture

La place du vétérinaire en apiculture a considérablement évolué ces dernières années. La profession ne peut que s’en réjouir, étant donné l’importance de cette filière, notamment en termes de pollinisation.

De la découverte des principaux agents pathogènes dans les années 50, à l’arrivée de Varroa destructor en France dans les années 80, la gestion “traditionnelle” des problèmes apicoles a rapidement atteint ses limites. Ce bouleversement sanitaire a généré de nouvelles problématiques pour les vétérinaires. Depuis 2005, l’enseignement dans les écoles, où l’abeille était jusqu’alors considérée comme une espèce mineure, a tout de même évolué. Des ruchers y ont été créés et entretenus, un diplôme interécoles a vu le jour (DIE apiculture-pathologie apicole).

Les vétérinaires doivent s’adapter aux acteurs déjà en place et aux apiculteurs pour assurer de nouvelles missions sanitaires. Notre confrère Christophe Roy, président de la commission apicole à la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV), est intervenu sur ce sujet lors des premières Journées apicoles¹.

Des recours à l’analyse de laboratoire trop rares actuellement

Le vétérinaire, par sa culture de la démarche diagnostique, sa disponibilité et son indépendance, a toute sa place dans le domaine de la pathologie apicole (une médecine complexe souvent simplifiée à tort) et dans la formation des apiculteurs. L’abeille est une espèce qui nécessite un abord global, ce qui justifie la mise en place d’audits et de suivis d’élevages, jusqu’alors principalement réalisés par les agents sanitaires apicoles. De plus, les recours à l’analyse de laboratoire, qui permet d’étayer le diagnostic, sont actuellement trop rares, faute d’offres locales. Il conviendrait donc d’éduquer les apiculteurs, d’aider les laboratoires à développer leurs techniques, à rentabiliser les investissements, et enfin à développer de nouveaux outils.

Les praticiens ont, en outre, une grande expérience dans le domaine de l’expertise en assurance : ils sont la garantie d’un expert indépendant, sans parti pris sur la conclusion, estimant les préjudices de façon fiable. La piste de la création d’un réseau de vétérinaires référents pour un assureur prend alors tout son sens. Ils pourraient aussi jouer un rôle dans la certification des élevages, dans le cadre d’une lutte organisée contre une maladie, ou dans les échanges nationaux et internationaux.

Être l’acteur d’une véritable pharmacovigilance

La problématique du médicament vétérinaire est importante et complexe, dans cette filière comme dans les autres. Le vétérinaire doit participer aux réflexions pour qu’une vraie pharmacovigilance soit appliquée dans ce domaine où la distribution est largement détenue par les groupements et où la prescription ne respecte pas toujours les règles.

Notre profession pourrait être également impliquée dans les essais cliniques de terrain, pratiqués régulièrement pour les autres espèces, et dans la recherche fondamentale, où la collaboration entre vétérinaires et chercheurs mériterait d’être développée.

Enfin, le vétérinaire a une mission essentielle à accomplir vis-à-vis de la qualité des denrées alimentaires produites, et le travail sur les résidus antibiotiques dans le miel est une piste à explorer d’urgence.

• 1 En juin 2012 à Oniris.