Le GTV Tunisie, un modèle pour de nouveaux projets au Maghreb

C’est en assistant au congrès annuel de la SNGTV que des confrères tunisiens ont souhaité créer une organisation technique équivalente à celle qui existe en France. « Nous avons décidé de suivre ce modèle extraordinaire pour apporter quelque chose de nouveau aux vétérinaires praticiens, qui sont peu nombreux dans notre pays, et pour donner de la valeur à leur profession », déclare Nejib Bouslema, le président du Groupement technique vétérinaire (GTV) Tunisie. Nos confrères tunisiens espèrent ainsi mettre au point une méthodologie de résolution des problématiques du praticien, dans le but d’améliorer ses prestations. « Nous souhaitons inciter les vétérinaires à participer aux conférences, dispensées jusqu’à présent par des universitaires, pour donner une réelle valeur pratique et de terrain aux formations, comme celles qui existent en France », ajoute-t-il.

Lorsque les praticiens tunisiens ont parlé de leur projet à Christophe Brard, le président de la SNGTV, ce dernier s’est dit prêt à réaliser des échanges d’expériences pour leur faire gagner du temps. Le laboratoire Ceva Santé animale Tunisie a servi de catalyseur en favorisant leur rencontre. « Nos confrères tunisiens ont immédiatement montré un grand intérêt et une forte motivation à créer un GTV Tunisie », se souvient Christophe Brard. À l’issue de plusieurs réunions pour évoquer les sujets à traiter, quatre commissions techniques ont été créées : bovins, santé publique vétérinaire, petits ruminants et médicaments vétérinaires. Un vote a permis d’élire les membres du bureau. « Je suis président pour des raisons réglementaires, mais je me considère comme un membre à part entière et nos décisions sont collégiales », précise Nejib Bouslema. Les praticiens sont peu nombreux, mais des vétérinaires du secteur public participent également aux actions du groupement. Le GTV est implanté à Tunis, dans la Grande maison du vétérinaire, qui regroupe la majorité des associations de la profession, mais les membres viennent de différentes régions, ce qui permet d’étendre l’information et l’action à l’ensemble du territoire.

D’autres GTV en projet au Maghreb

Chaque année, de plus en plus de délégations issues des pays du Maghreb se rendent aux sessions de formation en France. « Une quarantaine de confrères étaient présents aux dernières Journées nationales de la SNGTV en mai dernier à Nantes, ce qui montre que les praticiens de ces pays ont une grande attente », souligne Christophe Brard.

Notre confrère travaille depuis plusieurs années avec des praticiens marocains sur les statuts d’un GTV Maroc. Il espère que le projet pourra enfin aboutir. « Dès que le GTV Maroc sera créé, une journée sera organisée à Rabat pour le faire connaître. Des présentations de la SNGTV et du fonctionnement des GTV seront également au programme de cette journée, ainsi que des formations sur les volailles et les bovins,? par des intervenants français et marocains », précise notre confrère. De même, plusieurs contacts ont été pris avec des praticiens algériens. L’absence d’un Ordre des vétérinaires dans ce pays rend le projet plus difficile à mener, mais un intérêt certain lui est porté.

Une coopération positive entre le sud et le nord de la Méditerranée

« Cette coopération avec les pays du Maghreb offre des perspectives positives. Je crois au développement d’un axe vétérinaire entre le sud et le nord de la Méditerranée, ajoute Christophe Brard. Le partage d’expériences est un élément déterminant pour une meilleure maîtrise sanitaire dans un contexte de mondialisation des échanges et d’évolution climatique. Notre pays pourra ainsi bénéficier de l’expérience de nos confrères concernant les maladies émergentes et leur façon de les appréhender. Ils pourront être invités à intervenir sur ces thèmes lors des congrès de la SNGTV ou à rédiger des articles dans le Bulletin des GTV. À l’inverse, des formateurs français auront la possibilité d’aller animer des formations sur des sujets choisis par les praticiens locaux. Des actions techniques pourraient également être menées dans les différentes filières de production. La mise en œuvre et l’évaluation de l’efficacité de protocoles de vaccination, selon des référentiels conçus en partenariat pour les bovins importés au Maghreb depuis la France et destinés à l’engraissement, ont ainsi été évoquées. Enfin, les échanges de stages pour les vétérinaires et la mobilité des étudiants seront facilités, pour un partage des connaissances et des méthodes de travail. »