30 % des chats arthrosiques souffrent d’hypersensibilité au toucher - La Semaine Vétérinaire n° 1530 du 08/03/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1530 du 08/03/2013

Études canadiennes

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SANTÉ ANIMALE

Auteur(s) : Valentine Chamard

En mettant au point une méthode répétable d’évaluation de la douleur arthrosique chez le chat, une équipe canadienne a découvert quelques caractéristiques de l’affection et du traitement dans cette espèce.

Expression fruste, absence de corrélation systématique entre les signes cliniques et radiographiques, le diagnostic de l’arthrose chez le chat est une gageure. Notre confrère Éric Troncy (groupe de recherche en pharmacologie animale du Québec) et son équipe ont mis au point une technique sensible et répétable dans ce cadre1. « Nous avons adapté au chat le gold standard utilisé chez l’homme et le chien, c’est-à-dire la mesure de la force appliquée sur chaque membre à l’aide d’un “tapis de force”. En effet, les membres arthrosiques appuient moins que les “sains” », explique le doctorant Maxim Moreau, coauteur de l’étude. Les mesures effectuées à plusieurs jours d’intervalle montrent la répétabilité de la méthode (moins de 1 % de variabilité entre ces évaluations).

Les signes cliniques précèdent les lésions radiographiques

Les chercheurs se sont également penchés sur un essai de traitement de l’arthrose2. « Nous souhaitions étudier une molécule qui avait fait ses preuves chez d’autres espèces et était dépourvue de danger, car nous voulions tester des protocoles au long cours, sur des chats âgés éventuellement atteints d’affections intercurrentes », explique Éric Troncy. Le choix s’est porté sur le méloxicam, Boehringer Ingelheim disposant d’études internes sur l’innocuité à long terme de la molécule dans cette espèce.

48 chats, répartis en trois groupes, sont inclus dans l’étude :

– groupe 1 “non arthrosique” : animaux jeunes, sans signes cliniques ni radiographiques ;

– groupe 2 “arthrosique” : animaux âgés, avec des signes cliniques et radiographiques ;

– groupe 3 “intermédiaire” : animaux âgés avec des signes cliniques, mais sans lésions radiographiques.

Ils sont soumis à trois moyens d’évaluation de la douleur arthrosique : le tapis de force, l’actimétrie (mesure de l’activité motrice grâce à une puce implantée dans un collier) et la stimulation tactile des coussinets. La composition des groupes se révèle pertinente, car les chats du groupe 2 (signes radiographiques) présentent un appui moindre que ceux des groupes 3 (pas de signes radiographiques) et 1 (sains). Cela tend par ailleurs à montrer que les douleurs arthrosiques précèdent les lésions radiographiques.

Un effet rémanent du méloxicam

Pour évaluer l’efficacité du méloxicam, quatre lots sont formés parmi les chats arthrosiques des groupes 2 et 3, selon la dose quotidienne de la molécule administrée per os : 0 (placebo), 0,025 mg/kg, 0,04 et 0,05 mg/kg. Après quatre semaines d’utilisation, les chats qui ont reçu le traitement aux doses de 0,05 et 0,025 mg/kg se déplacent davantage (+ 5,2 % d’activité chez les sujets ayant reçu la dose la plus forte par rapport à la période sans traitement), sans effets secondaires à déplorer. « Toutefois, dans les mesures de force de réaction au sol, aucune différence n’est notée entre les chats traités et le groupe placebo, malgré une amélioration, par rapport à la période sans traitement, qui va jusqu’à 14,2 % chez les individus ayant reçu la dose la plus forte. Cela s’expliquerait par le fait que l’entraînement physique, réalisé en préalable à la mesure sur le tapis de force, agit sur la douleur arthrosique et masque les effets de l’AINS. Mais l’actimétrie, de son côté, montre une amélioration uniquement dans les groupes traités au méloxicam », analyse notre confrère Martin Guillot, l’auteur principal de l’étude.

Par ailleurs, « l’emploi pendant quatre semaines de la dose la plus élevée permet une amélioration des signes pendant cinq semaines supplémentaires. Cela ouvre la voie à un traitement adapté au cas par cas, avec une utilisation au long cours et l’application d’une fenêtre thérapeutique ou d’un réajustement du dosage », commente Éric Troncy.

L’hypersensibilisation neuropathique découverte chez le chat

La stimulation tactile des coussinets, une méthode validée chez les rongeurs et l’homme, montre que 30 % des chats arthrosiques tolèrent moins les stimuli que leurs congénères “sains” (phénomène d’hypersensiblisation neuropathique, bien documenté). En pratique, cette hypersensiblisation se manifeste par une réticence au toucher. « Or cette perte de lien entre l’animal et son maître est un motif d’euthanasie  », remarque Éric Troncy.

L’équipe travaille d’ores et déjà sur des outils pour mieux connaître cette sensibilité (via l’imagerie fonctionnelle du cerveau et l’électro-encéphalographie) et sur des traitements neuromodulateurs (type gabapentine ou amitriptyline) qui cibleraient l’allodynie, sur laquelle les AINS sont sans effet.

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