Un Tour à l’eau claire

Le Tour de France fêtera cette année sa 100^e édition. Un siècle d’épopées, de routes d’été, de maillots bariolés, de klaxons… Devant son poste ou sur le bord des routes, la France entière a applaudi ses héros, partagé leurs douleurs et leurs joies. Pan du patrimoine national, le Tour nous a enseigné la géographie française de même que le sens de l’effort et du courage. Jusqu’à ce que le sport paie finalement le prix de son allégeance aux médias et aux firmes et que la corruption et le dopage ne viennent ruiner la belle image.

Le mérite du film est d’être parvenu à restituer toutes les facettes de cette réalité discordante avec une simplicité bienveillante. La fiction raconte comment François, passionné de vélo, est amené, par un brutal revers de situation, à se lancer un défi longtemps inhibé : accomplir le Tour de France. Un rêve qu’il enfourche en précédant les pros d’une journée. La rumeur de son exploit se répand et capte l’attention des médias. Volant peu à peu la vedette à la course officielle, les ennuis commencent…

Il aura fallu cinq ans au projet pour convaincre l’organisation du Tour d’accepter qu’une équipe de tournage se greffe à l’événement et le devance d’un cheveu. Pensé à l’origine comme une comédie, le film s’est heureusement pris au jeu de ce qu’il raconte : le dépassement de soi d’un homme ordinaire. La justesse que l’on y gagne doit énormément à la prestation de Clovis Cornillac. L’acteur n’a pas eu peur de mouiller son maillot.

La Grande boucle de Laurent Tuel, avec Clovis Cornillac, Bouli Lanners, Ary Abittan, Bruno Lochet, Élodie Bouchez, France, 1h38, sortie le 12 juin.