Une belle surprise venue d’Arabie

Wadjda, douze ans, habite dans une banlieue résidentielle de Riyad. Fillette un peu rebelle, elle écoute du rock, porte des jeans et des baskets et rêve d’acquérir un beau vélo vert qui lui permettra de faire la course avec son ami Abdallah. Mais au royaume wahhabite, où les femmes ne conduisent pas, l’usage de la bicyclette est proscrit pour les filles. La mère de Wadjda lui refuse la somme nécessaire à cet achat. Résolue à trouver l’argent par elle-même, la fillette décide de participer au concours de récitation coranique organisé par son école, avec pour premier prix la somme tant désirée.

L’accueil réservé à Wadjda lors de sa sortie en salles, cet hiver, fut inespéré pour un petit film d’art et d’essai : plus de 400 000 entrées. Un succès édifiant étant donné qu’il s’agit du premier long-métrage de l’histoire de l’Arabie saoudite – un pays où les salles de cinéma n’existent pas – et qu’il a entièrement été écrit et réalisé par une femme.

Simplicité de l’histoire, clarté du propos, maîtrise du style et grâce des interprètes justifient pleinement une telle réussite. Sous son apparente modestie, le film dresse, de l’intérieur, avec beaucoup de malice et de finesse, un tableau juste de la situation ambiguë des femmes dans ce système conservateur qui les circonscrit à l’univers domestique. Diffusé là-bas en DVD, le film y a déjà exercé son charme subversif. Les autorités saoudiennes viennent en effet d’autoriser les femmes à faire du vélo.

Wadjda de Haifaa Al-Mansour avec Reem Abdullah, Waad Mohammed, Arabie saoudite, 1 h 37, M6 Vidéo, 19,99 €.