Reportage
Auteur(s) : Carole André
La chèvrerie expérimentale du Rheu, qui dépend de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) de Rennes, n’a rien à envier à un élevage caprin classique. C’est d’ailleurs l’une de ses spécificités. Les installations offrent la possibilité d’étudier la physiologie et le métabolisme de cette espèce dans des conditions identiques à celles d’une exploitation de production. Un élevage traditionnel donc, à la différence près qu’il est dirigé par des chercheurs et que des outils de haute précision sont mis en place pour “surveiller” les pensionnaires. Les recherches portent principalement sur l’alimentation des animaux et la lactation.
Les bâtiments s’étendent désormais sur 1 300 m2, à proximité de l’élevage des bovins laitiers, afin de mener des recherches comparatives chez les deux espèces. L’ensemble constitue un dispositif unique en France, dédié à l’étude de la production laitière des ruminants.
Un bâtiment principal accueille les chèvres adultes, un autre héberge les chevreaux qui sont étudiés à part. Une salle de traite est installée à l’extrémité de la chèvrerie. Afin de minimiser les risques sanitaires, la conduite de l’élevage s’effectue sans aucune entrée d’animaux extérieurs. La reproduction est assurée par la monte naturelle, avec des boucs de l’exploitation ou par insémination artificielle. Le budget global de la construction et des installations s’élève à 565 000 €.
L’autre spécificité de cette unité de production, c’est la précision avec laquelle les recherches sont menées. Grâce à des outils de haute technologie (notamment le distributeur d’aliment et la salle de traite), tout est mesurable et quantifiable de façon extrêmement précise.
Par exemple, l’alimentation est maîtrisée à l’aide d’un distributeur automatique de concentrés (DAC) qui gère, par lot d’animaux, la quantité et le type d’aliments donnés. La ration est strictement contrôlée pour des groupes de douze chèvres. Il est donc possible d’influer précisément sur la ration alimentaire et d’en observer directement les conséquences sur la lactation. Les chèvres sont identifiées grâce à des boucles RFID (radio frequency identification) placées autour du cou. Au moment de la traite, on sait donc que telle chèvre a mangé tel aliment et donnera tel lait.
Ainsi, cette salle de traite est la première installation française qui offre la possibilité de réaliser, chez un grand nombre d’animaux, un contrôle alimentaire individuel précis, couplé à une acquisition automatisée de données sur la production laitière (quantité, durée de traite, débit moyen) et l’échantillonnage du lait.
Pour la filière caprine française, leader européen en matière de production laitière (660 millions de litres par an), l’enjeu de ces recherches est important. La France est le premier producteur mondial de fromages de chèvre. Or depuis près d’une décennie, la filière est confrontée à une augmentation sensible des coûts de production, notamment due à la hausse du prix des aliments et à la baisse de celui du lait.
Pour les chercheurs, l’objectif est de trouver la juste dose d’aliment et le juste mélange qui permettront d’obtenir le plus de lait, de la meilleure qualité possible, à tous les stades de la vie de la chèvre. Une autre voie explorée concerne la possibilité de réduire la fréquence de la traite sans trop diminuer la production, afin d’alléger la charge de travail des éleveurs.
Certaines recherches sont menées en partenariat avec des vétérinaires chercheurs d’Oniris (Nantes). Ces études portent sur les taux cellulaires somatiques présents dans le lait. Le but est de trouver des solutions pour limiter ces taux, en mettant en place des mesures préventives. Les qualités sanitaires, nutritionnelles et technologiques (transformation en fromage) des laits sont autant d’axes de travail qui permettront d’évoluer vers des systèmes d’élevage capables de concilier les performances économiques et environnementales, tout en assurant aux éleveurs une activité attractive.
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