Un hiver sans fin

L’action de La Cinquième Saison se concentre dans un village rural des Ardennes wallonnes. Tandis que Thomas, le fils de l’épicier, et Alice, la fille d’un éleveur laitier, goûtent au charme de leur premier désir, Pol, un apiculteur itinérant, installe sa caravane devant le café. Les villageois se réunissent alors autour d’un grand bûcher pour fêter, comme chaque année, le départ de “tonton hiver”. Mais leur impuissance à embraser les fagots annonce une calamité. Le cycle de la nature s’est brisé. Le froid persiste, le printemps ne viendra pas, ni l’été. Aucune semence ne germe, les abeilles de Pol disparaissent, les poissons meurent, les vaches ne donnent plus de lait. Rapidement, les réserves s’épuisent et les relations humaines s’enveniment. Thomas vole ses parents, Alice vend ses charmes pour de la nourriture et Pol, l’étranger, devient un facile bouc émissaire.

Sombre fable environnementale teintée de surréalisme, le dernier film du couple belge partage le singulier langage visuel des deux précédents opus¹. Les longs plans séquences ménagent autant la beauté des cadres qu’une narration parcimonieuse, semée d’ellipses. Formellement maîtrisé, le film n’échappe au pathos de son symbolisme que dans les séquences les plus insolites, poétiques, comme cet étonnant tête à tête entre un homme et son coq.

La Cinquième Saison de Peter Brosens et Jessica Woodworth, 1h33, sortie le 24 juillet 2013.

• 1 Khadak (2006) tourné en Mongolie et Altiplano (2009) au Pérou.