L’apiculture à hauteur d’abeille

« Si l’abeille disparaissait du globe, l’homme n’aurait plus que quatre ans à vivre. » Attribuée un peu vite à Einstein, cette affirmation a le mérite de rappeler que les abeilles pollinisent les trois quarts des cultures qui nous nourrissent. Le péril est réel. Depuis des années, ces insectes meurent de manière massive. Comme les précédents documentaires¹ (souvent alarmistes) qui questionnent ce « syndrome d’effondrement » des colonies, Des Abeilles et des hommes pointe la multiplicité des causes et leur dénominateur commun : l’être humain. Mais contrairement aux films journalistiques en quête de réponses toutes faites, le réalisateur Markus Imhoof, dans son tour du monde², s’attache plus subtilement à révéler l’ambiguïté de notre relation actuelle aux abeilles.

Ce sont elles les vraies protagonistes du film. Nous pénétrons dans la lumière dorée de la ruche où des ouvrières s’affairent autour de la jeune reine. Nous suivons son incroyable vol nuptial. Images époustouflantes et bien réelles³ d’abeilles à taille humaine, qui manifestent une présence insoupçonnée et touchante. De ce mélange des échelles, le film nourrit sa réflexion. Contre notre interventionnisme débridé et dévastateur, l’espoir pourrait bien venir des abeilles. À condition que nous ayons l’intelligence de mieux voir celle qui est réunie dans une simple ruche, où personne ne donne d’ordre et tout le monde obéit.

Des Abeilles et des hommes de Markus Imhoof (Suisse), voix off de Charles Berling, 1 h 32. Sortie le 20 février 2013, première à 20 h à l’UGC Bercy en présence du réalisateur et du ministre de l’Agriculture. Bande annonce sur http://alimentation.gouv.fr/ des-abeilles-et-des-hommes-film

• 1 Disparition des abeilles, la fin d’un mystère (2009), Le Mystère de la disparition des abeilles (2010).

• 2 De l’apiculture traditionnelle à l’industrielle, de la Californie (qui produit 80 % des amandes de la planète grâce aux abeilles) à la Chine (où leur disparition contraint à polliniser manuellement les fruitiers).

• 3 Grâce aux techniques macroscopiques (objectifs endoscopiques, prises de vue de 70 à 300 images/seconde), à des hélicoptères téléguidés et quelques phéromones.