Formation
PRODUCTIONS ANIMALES/OVINS
Auteur(s) : KARIM ADJOU
Fonctions : maître de conférences, service de pathologie médicale du bétail, à l’ENV d’Alfort.
– Le terme d’arthrite regroupe toutes les affections infectieuses ou inflammatoires articulaires.
– Les agents pathogènes sont variés.
– Les agneaux sont davantage sensibles aux arthrites infectieuses.
– Le diagnostic de certitude repose sur l’analyse du liquide synovial.
Même sans données récentes sur le coût engendré par les arthrites pour les éleveurs, il est facilement compréhensible que les pertes économiques générées par ces affections sont élevées. Outre les effets négatifs sur le bien-être des animaux, les arthrites provoquent des douleurs, des refus de se déplacer qui diminuent la prise alimentaire et, par conséquent, la vitesse de croissance des agneaux. Ceux qui sont affectés ont un gain moyen quotidien diminué et constituent des proies pour les prédateurs. De plus, les soins prodigués à ces animaux représentent un coût supplémentaire pour l’éleveur, ainsi que du temps passé à gérer ces affections au niveau de l’élevage.
Le terme générique d’arthrite englobe toutes les affections inflammatoires des articulations, qu’elles soient aiguës ou chroniques. L’inflammation touche en premier lieu la membrane synoviale, voire la capsule articulaire (selon l’origine de l’arthrite), et peut affecter les surfaces articulaires cartilagineuses, voire l’os sous-chondral ou les tissus environnants (par exemple les tendons) si le processus inflammatoire n’est pas enrayé rapidement.
Il existe de nombreux mécanismes pathogéniques susceptibles de provoquer une inflammation articulaire. Toutefois, les causes infectieuses, bactériennes ou virales sont majoritaires chez les ovins. Les arthrites ont une origine locale ou, plus généralement, hématogène.
→ Les arthrites d’origine locale sont consécutives à une plaie ou à un traumatisme en regard de l’articulation, et qui affecte celle-ci. Dans de telles situations, les cas sont sporadiques et le traitement repose sur des soins locaux et l’utilisation d’antibiotiques, voire d’anti-inflammatoires.
→ Plus généralement, les arthrites sont d’origine hématogène, ce qui a deux conséquences importantes. Premièrement, chez les ovins, les arthrites affectent souvent plusieurs membres. Deuxièmement, vu la relative incompétence de leur système immunitaire, les agneaux sont plus sensibles aux infections et seront donc davantage concernés par les arthrites infectieuses (voir photo 1). Le terme joint-ill, d’ailleurs régulièrement utilisé pour décrire les polyarthrites chez les agneaux, englobe différents agents pathogènes.
Il ne fait également aucun doute qu’un grand nombre de bactéries peuvent être à l’origine d’arthrites, particulièrement lorsqu’elles sont associées à l’apparition d’une septicémie (voir tableau).
Ainsi, Corynebacterium pyogenes peut provoquer, chez les caprins et les ovins adultes, des fièvres importantes associées à des malaises et à des gonflements articulaires juste après un stress important, comme la vente ou la présentation à des expositions (A.D. Scott, 1983). Dans ces situations, il est recommandé d’utiliser au plus vite une antibiothérapie ciblée afin de limiter l’infection.
D’autres affections systémiques peuvent aussi être à l’origine d’arthrites chez les ovins, même si la localisation podale de l’affection n’est pas sa manifestation clinique la plus évidente et la plus problématique pour l’animal. Citons par exemple :
→ l’agalaxie contagieuse : Mycoplasma agalactiae provoque une infection chronique à l’origine de malaises, d’anorexie et d’un syndrome fébrile. Cette affection se caractérise également par la présence de mammites et d’avortements, ainsi que par des kérato-conjonctivites et des arthrites. Ces dernières, formées par une accumulation de liquide synovial dans l’articulation, concernent principalement le carpe et le tarse (voir photo 2). Le traitement repose sur l’utilisation d’antibiotiques et la prophylaxie recommande des mesures d’hygiène strictes, ainsi que le recours à la vaccination qui permet de réduire l’incidence et la sévérité de l’affection, sans pour autant permettre son éradication.
→ le virus Maedi-Visna peut être à l’origine d’arthrites bilatérales des carpes. Relativement rares, mais sévères, elles provoquent peu de boiteries.
Voir aussi les symptômes, le diagnostic, le traitement et la prévention dans le prochain numéro.
→ Brugère-Picoux J. (2004) Maladies du mouton. Édition France Agricole. PP 246-249.
→ Kaneps A.J. (1996). Orthopedic conditions of small ruminants, llama, sheep, goat and deer. Vet. Clin. North Am. (Food Anim. Pract.) 12 (1) 211-231.
→ Reilly L.K. Baird A.N. et Pugh D.G. (2002). Chapter 9, Diseases of the Musculoskeletal System In: Pugh D.G. Sheep and goat medicine. Philadelphia : WB. Saunders. 223-254.
→ Scott A.D. (1983). Infectious causes of lameness proximal to the foot. Vet. Clin. North Am. (Food Anim. Pract.) 5 (3) 499-509.
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