Le lien invisible

En visite dans un chalet de montagne, une femme se retrouve séparée du monde par l’apparition soudaine d’un mystérieux mur invisible au-delà duquel toute vie semble pétrifiée. Isolée au fond d’une vallée, avec pour seule compagnie des animaux (un chien, une chatte, une vache), elle organise peu à peu sa survie en faisant l’apprentissage d’un radical retour à la nature. Le récit (en voix off) de sa vie recluse atteste peu à peu d’une paradoxale libération intérieure et de son ouverture aux êtres qui l’entourent.

En adaptant scrupuleusement un roman¹ de Marlen Haushofer de 1963, le film de Julian Roman Pölsner se destine peut-être moins aux admirateurs du livre qu’à ceux qui auraient encore à le découvrir. Prenant le parti de la sobriété et de l’humilité face à l’œuvre littéraire, le cinéaste autrichien ne néglige aucun moyen pour lui donner chair. Neuf opérateurs et six monteurs ont travaillé sur la mise en images des somptueux paysages alpins, au rythme des saisons. Ils affirment, sur l’humain, la toute-puissance de la nature. La performance solitaire de Martina Gedeck² traduit avec intensité la transformation intime de la narratrice. Mais le film séduit aussi par la justesse de son attention aux liens qu’elle noue muettement avec les animaux, en particulier avec Luchs³, l’autre personnage du film, un chien de rouge bavarois d’une vitalité émouvante.

Le Mur invisible de Julian Roman Pölsler (adapté du roman de Marlen Haushofer), avec Martina Gedeck, Allemagne, 1 h 48, prix Panorama 2012 au festival de Berlin. Sorti le 13 mars.

• 1 Le Mur invisible (die Wand), best-seller dans les pays germanophones, est publié en France aux éditions Actes Sud.

• 2 Comédienne allemande reconnue (La Vie des autres, Les Particules élémentaires, La Bande à Baader).

• 3 Luchs vom Kyffhäuserbach, qui fut spécialement dressé pour ce tournage, est en réalité le chien du réalisateur.