Première fiction activiste (vétérinaire incluse)

Avec ses airs de se donner un genre, le film A.L.F.¹ n’appartient à aucun. Inspiré par les séries policières ou les films de guerre terroriste, il ne se rapporte ni au spectacle commercial, ni au documentaire, ni à l’art & essai. Son originalité est de créer une nouvelle catégorie : la fiction activiste. Car Animal Liberation Front est au service de la cause animale. Avec une précision chronométrée, l’histoire retrace, en montage parallèle, l’avant et l’après d’une action militante, un soir de Noël, dans un centre d’expérimentation. L’action n’est pas montrée, le film s’attache surtout à l’agitation psychologique des membres du groupe juste avant l’action secrète. Une vétérinaire, très déterminée, en fait partie et l’approvisionne en antalgiques opiacés ! Après l’intervention, le chef de bande est arrêté, à la suite d’une délation. Son long face à face avec un policier lui permet de justifier le radicalisme de son engagement. Si le film nous documente un peu sur ce réseau activiste et donne un cadre inédit à son message, il pâtit d’une dramatisation outrée, sans aucun contrepoint de légèreté. Prisonnier de sa gravité militante, A.L.F. se condamne à ne séduire que ceux qui sont déjà acquis à sa cause.

A.L.F. Animal Liberation Front, un film de Jérôme Lescure, 96 minutes, sorti le 7 novembre 2012.

• 1 Le Front de libération animale est un réseau international d’activistes des droits des animaux qui, depuis 1976, engage des actions illégales et directes.