Formation
ÉQUIDÉS
Auteur(s) : MONIKA VENNER*, MARINE NEVEUX**
Fonctions :
*praticienne à Desdet (Allemagne). Article tiré de la conférence présentée lors des journées annuelles des Groupements techniques vétérinaires, le 16 mai 2013 à Nantes.
La rhodococcose demeure fréquemment subclinique sur une longue période. Lorsque la forme clinique se déclare, les lésions pulmonaires sont souvent trop avancées, et il est alors difficile d’envisager un traitement, même agressif, chez le poulain.
Les symptômes mènent à la suspicion de la maladie et le diagnostic est confirmé par l’échographie, une radiographie pulmonaire, ainsi que l’isolement de Rhodococcus equi dans les sécrétions trachéales.
R. equi est une bactérie ubiquitaire, résistante à haute température, aux ultraviolets, à la sécheresse. Elle survit dans l’intestin des juments. Un hiver rude peut diminuer R. equi dans l’environnement, mais l’agent persiste dans l’intestin des juments. Il est sensible au froid et à l’humidité.
Face à un éleveur confronté à la rhodococcose, il convient de s’adapter à sa situation. Il est utile de considérer les circonstances particulières de chaque élevage, de mesurer les pressions morale et financière telles qu’elles sont ressenties par les propriétaires. Il faudra adapter le plan et la conduite à tenir selon les possibilités de l’écurie. Les pertes sont évaluées, un état des lieux est effectué : il inclut l’historique de R. equi dans l’élevage, le nombre de poulains concernés par an, celui des poulains atteints de rhodococcose, et les pertes dues à Rhodococcus.
Le deuxième volet du plan à mettre en place consiste à informer les propriétaires sur Rhodococcus, sur sa biologie, comment il se comporte au niveau des juments, des poulains, etc. Cela leur permettra d’accepter plus facilement la conduite à tenir.
Les informations à fournir sur la maladie à R. equi concernent l’évolution subclinique de la pneumonie chez le poulain pendant plusieurs semaines, ainsi que les modes de traitement et la prévention.
Dans les élevages, le taux de morbidité lié à Rhodococcus s’échelonne de 15 à 60 %. Il est important que les propriétaires restent vigilants pour réagir dès les premiers signes respiratoires, qui doivent être perçus comme une alerte : si un poulain est à risque, il doit être évalué par un vétérinaire.
Les propriétaires sont également à informer sur la durée du traitement, qui est long. En outre, celui par voie orale combine deux médicaments onéreux.
Les propriétaires méritent aussi d’être sensibilisés à la prévention, qui passe par une diminution de la densité des chevaux et une réduction des poussières dans l’environnement pour abaisser le risque d’infection. Les autres facteurs n’ont aucun effet sur la morbidité chez les poulains.
Les trois objectifs à définir avec les propriétaires sont la diminution des pertes chez le poulain, la limitation de l’usage des antibiotiques au strict nécessaire, et la prévention de la maladie chez les nouveau-nés. Les pertes chez les poulains peuvent être réduites si les propriétaires sont attentifs, avec une évaluation quotidienne de la fréquence respiratoire, du jetage nasal et de la toux. Un suivi hebdomadaire des poulains par le vétérinaire peut être recommandé, incluant un examen clinique et une analyse hématologique (lors de leucocytose supérieure à 13 000/µl, une échographie pulmonaire s’impose).
Deux traitements peuvent être utilisés : l’association d’azithromycine (10 mg/kg per os par 24 heures) et de rifampicine (5 à 10 mg/kg per os par 12 heures), ou celle de rifampicine et de clarithromycine (7,5 mg/kg per os par 24 heures).
La durée du traitement est de quatre à six semaines. Les signes cliniques et échographiques sont importants. Le nombre de leucocytes sanguins n’est pas fiable, le fibrinogène non plus.
Il n’est pas pertinent de “surtraiter” les poulains. Monika Venner recommande de ne pas traiter les poulains qui présentent des abcès de moins de 8 cm sans signe clinique, ou seulement de petits abcès pulmonaires. Au-delà de 8 cm, une septicémie due à R. equi peut être redoutée, il est donc conseillé de traiter. Certains auteurs vont jusqu’à établir une limite à 20 cm.
À l’échographie pulmonaire, un score des abcès pulmonaires est effectué et leur nombre est noté.
La prévention n’est pas évidente, car aucun paramètre d’élevage ne peut y aider, ni en termes de mesures d’hygiène, ni au niveau de la vaccination à l’heure actuelle. Quant au traitement antibiotique préventif, dès son arrêt la maladie peut ressurgir, et il est impensable de traiter le poulain en continu jusqu’au sevrage.
En outre, il convient de considérer que tout cas de dyspnée n’est pas forcément une pneumonie à Rhodococcus. L’âge critique pour les poulains va jusqu’à six mois, mais il existe toujours des cas spéciaux qui peuvent poser problème au-delà.
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