Formation
NAC
Auteur(s) : Julien Goin
Fonctions : assistant hospitalier du service AEI d’Oniris (Nantes)
La structure générale de l’œil du lapin est proche de celle des carnivores domestiques (cornée, chambre antérieure, iris, cristallin, vitré, rétine, uvée). Cet œil est caractérisé par un globe oculaire proéminent et une cornée étendue, qui représente environ 25 % de la surface totale de ce dernier. L’iris est fréquemment marron, mais il peut être bleu, rouge (chez les albinos), hétérochrome, etc. L’appareil lacrymal comporte une glande de Harder bilobée sous la base de la membrane nictitante et un canal lacrymal. Ce dernier prend naissance au niveau d’un orifice situé dans le canthus médial. Son trajet est proche anatomiquement des racines des prémolaires et des incisives supérieures, et débouche au niveau du nez. Les sinus veineux rétrobulbaires sont développés chez le lapin.
Les affections oculaires sont fréquentes dans cette espèce. Les causes infectieuses, notamment bactériennes, sont prédominantes. Comme chez les carnivores domestiques, la sémiologie joue une part importante dans le diagnostic.
Les blépharites du lapin peuvent être d’origine bactérienne (pyodermite, syphilis), fongique (dermatophytose), virale (myxomatose), parasitaire (gale, pseudogale, trombiculose) ou traumatique (piqûre d’insecte, griffure, morsure). Les symptômes sont un œdème et/ou un érythème palpébral, ainsi que des signes cutanés lors de blépharite bactérienne, fongique ou parasitaire (par exemple des lésions croûteuses et vésiculaires lors de syphilis, une dépilation en cas de dermatophytose, etc., voir photos 1 et 2).
Les conjonctivites du lapin sont d’origine allergique ou irritative (courant d’air, mauvaise hygiène de la cage, désinfectant mal rincé, litière ou foin de mauvaise qualité), traumatique (griffure, morsure, corps étranger), bactérienne (par exemple Bordetella bronchiseptica, Chlamydophila spp., Pasteurella multocida, Staphylococcus aureus, Streptococcus pneumoniae) ou virale (myxomatose). Les signes cliniques sont un blépharospasme, une rougeur conjonctivale et un écoulement clair ou purulent. La pasteurellose et la myxomatose sous sa forme respiratoire peuvent se traduire par une conjonctivite et une rhinite purulentes, associées à une atteinte fréquente de l’état général (voir photos 3 et 4).
La dacryocystite du lapin est généralement secondaire à une infection dentaire (Actinomyces spp., Arkanobacterium spp., Fusobacterium spp., Peptostreptococcus spp., Prevotella spp., Streptococcus spp.) en raison de la proximité anatomique entre le canal lacrymal et les racines des incisives et des prémolaires supérieures. Le signe clinique principal est un écoulement clair ou purulent, qui prend naissance au niveau du canthus médial, souillant les poils et susceptible d’entraîner une pyodermite. Cet écoulement peut être objectivé via une pression exercée au niveau de l’orifice lacrymal. Dans les cas les plus avancés, le canal présente parfois une obstruction due à une fibrose (décelable par un test à la fluorescéine) ou à une fistule qui se vidange au niveau de la joue. Le diagnostic repose sur la réalisation d’une dacryocystographie de contraste. Sous anesthésie générale, le canal lacrymal est cathétérisé, un produit de contraste injecté et une radiographie pratiquée, mettant en évidence son obstruction et sa dilatation. Un examen dentaire est indiqué lors de tout écoulement oculaire unilatéral (voir photo 5).
Les kératites et les ulcères du lapin sont soit d’origine traumatique (griffure, corps étranger de type copeau ou épillet) ou infectieuse (par exemple Pseudomonas aeruginosa à collagénases, Pasteurella multocida, Staphylococcus aureus), soit secondaires à un recouvrement palpébral insuffisant (voir la kérato-conjonctivite sèche ci-contre). Les signes cliniques de la kératite sont une inflammation et un œdème cornéens, ceux de l’ulcère, un blépharospasme (œil douloureux), un écoulement oculaire et une perte de substance cornéenne qui peut être mise en évidence via un test à la fluorescéine. Les ulcères profonds à collagénases ont une tendance à l’abcédation et sont caractérisés par la présence d’un magma purulent blanchâtre.
La kérato-conjonctivite sèche du lapin est généralement secondaire à un recouvrement palpébral insuffisant, consécutif à une exophtalmie ou à une paralysie faciale (présente dans certains cas de syndrome vestibulaire). Les signes cliniques sont une cornée sèche (test de Schirmer nul) avec une ulcération secondaire (test à la fluorescéine positif, voir photo 6).
Les uvéites du lapin sont d’origine infectieuse (extension locale d’une infection de type pasteurellose, septicémie), parasitaire (encéphalitozoonose) ou traumatique. Les signes cliniques sont une inflammation diffuse de l’œil, une rougeur épisclérale, un blépharospasme (œil douloureux) et, éventuellement, un œdème cornéen. La présence d’un hypopion, d’un abcès dans la chambre antérieure ou à proximité de l’iris constitue le signe d’appel d’une uvéite, notamment à Pasteurella multocida (voir photos 7 et 8).
Les cataractes du lapin sont d’origine congénitale, juvénile, sénile, métabolique ou parasitaire (encéphalitozoonose, avec rupture de la capsule du cristallin). Le signe clinique principal est une opacification du cristallin, unilatérale ou bilatérale, susceptible d’entraîner une perte de vision, voire une cécité.
L’exophtalmie est soit d’origine infectieuse (un abcès dentaire rétrobulbaire est la cause la plus fréquente) ou tumorale (lymphome orbitaire, thymome médiastinal), soit secondaire à une mucocèle zygomatique. Une exophtalmie bilatérale est le signe d’appel du syndrome veine cave craniale : une masse médiastinale (généralement un thymome) entraîne la compression de la veine cave craniale et, dans un second temps, la dilatation des sinus veineux rétrobulbaires. Le signe clinique principal est une protrusion de l’œil, à l’origine d’une kérato-conjonctivite sèche. La luxation et la rupture du globe oculaire sont, quant à elles, généralement consécutives à un traumatisme violent (chute, morsure).
D’autres maladies existent chez le lapin (luxation de la glande de Harder, syndrome occlusif cornéen, dystrophies cornéennes, glaucome, chalazion, tumeurs, etc.), mais elles sont plus rares.
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