Michel Baussier annonce les perspectives de l’année 2013 - La Semaine Vétérinaire n° 1522 du 11/01/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1522 du 11/01/2013

Vœux du président du CSO

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Auteur(s) : Marine Neveux

Michel Baussier, président du Conseil supérieur de l’Ordre des vétérinaires, a présenté ses vœux à l’occasion d’une réunion désormais ritualisée, avec les représentants de la profession et les acteurs associés à celle-ci.

Michel Baussier avait annoncé une année 2012 animée, elle l’a été ! « La question première pour nous est celle de l’utilité réelle de vétérinaires dans notre monde, notamment aujourd’hui en France. Je veux revenir aussi sur le diagnostic vétérinaire qui est en réalité au cœur du métier et, du coup, au cœur de beaucoup de débats. » En effet, les orientations réglementaires de l’an passé n’ont pas toujours été rassurantes pour les confrères.

Profession : réaffirmer son rôle en santé

En 2012, les travaux sur la directive relative aux qualifications professionnelles se sont poursuivis. « Elle devrait voir le jour en 2013, modifiant en la modernisant la directive 2005-36 », a indiqué Michel Baussier. Son souhait est de tirer bien davantage vers le haut le niveau des vétérinaires européens, même si les débats parlementaires n’ont pas encore eu lieu et qu’il existe un risque de ne pas être suffisamment entendus. Il formule même le vœu qu’en 2013, cette directive « soit l’occasion de réaffirmer haut et fort que les vétérinaires d’Europe forment une profession de santé animale et de santé publique, en un mot une profession de santé, neutralisant par là certains effets délétères de la sinistre directive “services” ».

Enseignement : davantage de synergies

Abordant l’enseignement vétérinaire et en présence des quatre directeurs des ENV, le président de l’Ordre a souhaité un rapprochement des écoles encore plus marqué, « pour coordonner et mutualiser des moyens, faire ainsi des économies d’échelle et développer, au-delà des disciplines scientifiques et cliniques, certains enseignements comme celui des notions de base du droit professionnel ». En outre, un groupe de travail s’est consacré en 2012 au stage tutoré. « Il conviendra d’en concrétiser les travaux cette année. »

Michel Baussier a également salué la dynamique du diplôme interécoles (DIE) d’apiculture et de pathologie apicole, « ce qui fera mentir désormais tous ceux qui persisteraient à dire que les vétérinaires ne s’intéressent pas aux abeilles ». C’est pour lui « la démonstration, au-delà des prises de conscience individuelles, que la biodiversité et les préoccupations environnementales sont devenues, dans nos pays, la préoccupation des vétérinaires ».

Formation : une offre qui s’étoffe

Concernant la formation continue, le président de l’Ordre estime que « c’est aussi un marché, que les vétérinaires de France auront sans doute du mal à maintenir dans un cadre associatif confraternel, à l’heure où tout ce qui peut faire de l’argent est bon, quels que soient parfois les moyens de promotion employés. (…) Je fais partie de ceux qui ne désespèrent pas de voir le petit vétérinaire dénommé David triompher contre tous ces Goliaths qui viennent effrontément l’agresser, avec pour seule force l’arrogance de leur argent ». N’oublions pas cependant que l’associatif a également besoin des financements privés pour vivre, donc « d’argent ». Et l’ouverture à la concurrence a cet avantage d’assainir le marché au bénéfice de ses utilisateurs, les vétérinaires. En outre, d’autres professions ont déjà résolu cette question éthique et cadré la formation privée.

Sociétés : des montages à suivre

Fin décembre, le décret sur les sociétés de participation financière de professions libérales (SPFPL) est paru : « Ces sociétés, qui pourront constituer un vrai outil d’optimisation des entreprises vétérinaires, ne sont pas pour autant un objectif, il ne s’agit pas de les créer pour satisfaire à une nouvelle mode ! » Le président du CSO estime qu’au cours de 2012, « dans le cadre de la mise en application, pas toujours bien inspirée quant à l’éthique professionnelle, de cette déjà bien vieille connaissance qu’est la directive “services”, on a vu de la même manière des montages plus capitalistiques que réellement entrepreneuriaux voir le jour, dans le cadre de ce qu’il faut bien appeler une nouvelle exploitation de l’homme par l’homme ». Son message en appelle à l’éthique : « Je crois à l’argent juste en tant qu’il résulte du travail et du mérite, et non de la spéculation sur le travail des autres. Que les spéculateurs soient vétérinaires astreints au respect d’un Code de déontologie n’enlève rien à l’immoralité de certaines situations. »

Acte vétérinaire : des crispations

Des ordonnances législatives avaient marqué l’évolution de l’acte vétérinaire en 2011. Des décrets d’application étaient attendus en 2012, mais plusieurs ont tardé et font toujours l’objet de débats. L’ostéopathie est notamment une réelle problématique : « Les débats se prolongent inutilement, du fait de ce qui me paraît ici une carence de l’État, et donnent à toutes sortes de lobbies les occasions répétées et lassantes de leurs tentatives variées d’influence. » La discorde ressurgit rapidement via les tiers, mais aussi au sein même de notre profession. « Faisons attention aux régressions, ne permettons pas le retour sournois des obscurantismes, ni la réinstallation de l’empirisme que nos grands anciens avaient su éradiquer. Nous pouvons et devons être ouverts à toutes les thérapeutiques, mais seulement dès lors que leurs auteurs ou promoteurs sont acquis à l’idée d’y introduire de la recherche scientifique, afin de les fonder à terme, non point sur la réputation de gourous, mais sur les preuves », a martelé Michel Baussier. Il formule alors le vœu qu’« en 2013, il faut en finir avec les décrets d’application des textes sur l’acte vétérinaire ». « Dans le même temps, au sein de la profession vétérinaire, l’Ordre peut constituer un espace d’échanges et de réflexion sur diverses médecines complémentaires, comme la physiothérapie animale. »

Médicament : améliorer les pratiques

Au niveau de l’Union européenne, une directive sur le médicament vétérinaire est en préparation. En France, cette année, il s’agira surtout d’élaborer le plan national de réduction des risques d’antibiorésistance en médecine vétérinaire, a reconnu le président de l’Ordre. Sans aborder directement la question d’un éventuel découplage, il a rappelé sa gestion, au début de l’année passée, de la mission de concertation confiée par le ministre de l’époque, Bruno Le Maire. Il a aussi mis en exergue le tour de France en région sur le médicament réalisé par l’Ordre pour « aller à la rencontre directe d’environ un prescripteur sur sept, dire aux 2 000 vétérinaires de France venus à la rencontre de leur président national qu’ils ne devaient pas gâcher une grande compétence et une expertise reconnue par trop de non-conformités reprochées, qu’ils pouvaient – s’ils le voulaient – facilement et rapidement améliorer leurs pratiques, qu’ils devaient le faire ». En outre, un organe de réflexion collégiale sur l’éthique du prescripteur a commencé ses travaux, « lesquels monteront assurément en puissance au cours de l’année ».

L’Ordre a signé avec Alain Delgutte, président du Conseil central de l’Ordre des pharmaciens d’officine, fin octobre, une déclaration commune relative aux obligations respectives des vétérinaires et des pharmaciens. « Cet acte symbolique a une vocation pédagogique au sein de nos professions respectives. Il a d’ailleurs un autre objectif : constituer le point de départ d’autres actions de concertation entre nos deux Ordres qui sont faits pour collaborer en parfaite entente, ce qu’ils font intensément depuis plusieurs mois. » Une démarche qui rejoint celle des syndicats professionnels vétérinaires et agricoles : « Nous nous associerons prochainement pour travailler avec la même volonté d’être constructifs au service tant de l’élevage que de la santé publique, sur les programmes sanitaires d’élevage, afin de proposer une future réglementation de la prescription et de la délivrance, spécifique de ce cas de figure. »

Le débat de l’année 2013 sur le médicament a été ouvert par le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, qui a fait le choix de l’inscrire dans la loi agricole d’avenir. « Il s’agira de ne pas oublier les vrais objectifs qui sont la bonne utilisation des médicaments, des antibiotiques au premier chef, sans forcément négliger les autres à l’endroit desquels des résistances sont susceptibles de se développer. Le plus souvent en utiliser moins, toujours les utiliser mieux. »

Et de poursuivre : « Pourquoi les autorités ne feraient plus confiance aujourd’hui à la profession responsable et courageuse qu’elles ont toujours trouvée pendant un demi-siècle quand il s’est agi de lutter contre la tuberculose, la brucellose et bien d’autres maladies ? Je vous le dis, les vétérinaires de France, parce qu’ils ont le sens éthique de leurs responsabilités, vont réussir et pourraient même étonner. »

Vers une vraie réforme de l’Ordre

En 2012, l’Ordre a lancé une réflexion sur la refonte de son organisation. Ce sujet est encore d’actualité pour son président : « Il m’apparaît encore utile, notamment dès lors qu’ici ou là des interrogations ou des contestations, tel un serpent de mer, bien français celui-là, ont pu ressurgir, de rappeler ce qu’est un Ordre professionnel, quelles sont ses missions et, en particulier, celles de l’Ordre des vétérinaires. » Notre confrère estime en effet que « l’heure n’est plus, à l’ombre des clochers de nos villages français, au dénigrement inculte et stérile ». D’ailleurs, un colloque sur les Ordres professionnels se tiendra cette année à Paris, sous l’impulsion de la nouvelle présidente du Comité de liaison des institutions ordinales (Clio), Isabelle Adenot, également à la tête du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens. Il s’agit d’expliquer pourquoi certaines professions sont organisées en institutions ordinales.

« J’appelle de mes vœux, comme je l’avais déjà fait l’an dernier, une vraie réforme législative de notre Ordre », a conclu Michel Baussier.

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