Le renard joue un rôle minime dans la transmission de la néosporose - La Semaine Vétérinaire n° 1523 du 18/01/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1523 du 18/01/2013

Neospora caninum

Actu

SANTÉ ANIMALE

Auteur(s) : Grégoire Kuntz

Fonctions : Groupe “faune sauvage” du GDS 35.

Le renard est fréquemment incriminé par les éleveurs pour son rôle dans la transmission de N. caninum à leurs bovins. Une étude, menée en Bretagne, vient tordre le cou à cette croyance.

Le cycle parasitaire de Neospora caninum est partiellement connu. Le chien, l’hôte définitif, se contamine en mangeant des placentas ou des avortons de vaches parasitées. Il excrète ensuite, pendant quelques jours à plusieurs semaines, des oocystes dans ses fèces. La vache est parasitée en ingérant des aliments souillés et avorte dans 80 % des cas environ. Si la gestation arrive à son terme, le risque de transmission au fœtus est de 80 à 90 %. La descendance peut avorter à son tour ou transmettre le parasite.

Le cycle au sein de la faune sauvage est mal connu et probablement complexe. Des anticorps ont en effet été retrouvés chez le rat, le sanglier, mais aussi le dauphin… En France, le renard roux (Vulpes vulpes) est pointé du doigt, malgré les réserves scientifiques. Le Groupement de défense sanitaire (GDS) d’Ille-et-Vilaine a voulu connaître la séroprévalence chez cette espèce.

Méthode et résultats de l’étude

Des prises de sang ont été réalisées chez les renards capturés dans le cadre de l’étude de l’échinococcose par l’Entente rage et zoonoses d’Ille-et-Vilaine. Ces prélèvements ont été répartis selon un quadrat systématique sur le département au cours de l’année 2012. Ils étaient organisés par la Fédération nationale des chasseurs et la FeVildec départementale, spécialisée dans la lutte contre les nuisibles, pour le compte du GDS 35.

Après la capture et l’abattage des renards, du sang est prélevé sur tube sec dans la cavité cardiaque après l’incision de la cage thoracique.

Les analyses sérologiques sont réalisées par méthode Elisa (détection des anticorps spécifiques N. caninum). Bien que non calibrée spécifiquement pour le renard, la technique est validée pour des échantillons de sérum, de plasma et de lait chez d’autres espèces (bovins, ovins, caprins et chiens). Les seuils retenus sont les suivants : prélèvement négatif si le résultat est inférieur ou égal à 40 %, douteux s’il est compris entre 40 et 50 %, positif s’il est supérieur ou égal à 50 %.

Sur les 83 renards prélevés selon une répartition homogène dans le département, 74 sérums ont pu être analysés (neuf étaient hémolysés). Tous se sont révélés négatifs (un échantillon a réagi plus que les autres, tout en restant en dessous du seuil).

L’excrétion de N. caninum par le renard non démontrée

Seuls 10 % des bovins contaminés le sont par voie horizontale. Le rôle du chien dans cette voie de transmission est démontré. L’éventuel rôle d’un autre hôte définitif ne concerne donc qu’une faible proportion d’animaux. Selon l’état des connaissances actuelles, le renard est susceptible d’être sensible à la maladie. Cependant, des recherches dans les fèces de nombreux individus sauvages n’ont révélé aucun oocyste ou, dans de rares cas, des oocystes non spécifiquement identifiés comme Neospora caninum.

Par ailleurs, des renards captifs nourris avec de la viande parasitée n’ont pas excrété d’oocystes. Certains travaux tendent à montrer un lien épidémiologique entre les bovins et les renards, sans conclure sur l’implication de ces derniers. Les résultats de l’étude menée par le GDS 35 révèlent l’absence de trace d’infestation par le parasite chez le renard. Aucune étude n’apporte donc la preuve du rôle d’hôte définitif de Neospora caninum joué par le renard roux.

Tordre le cou au mythe de “la maladie du renard”

Pourtant, de nombreux éleveurs négligent l’assainissement et se focalisent sur le renard. Or les battues et les piégeages ponctuels sont inefficaces pour réguler la population. Ils laissent la place à de jeunes renards attirés notamment par les placentas abandonnés. Si l’espèce vulpine était un hôte définitif et si ces délivres étaient contaminées, cela ne ferait qu’entretenir le cycle. Les vétérinaires doivent ainsi adopter un discours objectif, tordre le cou au mythe de “la maladie du renard” et bien conseiller les éleveurs. N’ayant ni traitement ni vaccin à leur disposition, les moyens de lutte sont la réforme des vaches séropositives, le croisement, et la destruction des placentas.

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