Situation de crise pour la filière œuf

La situation est paradoxale pour les professionnels de la filière œuf. En effet, en mars 2012¹, le Syndicat national des industriels et professionnels de l’œuf (Snipo) indiquait que le déficit de la production d’œufs sur le territoire national était de 21 millions par semaine, soit une baisse de 10 % par rapport à 2011, année où un recul avait déjà été enregistré. En cause, la hausse du coût de l’aliment des animaux et la mise aux normes communautaires des bâtiments², une mesure qui a généré de lourds investissements (environ 20 € par poule) et que certains éleveurs n’ont pas pu assurer, entraînant une cessation de leur activité. Mais depuis septembre 2012, avec la remise en place des poules dans les nouveaux bâtiments, la filière se trouve confrontée à une production en constante progression. Le ministère de l’Agriculture indique qu’elle est actuellement de 25 % sur le premier semestre 2013 par rapport à 2012, et d’un peu plus de 5 % par rapport à une année en équilibre (2010). Conséquence directe pour les éleveurs : le cours de l’œuf chute.

Comment s’explique cette situation ? En partie par la mise aux normes des bâtiments. Pour rentabiliser les investissements engendrés par cette dernière, de nombreux éleveurs ont agrandi leur cheptel, augmentant ainsi leurs productions. L’amélioration des conditions de vie des poules pondeuses a par ailleurs engendré une baisse de la mortalité selon Philippe Juven, président du Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO). Du coup, la production d’œufs par élevage augmente.

Exporter d’urgence 15 millions d’œufs

Pour faire face à cette crise, les professionnels concernés ont annoncé, le 19 août dernier, leur souhait d’exporter 15 millions d’œufs et d’en donner des centaines de milliers à des associations caritatives afin de rééquilibrer l’offre et la demande en France. De son côté, le ministre Stéphane Le Foll a promis d’aider les producteurs à trouver de nouveaux débouchés pour les exportations, et la mise en place d’un guichet unique pour les éleveurs qui font face à des difficultés de remboursement ou d’échéances fiscales.

• 1 Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1487 du 16/3/2012 en page 21.

• 2 La date butoir était fixée au 1^er janvier 2012.