IMMERSION DANS LE PLUS GRAND CENTRE AQUACOLE BRÉSILIEN - La Semaine Vétérinaire n° 1520 du 14/12/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1520 du 14/12/2012

Reportage

Auteur(s) : Cyril Parachini-Winter

L’Universidade Estadual Paulista (Unesp) est l’une des plus importantes universités brésiliennes. Créée en 1976 à partir d’instituts isolés de l’enseignement supérieur, elle compte désormais 32 unités réparties dans 23 villes de l’état de São Paulo. Parmi les quelque 169 cursus d’enseignement supérieur que proposent ces facultés, les possibilités de recherches et de formations en aquaculture se sont développées dans les années 80 avec la création du Centre d’aquaculture de l’Unesp (Caunesp) au sein de l’unité Julio de Mesquita Filho de Jaboticabal (à 350 km au nord de São Paulo).

Un centre polyvalent en pleine expansion

Né dans une logique d’unification des différents secteurs et services de recherche liés à la production et à la pathologie aquacole, le Caunesp de Jaboticabal est aujourd’hui l’un des centres qui affichent le plus fort développement au Brésil. Localisé au nord-est de São Paulo, il s’étend sur 44 595 m2 et regroupe 39 chercheurs, 38 doctorants et 114 élèves en formation. Bien que le centre de Jaboticabal soit le siège administratif, il existe d’autres Caunesp qui étudient également les espèces d’eau douce à Botucatu, Rio Claro, Bauru et São José do Rio Preto, ainsi qu’une annexe à Saint-Vincent, sur le littoral au nord de São Paulo, spécialisée en espèces marines. Les domaines de recherche de prédilection sont la production d’organismes aquatiques, la nutrition, l’économie et les processus technologiques aquacoles, ainsi que la biologie et le management des écosystèmes aquatiques naturels. Les principaux fonds sont issus du ministère des Sciences et de la Technologie (MST), ainsi que de la Fundação de Amparo e Pesquisa do Estado de São Paulo (Fapesp) qui reçoit 1 % des impôts totaux de l’état, et en reverse 1 % aux universités publiques.

Un pôle majeur pour la production de poissons d’eau douce

Le service de reproduction du Caunesp travaille sur l’optimisation de la production de poissons d’eau douce dits Trigredores, c’est-à-dire « qui nagent dans les cours d’eau à contre-courant ». Parmi les nombreuses espèces, citons le corimba, le tambaqui ou encore le pintado. Leur période de reproduction commence en novembre pour s’achever aux alentours du mois de janvier. Au cours de cette période, l’apparition des chaleurs chez la femelle se traduit par un orifice vaginal sanguinolent, un abdomen gonflé et, visibles à la loupe binoculaire, des ovocytes dont le noyau migre à leur périphérie. Après une anesthésie à la benzocaïne, les femelles reçoivent une première injection à la base de la nageoire pectorale de 0,5 mg/kg de broyat d’hypophyse de carpe ou de luteinising hormone (hormone lutéinisante) purifiée pour favoriser la migration du noyau dans l’ovocyte, puis une deuxième injection 12 heures plus tard à la dose de 5 mg/kg du même produit pour induire l’ovulation. Les mâles, quant à eux, reçoivent une injection unique de 2 à 5 mg/kg de broyat d’hypophyse selon les espèces. Les ovocytes et le sperme sont récoltés en général 220 degrés minutes après la dernière injection.

Les ovocytes et la semence du mâle, récoltés par un massage transabdominal, seront mélangés par la suite dans une même bassine. L’ajout ultérieur d’eau à température ambiante enclenchera le processus de fécondation et aboutira à la production d’œufs. Dans des conditions artificielles d’élevage, les femelles ne pondent pas spontanément, et en l’absence de collecte, les œufs tombent au fond de la cavité utérine, leur irrigation s’interrompt. Ils pourrissent et mettent en jeu le pronostic vital de l’animal par saturation des capacités de détoxification hépatique ou des canaux déférents.

Les œufs récoltés, après avoir été placés dans un incubateur durant environ 24 heures, éclosent et laissent place à des petits munis de leurs sacs vitellins qui sera consommé en 4 à 5 jours, à la suite de quoi l’alimentation autonome commence. Ils sont finalement élevés en vivarium pendant 40 jours (les poissons sont plus faciles à vendre et à transporter quand ils sont encore petits). La consommation de poisson au Brésil reste faible, à 9 kg par habitant et par an. Elle n’atteint pas les recommandations de la Food and Agriculture Organisation (12 kg/habitant/an).

Les maladies des poissons d’ornement sont aussi étudiées

De nombreuses affections touchent les poissons d’ornement. Parmi elles, celle causée par Argulus spp, un ectoparasite qui se fixe sur la peau des poissons et qui se nourrit des déchets extracellulaires. Il provoque un prurit important, l’arrêt de la reproduction et ouvre une porte d’entrée à de nombreuses bactéries telles que les salmonelles. Les autres maladies retrouvées sont celles imputées aux trématodes de la famille des Gyrodactylidae, les acidoses, et les intoxications à l’ammoniac (souvent bien contrôlées par l’utilisation de filtres biologiques qui permettent de travailler en circuit fermé en n’ajoutant de l’eau que pour compenser l’évaporation).

Toutefois, un agent pathogène se démarque nettement par sa fréquence et ses effets sur les poissons d’ornement. Il s’agit d’un plathelminthe de la classe des Monogenea. Il entraîne un stoïcisme anormal des poissons qui se regroupent dans un coin du bassin et finissent par mourir les uns après les autres. Le traitement consiste en une vidange du bassin le matin jusqu’à ce qu’il ne reste que 100 l d’eau, auxquels sont ajoutés 50 ml de formol à 10 % pendant 30 minutes. L’eau est évacuée et le bassin rempli de nouveau. Une seconde vidange est effectuée dans l’après-midi et, dans les 100 l d’eau restants, 1 g de terramycine est incorporé pendant 30 minutes. Ce processus peut être réitéré 7 jours consécutifs. Les Monogenea sont des agents pathogènes sérieux pour le Brésil, 2e exportateur de poissons d’ornement d’Amérique latine et 18e mondial.

TILAPIA ET RÉVERSIONS SEXUELLES

Le tilapia du Nil, ou Oreochromis niloticus, est l’une des principales espèces élevées ou pêchées au Brésil pour sa chair, fort appréciée. Les mâles étant nettement mieux conformés pour la production de viande, des recherches ont abouti à l’établissement de protocoles efficaces pour la réversion sexuelle des femelles (plus de 98 % de mâles sont produits par cette méthode). Les œufs sont pondus par la femelle tout au long de l’année et ensemencés par les mâles, avant de maturer pendant 15 jours dans l’incubateur naturel qu’est la bouche de la femelle tilapia. Ils y sont récupérés deux fois par semaine et placés dans des incubateurs où ils éclosent en 3 à 4 jours. Après la consommation du sac vitellin commence une alimentation de 30 jours avec une ration complémentée à hauteur de 60 mg/kg en méthyltestostérone. Pour augmenter l’efficacité de ce traitement, l’eau est en permanence maintenue au-dessus de 28 °C (température qui, par expérience, favorise la production de mâles et ne demande guère d’efforts pour être atteinte tout au long de l’année). Les mâles se différencient rapidement par une taille supérieure, un abdomen rougeâtre et l’absence de réponse au bleu de méthylène (chez la femelle, le dépôt de ce produit sur le cloaque déclenche la ponte). Ils sont vendus à la fin de leur traitement hormonal (vers 30 à 35 jours) à des producteurs qui assurent leur élevage jusqu’à 6 mois puis leur abattage.

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