Protéines animales : feu vert pour les poissons

En pleine “crise de foi” alimentaire des consommateurs à la suite du scandale de la viande de cheval, Bruxelles a annoncé, le 14 février dernier, que les poissons d’élevage pourront être nourris avec des protéines animales transformées (PAT)¹ de porcs et de volailles. Approuvée par le comité permanent de la chaîne alimentaire de la Commission européenne en juillet dernier, cette mesure pourra être appliquée dès le 1^er juin prochain. « Elle améliorera la durabilité à long terme de l’aquaculture », a indiqué la Commission. Les protéines animales transformées de volailles pourraient également être utilisées pour l’alimentation des porcs, et inversement. Mais, selon un porte-parole de l’exécutif communautaire, cette autorisation ne devrait pas intervenir avant 2014.

La position française pas vraiment claire

Quelle est la position de la France sur ce sujet ? La réponse n’est pas bien claire pour l’instant. Le ministre de l’Agro-alimentaire, Guillaume Garot, a déclaré sur France Info que « la France s’était prononcée contre cette disposition européenne », tout en rappelant que « la disposition de Bruxelles ne rendait “heureusement” pas obligatoire les PAT ». Il a appelé les industriels du secteur à la « responsabilité ». La ministre de l’Écologie, Delphine Batho, a précisé sur la radio de la communauté juive (RCJ)? qu’elle militait pour qu’« un label “nourris sans PAT” voit le jour ». Stéphane le Foll, lors de l’émission du Grand Jury sur RTL, a assuré : « Nous allons nous organiser ».

Dans un avis de 2011², l’Agence nationale de sécurité sani­taire (Anses) considérait pour sa part que les conditions n’étaient pas totalement réunies pour la réintroduction des PAT dans l’alimentation des non-ruminants. Selon l’agence, « la spécialisation des filières par espèce, depuis la collecte des sous-produits animaux servant à la fabrication des PAT jusqu’à la livraison des aliments composés dans les exploitations, demeure incomplète et les méthodes analytiques de contrôle de l’espèce d’origine des protéines animales ne sont pas encore disponibles ».

• 1 Les PAT sont des sous-produits issus d’animaux sains, mais qui n’entrent pas dans la chaîne alimentaire humaine pour des raisons d’aspect visuel ou parce que non nobles (peau, phanères, tendons, graisse, etc.).

• 2 http://www.anses.fr/Documents/ESST2011sa0014Ra.pdf