Trois questions à Michel Thibier
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SOCIOPRO
Auteur(s) : Marine Neveux
Michel Thibier (A 67), qui a pris la tête de l’Académie vétérinaire de France cette année, aborde la dynamique qu’il souhaite lui insuffler.
L’académie a entamé une réflexion sur son existence et son devenir. Il y a de nombreuses raisons à cela, mais je voudrais insister sur la place importante de la relation homme-animaux dans la société en général, et française en particulier. Cette interaction pose de nombreux problèmes dont les médias nous font part régulièrement. L’académie a un rôle que je considère prioritaire à jouer, y compris de nature éthique, sur ce sujet sociétal. Notre institution a significativement évolué ces dernières années, et elle est prête à relever ce défi.
Les nouveaux élus sont en général des membres jeunes, en activité ou en fin d’activité, une période où leur dynamisme est profitable à l’académie. Dès ma vice-présidence, l’an passé, je me suis attaché à monter des groupes de travail sur ses prospectives et ses finances. La première étape essentielle est en effet de savoir qui nous sommes. Ma devise est la formule socratique « Gnothi seauton » (connais-toi toi-même). Cette introspection nous a conduits à préparer un projet stratégique. Il commence à prendre forme. Nous avons l’espoir de le soumettre au vote des membres à l’automne. Cet acte précisera la vision de l’académie, sa place dans la société, le rôle qu’elle peut exercer au xxie siècle. Elle doit pouvoir se positionner sur les sujets de l’animal de rente, mais aussi de l’animal de compagnie, de la faune sauvage, des équilibres éco-systémiques dans lesquels s’inscrit le monde animal, etc., dans un contexte sociétal qui, lui aussi, a considérablement évolué.
L’académie doit également se donner les moyens de communiquer sur ses positions, et de diffuser ses productions qui sont de très bon niveau. Elle dispose d’une force scientifique, du recul nécessaire pour émettre des avis sur des thèmes d’actualité. Nous avons pour mission de faire connaître, sur des bases scientifiques et éthiques, l’opinion des vétérinaires. Nos trois axes d’objectifs sont donc de bien préciser les priorités de nos travaux, de communiquer, et d’inciter nos membres à devenir proactifs. À un moment où la profession vétérinaire a besoin de repères, l’académie, seule institution reconnue d’utilité publique, mettra tout son dynamisme à servir ses trois destinataires : les confrères, les services publics et la société.
J’ai également proposé la constitution d’un comité de déontologie. Il jouerait un rôle de conseil et de prévention des conflits d’intérêt. Nous serons de plus en plus exposés au sein de la société, il faut ainsi s’assurer que notre démarche est bien indépendante. Je soutiens le principe d’une structure extérieure, composée de personnalités externes aux hautes fonctions, qui auraient pour tâche cette évaluation.
Enfin, nous nous efforçons cette année de diversifier les thématiques de nos sessions publiques. Nous traitons des données à la frontière de la recherche biologique ou clinique et nous allons même, pour la première fois, tenir une session spéciale sur la santé animale dans les pays du Sud1, le 20 juin, avec le concours de l’ancien ministre de la Coopération Jacques Godfrain.
L’académie a mené une réflexion sur l’enseignement vétérinaire. Il faut essayer de le rendre plus efficace, dans ces moments difficiles pour la profession, en incitant à une forte mutualisation entre les écoles. Il est nécessaire de maintenir les quatre établissements, chacun avec sa bannière.
L’avenir des ENV passe par un ancrage régional fort au sein d’instituts pluridisciplinaires. Elles méritent de s’intégrer à l’agriculture et à l’environnement, être l’attache solide entre la médecine et l’agronomie, et adhérer au concept One Health. Les écoles vétérinaires doivent rester au sein du ministère de l’Agriculture. Leur avenir s’inscrit, avec les établissements d’enseignement supérieur, au sein d’une université multidisciplinaire où des échanges forts et un ancrage, avec des domaines d’excellence sont primordiaux.
En tant qu’ancien conseiller scientifique à l’ambassade de France en Australie, je peux également souligner l’activité modèle que développe ce pays. Sydney a d’ailleurs signé une convention d’échanges avec Alfort. Je vais vous faire part d’un point particulier de mon rapport de retour d’Australie. Ce pays sera le pivot de l’équilibre mondial, le point d’interface entre le monde asiatique, les pays émergents et ceux de l’OCDE, au milieu de ce siècle. Il est stratégique de s’en rapprocher et de développer une coopération très active avec lui, notamment scientifique, laquelle compte par ailleurs parmi les plus efficaces de la recherche française actuellement.
Je souhaite qu’elle soit l’occasion d’un nouveau dynamisme et d’une meilleure reconnaissance de l’académie dans le xxie siècle. Nous sommes les seuls à pouvoir émettre des avis de sagesse, auprès de la profession, des pouvoirs publics et de la société.
Nous recherchons aussi un fonds de dotation afin de pouvoir augmenter notre budget, trop limité, notamment pour envisager une coopération avec les autres académies. L’objectif est enfin de jouer plus collectif et d’accroître la notoriété de l’Académie vétérinaire de France.
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