Entre nous
VOUS AVEZ LA PAROLE
Auteur(s) : MARC ARTOIS
Fonctions : PROFESSEUR À VETAGRO SUP
Notre confrère revient sur le feuilleton sanitaire concernant les éléphants captifs atteints de tuberculose et répond aux questions qui se posent.
Les mycobactéries tuberculeuses peuvent passer de l’homme à l’animal et sont, à ce titre, des zoonoses. Aujourd’hui en France, la tuberculose “zoonose” a un faible impact sur les statistiques de santé publique. En revanche, la menace pour la santé du personnel chargé des soins aux animaux est loin d’être négligeable. L’exposition du public est théoriquement possible. À ce titre, les divers groupes d’experts européens ou américains recommandent une évaluation annuelle du statut sanitaire des éléphants captifs.
Rappelons que la tuberculose identifiée chez l’éléphante Java, morte en août 2012, est due à Mycobacterium tuberculosis, l’agent de la tuberculose humaine. Il s’agit d’un danger sanitaire de première catégorie (ex-maladie animale réputée contagieuse).
Lorsque des individus, suspectés d’être atteints de tuberculose, ne développent pas de signes cliniques, le dépistage repose sur la recherche de marqueurs de la réaction immunitaire, voire sur l’identification de la mycobactérie excrétée par l’organe qui présente une lésion ouverte. Chez l’éléphant, des recommandations d’experts1 permettent de conduire ce dépistage. Les tests utilisés chez d’autres espèces, comme l’intradermo-réaction, sont inefficaces ou ne sont pas commercialisés (dosage de l’interféron γ).
Les tests immunologiques disponibles sont les suivants :
– l’elephant rapid test (ERT)2, qui repose sur la détection d’anticorps par immuno-chromatographie ;
– le dual path plateform (DDP)3, dont le principe est voisin du test précédent, mais plus spécifique : des antigènes de mycobactéries tuberculeuses, déposés sur des bandes de nitrocellulose, réagissent au contact des anticorps du sérum des éléphants à tester ;
– un test enzyme linked immuno-assay (Elisa) qui permet de visualiser le complexe formé par les anticorps circulants et une sélection d’antigènes mycobactériens.
Dans un avis de 2011, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) suggère qu’une « séropositivité ne doit pas conduire automatiquement à la conclusion que l’animal est infecté et excréteur, mais doit élever le niveau d’attention et conduire à réaliser des tests directs d’identification de M. bovis et M. tuberculosis ». Cela a pu être effectué sur Java après l’autopsie, en 2012, mais pas sur Baby et Népal.
Le test de certitude repose sur un lavage de trompe (Usaha, 2012). Du liquide de rinçage est recueilli par expectoration et transmis au laboratoire de référence de l’Anses, pour une polymerase chain reaction (PCR) et une mise en culture. S’il est négatif, ce dépistage est à renouveler fréquemment. Le lavage de trompe manque toutefois considérablement de sensibilité : les résultats peuvent être négatifs chez des animaux infectés.
Le Code de la santé publique réserve l’usage des antibiotiques efficaces contre les mycobactéries tuberculeuses à des prescriptions restreintes à l’homme, en réserve hospitalière, et sous le contrôle d’un médecin prescripteur.
Cette option est complexe et ne peut se dérouler que dans des locaux dont les infrastructures sont adaptées. Le traitement doit être accompagné d’un suivi de la métabolisation des antibiotiques et de leur efficacité (durée minimale de neuf mois). Comme les molécules antibiotiques utilisées ont des effets toxiques, il est indispensable de suivre leur impact sur les paramètres biochimiques des éléphants traités.
Une telle disposition n’est pas réglementaire, mais permettrait de confirmer l’infection. En revanche, le caractère indemne des animaux ayant vécu à proximité d’un congénère infecté sera plus difficile à établir. Cela nécessitera une surveillance des marqueurs d’infection tout au long de leur vie, avec un risque considérable d’exposition des soigneurs à l’infection avant que la contagiosité de l’animal ne soit établie (comme ce fut le cas au sanctuaire des éléphants du Tennessee où une éléphante atteinte de tuberculose avait contaminé huit personnes).
1 Transmissible Diseases Handbook, 4th edition, EAZWV (http://www.eaza.net/activities/Pages/Transmissible%20Diseases%20Handbook.aspx), chapter 10.
2 Elephant TB Stat-PAK® Assay, Chembio Diagnostics.
3 Également réalisé par Vétosphère à Créteil.
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