Quels travers éviter dans la relation entre employeur et salarié ?

S’appuyer sur des modèles qui ne sont plus d’actualité

Moufdi Tiaiba, praticien mixte à Saint-Julien-sur-Sarthe (Orne).

La gestion des salariés, tant humaine qu’administrative, est parfois un peu éloignée de nos préoccupations. Nous n’avons pas été formés pour cela. Aussi, de temps à autre, nous essuyons les plâtres. C’est l’expérience qui nous dicte souvent, après coup, la conduite à tenir.

Par exemple, nos contrats de travail n’étaient pas des modèles de documents actualisés. Avec les salariés vétérinaires, nous transigions sur la convention collective en compensant par des avantages en nature. C’était avant ! Nous avons appris à devenir plus rigoureux à cet égard, d’autant que le respect de cette convention figure aujourd’hui parmi les priorités des postulants.

Il en est de même dans notre organisation. Elle a été bousculée par une croissance interne assez rapide. Nous comptons aujourd’hui 21 salariés sur trois sites. Il peut arriver qu’une auxiliaire reçoive des consignes de plusieurs associés, qui ne se sont pas toujours concertés en amont! Nous travaillons à mieux nous structurer pour éviter ce type de problèmes. Sans doute devons-nous être davantage professionnels dans ce domaine. Autant nos aînés nous font bénéficier de leur expérience dans notre champ de compétences, autant nous ne pouvons nous appuyer, pour la gestion du personnel, sur des modèles qui ne sont plus d’actualité.

Penser qu’on est indispensable

Christophe Dudek, praticien canin à Rezé (Loire-Atlantique).

L’impolitesse de celui qui détient le pouvoir est un travers auquel il peut rapidement succomber, s’il n’y prend garde. Personnellement, je n’y prêtais pas assez attention à mes débuts. Mais aujourd’hui, je prends soin de ponctuer mes demandes de formules élémentaires de courtoisie : s’il vous plaît, merci, etc. Que je sache, cela n’a jamais empêché le travail de se faire, bien au contraire ! Même s’il est parfois difficile de garder un ton mesuré, lorsqu’il faut rappeler des consignes auxquelles nous tenons et qui ne sont pas respectées. Dans la même logique, si crever l’abcès est indispensable lorsque survient un problème relationnel, il est de loin préférable de ne pas attendre qu’il se forme. Là encore, j’ai appris par le biais de ma propre expérience.

Enfin, en ce qui me concerne, penser que j’étais indispensable pour faire tourner la boutique m’a valu en partie un infarctus. Il m’a fallu cette épée de Damoclès pour ralentir mon rythme de travail et embaucher, d’abord un puis deux confrères. J’ai ainsi pu découvrir à quel point, en matière de recherche de maladie, de diagnostic, nous avions beaucoup plus d’idées à plusieurs ! Cette nouvelle organisation me facilitait aussi la vie, me permettait de consacrer plus de temps à mes clients, tout en réduisant mon activité. Au sein d’un cabinet, chacun peut se faire sa place.

Ne pas payer suffisamment ses collaborateurs

Jean-Luc Chancrin, praticien canin à Ollioules (Var).

Dans notre cabinet, nous sommes deux associés, nous travaillons avec trois collaborateurs libéraux et six salariés. Eh bien, nous avons sans doute beaucoup de chance ! Nous pouvons en effet nous féliciter chaque jour, depuis une dizaine d’années, de n’avoir aucun conflit avec le personnel de la clinique. Nous sommes relativement proches, nous nous entendons bien. Malgré tout, je crois à un principe de base, auquel tout le monde adhère en théorie, mais rechigne souvent à mettre en pratique : si l’on veut des employés loyaux, dynamiques, professionnels et avec lesquels les rapports sont sains, il faut commencer par bien les payer ! Travaillant en référé, nous recevons de nombreux confrères dont certains s’étonnent jalousement de l’ambiance qu’ils trouvent chez nous. Je leur demande systématiquement combien ils paient leurs auxiliaires. Ils comprennent rapidement que les écarts de rémunération peuvent expliquer beaucoup de choses !

Je crois aussi qu’il faut bien former, faire confiance et déléguer. Un collaborateur que l’on responsabilise devient vite un élément clé du cabinet. Il impose sa compétence et fait gagner du temps à toute l’équipe. Enfin, si nous rencontrons un problème, et cela peut arriver, il est traité sans délai, à l’abri des regards. Certes, rien n’est jamais parfait. Mais chez nous, ce n’est pas si mal !