« Un stage est l’occasion unique de tester d’autres voies professionnelles »

Parmi les options de fin de cursus proposées à Maisons-Alfort, aucune ne me plaisait vraiment. La microbiologie m’intéressait. J’ai donc demandé et obtenu une dérogation pour suivre un stage à l’Institut Pasteur. Je ne l’ai plus quitté.

J’ai d’abord suivi un DEA (actuel master 2), puis effectué mon service militaire : j’ai été détaché à Pasteur après mes classes à Libourne. J’ai préparé ma thèse de 3e cycle avec la faculté de pharmacie de Paris XI, et effectué un postdoctorat à Londres dans un institut de recherche équivalent à l’Inserm en France.

Tout mon parcours en virologie s’est articulé autour de la grippe (humaine) et des virus grippaux. J’ai rapidement dirigé le Centre national de référence de la grippe pour la région France-Nord. En 2001, les premières attaques bioterroristes (à l’anthrax) ont fait naître la Cellule d’intervention biologique d’urgence (Cibu) dont j’ai pris les rênes.

L’épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (Sras) en 2003 a démontré l’ampleur du risque pandémique des maladies virales respiratoires. Et nous collaborons activement avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS). À ce jour, nous menons des projets de recherche sur la résistance des virus hors de l’hôte.

La recherche reste au contact du réel

Mon domaine est la santé humaine. Mais je suis heureux de maintenir des liens avec la santé animale au travers de mon mandat au conseil scientifique de l’école d’Alfort. J’aurais aimé conserver le contact avec l’animal, comme j’ai pu le faire les premières années en assurant des consultations vétérinaires le samedi après-midi.

Dans le monde de la recherche, être vétérinaire génère un regard différent des autres. Les étudiants en faculté de sciences bénéficient d’une formation plus scientifique. Mais les études vétérinaires apportent une culture plus large, en biologie générale en classe préparatoire, puis en biologie appliquée à l’école. Nous disposons en outre de compétences médicales déterminantes, dans une démarche de diagnostic, de traitement puis de prévention des maladies. Nous sommes aussi appréciés pour nos qualités d’adaptation.

Je regrette que l’étendue des possibilités qu’ouvre la recherche soit méconnue des étudiants vétérinaires. Il existe de multiples débouchés, dans des domaines sophistiqués comme le diagnostic biologique ou le développement de modèles expérimentaux, pour faire progresser la chirurgie ou la cancérologie, par exemple. Les projets de recherche, même fondamentaux, restent au contact de la réalité. Et l’interface animale est omniprésente. Nos travaux sur la grippe comprennent des aspects qui touchent l’écologie et la faune sauvage !

Je suis arrivé à la recherche presque par hasard. Mais toute mon évolution a été une suite logique et passionnante. Je n’ai qu’un conseil à donner aux étudiants vétérinaires : profitez de vos stages pour découvrir et tester des domaines différents. J’ai constaté mon goût pour le laboratoire à l’occasion d’un premier stage chez Rhône-Poulenc, en bactériologie. Un penchant resté jusqu’alors insoupçonné.