Oui au jambon, non au médicament

Oui, les médicaments espagnols importés en France sont identiques aux médicaments français, à l’exception de la langue de leur notice. Un médicament espagnol n’est pas plus dangereux ou moins efficace que le même médicament français.

Oui, la libre circulation des marchandises existe en Europe. Toute personne peut acheter dans les ventas espagnoles de quoi remplir son coffre en tabacs, alcools, parfums, chocolats Toblerone(r) ou jambon de Bayonne, et son réservoir en gazole.

Non, avec ou sans ordonnance, française ou espagnole, les éleveurs français ne peuvent pas faire le « plein » en médicaments en Espagne. L’importation parallèle d’un médicament espagnol identique à un médicament français nécessite une autorisation qui ne peut être délivrée qu’à un laboratoire ou à un distributeur en gros, avec une obligation de réétiquetage en français.

Non, les médicaments ne peuvent pas être vendus au rabais à la frontière espagnole sans vraie ordonnance, que les clients soient français ou espagnols.

Non, en Espagne comme en France, l’ordonnance d’un vétérinaire n’est pas faite pour légaliser la commande des éleveurs. Elle est toujours consécutive à un diagnostic établi après un examen clinique ou, en France, “hors examen clinique” dans le cadre du bilan sanitaire d’élevage (BSE).

En rappelant ce qui est interdit et permis, la cour d’appel de Poitiers a peu sévèrement condamné (1 000 € d’amende pénale avec sursis) quatre éleveurs des Deux-Sèvres qui, sans doute mal conseillés, se croyaient dans la légalité en faisant, de longue date, leur plein en ordonnances et en médicaments espagnols : 18 voyages, 225 ordonnances, pour 35 000 € d’achats.

• Voir aussi en page 16 de ce numéro.