Les trois quarts des éleveurs de bovins ne déclareraient pas les avortements - La Semaine Vétérinaire n° 1527 du 15/02/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1527 du 15/02/2013

Formation

BOVINS

Auteur(s) : Anne Bronner*, Lorenza Richard**

Fonctions :
*unité épidémiologie de l’Anses-Lyon (Rhône). Article tiré d’une conférence présentée lors de la journée nationale technique organisée par les GDS et la SNGTV, le 11 janvier 2013 à Paris.

Deux études menées par l’unité épidémiologie de l’Anses-Lyon ont montré que le dispositif de déclaration obligatoire des avortements en élevage de bovins était peu sensible et non représentatif, et appliqué de manière variable en fonction des éleveurs et des vétérinaires.

En effet, alors que l’objectif principal de ce dispositif est de détecter précocement un foyer de brucellose, sa sensibilité ne serait que de 25 %. C’est-à-dire qu’il ne permettrait d’identifier qu’un élevage sur quatre dans lequel au moins un avortement a été détecté.

Une forte sous-déclaration, surtout en élevage allaitant

Une première étude a eu pour objectif d’étudier la sensibilité et la représentativité du dispositif au cours de différentes périodes. L’analyse a été conduite durant la campagne de reproduction 2010-2011 dans 78 départements, puis au cours de cinq campagnes de reproduction entre 2006 et 2011 dans 37 départements.

Lors de la campagne 2010-2011, un avortement a été déclaré dans 16 % des élevages, en moyenne. La proportion d’exploitants laitiers déclarants est trois fois supérieure à celle des allaitants. La modélisation statistique a permis d’estimer que près de 60 % des éleveurs de bovins auraient détecté au moins un avortement durant cette campagne, et qu’ils étaient donc concernés par le dispositif. Parmi ces derniers, 73 % n’auraient pas déclaré d’avortements, alors qu’ils étaient dans l’obligation de le faire.

Entre 2006 et 2011, la sensibilité du dispositif a été supérieure sur la campagne 2007-2008, par rapport à celle de 2008-2009. Cependant, la proportion d’éleveurs ayant détecté des avortements était plus élevée durant cette seconde période. Il est possible qu’ils aient été sensibilisés à la déclaration des avortements, en 2007-2008, par la visite sanitaire bovine (VSB) et l’épisode de fièvre catarrhale ovine (FCO). Au cours de la campagne suivante, alors que le nombre de foyers de FCO était maximal, il semble qu’il y ait eu une démotivation des producteurs à participer au dispositif, qui s’est maintenue par la suite.

Rôle du diagnostic différentiel dans le choix de déclarer

Une seconde étude a été menée en 2012 auprès de douze éleveurs et de huit vétérinaires sanitaires, afin d’identifier et de comprendre les freins et les motivations à la déclaration des avortements.

Dans de nombreux cas, l’avortement sporadique est reconnu comme un phénomène normal et accepté, alors que la réglementation indique que tout avortement doit être considéré comme une suspicion de brucellose. Les contraintes pratiques expliquent, pour partie, l’existence d’une sous-déclaration, plus importante pour les éleveurs allaitants que pour les laitiers. La difficulté de détection des avortements précoces ou survenant en pâture constitue un frein à la déclaration. Cela d’autant plus que les retours en chaleur ne sont pas considérés comme des avortements. La visite du vétérinaire peut être perçue comme contraignante, car elle nécessite la contention de la femelle ayant avorté, et la disponibilité conjointe de l’éleveur et du praticien.

Les vétérinaires participent au dispositif pour des motifs réglementaires et/ou sanitaires, et certains déclarent des avortements seulement si un diagnostic différentiel est mis en place. Mais le faible taux d’élucidation des causes d’avortement peut en démotiver certains pour proposer une démarche de diagnostic différentiel. De plus, ils souhaiteraient un appui technique dans ce domaine, ainsi qu’un réel retour d’informations. Enfin, l’absence d’identification étiologique lors d’un épisode abortif peut conduire des éleveurs à ne plus contacter leur vétérinaire.

Un dialogue indispensable entre les praticiens et les éleveurs

La mise en place d’un protocole de diagnostic différentiel, harmonisé et validé au niveau national, permettrait d’appuyer les praticiens dans leurs démarches et, indirectement, d’améliorer la participation des acteurs au dispositif de déclaration des avortements.

Les vétérinaires ont un double rôle, au niveau de la mise en place du diagnostic différentiel et de l’information des éleveurs.

En effet, ceux-ci connaissent rarement les maladies recherchées, certains pensent que l’absence de résultat positif à la suite d’un dépistage signe l’absence de maladies au sens général. L’information écrite apparaît rarement lue et/ou retenue, et la communication orale semble devoir être privilégiée. Le vétérinaire a un rôle à jouer dans l’information des éleveurs sur les maladies recherchées, sur les avantages du dispositif, mais également sur les limites du diagnostic différentiel.

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