« J’espère pouvoir exercer plus sereinement »

Yves Salmon a commencé sa vie professionnelle par des remplacements en rurale dans les Côtes-d’Armor, près de Pontrieux, avant de partir deux ans et demi au Canada. « J’étais interne à la faculté de médecine vétérinaire de l’université de Montréal », raconte-t-il. Puis, il est engagé comme anesthésiste. « En 1987, je m’intéressais déjà à cette discipline. J’ai été chargé de l’enseignement clinique, au titre de la coopération, dans le service d’anesthésiologie de Diane Blais et Sophie Cuvelliez. » Là, il découvre d’autres techniques de travail. « Avec les méthodes nord-américaines, on adopte une démarche qui met les choses à plat et remet en cause les acquis, sans que cela ne pose de problème. Du coup, la progression de chacun est facilitée », ajoute-t-il.

Avec Julie, son épouse médecin, ils ont décidé de traverser l’Atlantique parce que leurs centres d’intérêt étaient affirmés : « J’aimais l’équine, l’anesthésie m’intéressait et le cursus proposé au Canada m’attirait. » C’est ainsi qu’il a été le premier coopérant de la faculté à enseigner et à travailler dans le service d’anesthésie. En 1991, le couple rentre en France. « Mon épouse, qui était en disponibilité, devait revenir. Elle a donc pris un poste d’anesthésiste à l’hôpital de Strasbourg. » De son côté, Yves Salmon effectue plusieurs remplacements puis, fin 1993, s’installe seul avec l’idée de faire de l’équine. « Mais j’ai pratiquement arrêté cette activité, car le marché est majoritairement canin. » Consulté aujourd’hui pour des animaux de compagnie, des rapaces et des oiseaux exotiques, il trouve que l’exercice est de plus en plus lourd à pratiquer seul et décide de vendre sa structure.

Exercer autrement et continuer à enseigner

« J’ai choisi ce métier par vocation et je ne m’en suis pas lassé, explique-t-il. Toutefois, les contraintes imposées sont parfois pesantes et nos études ne nous y préparent pas du tout. De plus, les propriétaires d’animaux actuels se renseignent sur le Web et arrivent dans notre cabinet persuadés de tout connaître. Si bien que je passe parfois plus de temps à convaincre le client qu’à examiner l’animal ! » Alors, pourquoi ne pas exercer différemment ? « J’espère pouvoir continuer à travailler comme clinicien, mais je cherche à me décharger de certaines contraintes, pour exercer plus sereinement ». Yves Salmon continue de transmettre son savoir en anesthésie « à un public qui fait des expérimentations animales, dans les laboratoires publics ou privés ». Il travaille aussi pour le service de formation continue de l’université où il fera peut-être également des remplacements en canine. Pas question donc de s’arrêter. Ce praticien a décidé d’opérer un changement radical dans l’exercice de son métier. Parallèlement, il choisit d’accorder du temps à son autre passion, les techniques de la forge et de la coutellerie. « J’ai découvert la coutellerie en Corse où j’ai suivi plusieurs stages. J’aime les métiers qui sont voués à disparaître, dont la pratique et la maîtrise constituent une réelle gageure et un épanouissement », affirme-t-il. Une activité qu’il compte bien développer, même si son métier reste prenant.