Affections émergentes en Afrique du Sud: une origine environnementale - La Semaine Vétérinaire n° 1531 du 15/03/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1531 du 15/03/2013

Formation

FAUNE SAUVAGE

Auteur(s) : Cyril Parachini-Winter

Les animaux de la faune sauvage d’Afrique du Sud subissent des épidémies qui se propagent sur un mode enzootique ou épizootique. Certaines sont bien connues, de même que leur traitement ou leur mode de prophylaxie : brucellose (buffle), rage (mangouste, chacal), fièvre aphteuse (bétail, phacochère), rhino­trachéite infectieuse bovine, ou encore tuberculose (buffle, kudu). Néanmoins, quelques maladies récentes sont relativement spécifiques à cette partie de l’Afrique. Deux d’entre elles sont en plein essor : la panstéatite et l’empoisonnement aux cyanobactéries.

LA PANSTÉATITE CHEZ LE CROCODILE

La panstéatite, ou maladie de la graisse jaune, est une nécrose massive du tissu adipeux qui touche les crocodiles. Son incidence augmente en hiver (affection saisonnière) et les mâles de grande taille ont une prédisposition génétique. Les seuls signes cliniques observés sont une paralysie de la queue et une apathie, avant la mort. La nourriture de base des crocodiles est le poisson, même s’ils font preuve d’une grande plasticité dans leur comportement alimentaire. La pollution grandissante des rivières d’Afrique du Sud, notamment la fameuse Crocodile river située à l’extrême sud du parc Kruger, augmente considérablement le taux de mortalité des poissons. Au cours de leur décomposition, ces derniers s’enrichissent en acides gras insaturés et s’appauvrissent en vitamine E. Ces proies faciles à attraper attirent les crocodiles, qui en consomment des quantités importantes. Cela modifie la composition globale de leurs repas.

Les crocodiles ont également tendance à se nourrir de leurs congénères gisants. Pour peu qu’ils soient morts de panstéatite (et leur nombre est exponentiel sur les berges des rivières africaines), leur chair est tout autant carencée en vitamine E et enrichie en acides gras insaturés.

Or la queue d’un crocodile contient beaucoup de soft gelatine, qui sert en quelque sorte de lubrifiant aux fibres musculaires, facilitant leur coulissement les unes par rapport aux autres. Ce glissement est indispensable aux mouvements de la queue, masse musculaire colossale dont l’animal se sert en permanence (pour la nage, la propulsion lors de la chasse, etc.). Un régime carencé en vitamine E et trop riche en acides gras insaturés induit la production de graisse mal oxygénée, qui transforme ce lubrifiant fluide en une masse caséeuse et dense. Cela paralyse la queue du crocodile via la perte de mobilité des fibres musculaires, mais aussi par la compression de la moelle épinière et le développement d’une douleur intense. Un crocodile qui ne peut plus utiliser cette partie de son corps dépérit rapidement. La panstéatite est donc une maladie d’évolution subaiguë à chronique, mais qui conduit inéluctablement à la mort.

L’INTOXINATION PAR DES CYANOBACTÉRIES

Peu de données épidémiocliniques sont disponibles pour les vétérinaires d’Afrique du Sud sur l’intoxination par les cyanobactéries. Les excréments des hippopotames stimuleraient la croissance dans les points d’eau de ces algues, qui produisent des toxines de nature encore non identifiée. Les rhinocéros et les zèbres sont peu touchés, car ils boivent en bordure de l’eau sans la remuer, à la différence des éléphants qui brassent les algues et font remonter en surface les toxines.

La mort est rapide, le plus souvent sans aucun prodrome. Parfois, les animaux atteints présentent des écoulements sanguinolents au niveau des yeux, une épistaxis ou une hémoptysie. Plusieurs lésions ne sont découvertes qu’à l’autopsie : épicardites hémorragiques, endocardites du ventricule gauche et hémorragies hépatiques.

La pathogénie de cet empoisonnement n’est pas encore élucidée. Les signes cliniques et les atteintes font que, souvent, il est confondu avec l’anthrax.

LES MESURES DE LUTTE

Des réseaux d’épidémiosurveillance sont en place pour suivre les crocodiles dans les grandes rivières du parc Kruger. À l’heure actuelle, ils permettent surtout de repérer les cadavres sur les berges et de les enlever par hélicoptère pour les brûler et les retirer de la chaîne alimentaire.

Pour les empoisonnements aux cyanobactéries, les traitements symptomatiques semblent inutiles, compte tenu de la rapidité d’évolution. Les espoirs se portent sur les recherches concertées des rangers, des vétérinaires et des épidémiologistes. Grâce à une meilleure connaissance de la physiopathologie de ces maladies, elles pourraient aboutir à des traitements étiologiques qui sauveraient de nombreuses vies animales dans les parcs d’Afrique du Sud.

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