Formation
BOVINS
Auteur(s) : Frédéric Lars*, Sébastien Geollot**, Lorenza Richard***
Fonctions :
*membre de la SNGTV.
**membre de l’Union bretonne des GDS.
***Article tiré des conférences présentées lors de la journée nationale technique GDS-SNGTV, le 11 janvier 2013 à Paris.
Lors d’avortement, « il est essentiel de comprendre qu’un tube sec ne suffit pas pour établir le diagnostic », a rappelé Frédéric Lars, lors de la journée dédiée au protocole national de diagnostic différentiel des avortements chez les bovins, organisée conjointement par la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) et les Groupements de défense sanitaire (GDS).
« Le substrat prélevé doit refléter l’environnement immédiat du fœtus quand il est mort », a précisé notre confrère. Il est donc nécessaire de prélever le bon substrat, qui doit être de qualité, et accompagné de commémoratifs précis.
Le protocole national de diagnostic différentiel des avortements chez les bovins recommande une série de prélèvements, réalisés grâce à la boîte standard fournie, qui répond à la norme de transport des matériaux biologiques UN3373 (voir encadré). Cette boîte a été conçue initialement par le GDS du Finistère et le laboratoire départemental d’analyses Idhesa. Ces travaux ont été repris par l’unité mixte technologique (UMT) “maîtrise de la santé des troupeaux bovins” de Nantes, pour répondre à deux objectifs : maintenir une surveillance active lors d’avortements répétés, pour les maladies réglementées ou non, afin de standardiser les prélèvements et les analyses.
Dans ce cadre, Frédéric Lars recommande d’anticiper, afin de reconnaître une série d’avortements : « Il faut systématiquement se demander si c’est le premier avortement ce mois-ci dans le troupeau et, dans le cas contraire, informer l’éleveur à la fois sur la nécessité de les déclarer et sur les démarches à suivre dans ce but. » Le praticien peut indiquer à l’éleveur les précautions à prendre pour que les conditions idéales de prélèvement soient réunies : un avorton bien conservé, aucune antibiothérapie préalable à l’échantillonnage chez la mère, qui doit par ailleurs être visible immédiatement par le praticien dès son arrivée, de même que les anciennes vaches avortées (depuis plus de trois semaines, mais moins de quatre mois) ou un lot de vaches à problème de reproduction, ainsi que quelques sujets primipares asymptomatiques.
Sébastien Geollot (GDS de Bretagne) a précisé que la boîte standard est un outil qui sert au praticien de support unique pour réaliser l’ensemble du protocole, tout en simplifiant la traçabilité de l’animal et en limitant la saisie des informations. La boîte doit également être un instrument adaptable, via l’ensemble des matrices prélevées, à la survenue d’agent (s) pathogène (s) émergent (s).
Le protocole prévoit de diagnostiquer un « pack national de maladies de première intention » incluant la fièvre Q, la néosporose, la diarrhée virale bovine (BVD) et, dans certaines zones géographiques, selon l’épidémiologie locale, la salmonellose et/ou la listériose. Les prélèvements ainsi réalisés peuvent être conservés par le laboratoire pour rechercher, si besoin, en seconde intention, des maladies qui répondent à des critères épidémiologiques et cliniques de l’élevage (avortements à leptospires, à ehrlichiose, dus au virus BHV1 de la rhinotrachéite infectieuse bovine, d’origine mycotique, à chlamydiose, liés à la fièvre catarrhale ovine, dus à des maladies émergentes). Ainsi, « il s’agit d’un outil “tout en un”, applicable immédiatement, qui permet le diagnostic individuel et du troupeau, s’adapte à l’épidémiologie locale et est évolutif, en cas d’apparition d’agents pathogènes émergents », a résumé Sébastien Geollot.
Le coût de ces prélèvements pour l’éleveur est d’environ 10 € pour la boîte, 260 à 300 € pour les analyses, et 3,08 AMO1 de frais vétérinaires pour leur réalisation (toutes taxes comprises). « Ce coût important, pris en charge en Bretagne par le système de mutualisation des GDS, est à rapporter à la capacité d’établir un diagnostic différentiel, en obtenant des résultats qu’une recherche isolée ne permettrait pas d’assurer », a précisé Sébastien Geollot.
Les prélèvements doivent être transportés sous couvert du froid (plaque eutectique). Les résultats peuvent en effet être faussés en cas de mauvaises conditions de conservation lors du transport, mais également si les échantillons sont contaminés par l’environnement, si le délai entre l’expulsion de l’avorton et le prélèvement est trop long (inutile au-delà de 48 heures) ou si l’avorton présente des signes de putréfaction. Le risque est alors d’obtenir des faux positifs. Des faux négatifs sont également possibles lors de traitement préalable par des antibiotiques ou lorsque les échantillons sont congelés.
C’est pourquoi la boîte contient des fiches de commémoratifs, que les praticiens sont invités à remplir soigneusement. La partie « commentaires complémentaires particuliers du vétérinaire sanitaire », notamment, ne doit pas être négligée, au contraire. « Le diagnostic d’avortement ne se résume pas à des examens de laboratoire, mais s’appuie aussi sur des commémoratifs. Il est primordial de s’astreindre à commenter les conditions dans lesquelles les échantillons ont été prélevés », a souligné Frédéric Lars. Notre confrère a également insisté sur la qualité de l’acte de prélèvement : « Il conditionne l’interprétation des résultats et constitue une réelle valeur ajoutée pour le praticien. C’est pourquoi il doit être débanalisé. »
1 Acte médical ordinal (13,99 € en 2013).
2 Le fœtus ingère le liquide amniotique, et le liquide stomacal fœtal illustre parfaitement l’environnement direct de l’avorton.
→ Dans un sachet zip : deux à quatre écouvillons endocervicaux (en coton à tige souple) réalisés dans des conditions permettant de limiter leur contamination : après un nettoyage soigneux de la zone vulvaire, la tige de l’écouvillon est coupée afin de protéger le bouchon des lochies.
→ Dans le pot vissant de 400 ml : le placenta prélevé in utero avec quatre à cinq houppes cotylédonaires ou, le cas échéant, la rate ou le foie de l’avorton.
→ Dans le second sachet zip :
– un tube sec et un EDTA pour un prélèvement de sang de la mère ;
– un tube sec pour du liquide stomacal fœtal2 prélevé par paracentèse : après l’incision de la peau et de la paroi pour assurer un prélèvement plus propre et un repérage plus facile, la caillette est ponctionnée au vacutainer. L’aiguille est déplacée dans la lumière de l’organe jusqu’à l’aspiration du contenu, ce qui est assez aisé malgré sa viscosité. En cas d’utilisation d’une seringue et d’une aiguille à usage unique, le liquide est immédiatement transvasé dans un flacon stérile ;
– six tubes secs pour prises de sang chez des vaches à problème (dont si possible trois primipares, ou à compléter avec trois animaux asymptomatiques au maximum du même lot). Les vaches qui ont avorté depuis au moins quinze jours sont à privilégier, puis celles qui ont présenté une non-délivrance, une métrite, un retour en chaleur depuis moins de quatre mois. Là encore, le choix des animaux est à motiver sur les fiches de commémoratifs ;
– une plaque eutectique permettant l’envoi sous couvert du froid.
Si les prélèvements chez l’avorton sont compliqués, ou si l’éleveur est motivé, le fœtus entier peut être envoyé, à condition qu’il soit bien conservé.
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