Une journée infernale

Un vent nouveau souffle sur le cinéma français, porté par une poignée de jeunes réalisateurs et de réalisatrices bien déterminés à se démarquer du formatage ambiant pour regarder leur époque dans les yeux. Pleins d’énergie et de désinvolture, leurs films mordent à belles dents dans le réel et offrent enfin une image de la jeunesse dans sa complexité, entre précarité, détresse et vitalité joyeuse. Avec des personnages hauts en couleurs inscrits dans le présent, ces films renouent avec une certaine idée française du cinéma populaire.

La Fille du 14-Juillet, sorti en juin, et aujourd’hui La Bataille de Solférino, sont les exemples marquants de ce nouvel élan. Le film de Justine Triet fait le récit picaresque d’un couple qui se déchire à propos de la garde de ses enfants, alors même que la femme, journaliste à la télévision, doit couvrir en direct le second tour des élections présidentielles de 2012. Avec peu de moyens, mais beaucoup d’inventivité et d’humour, la mise en scène frotte sans cesse ses acteurs à la rugosité de l’imprévu (des enfants qui pleurent, un labrador, la foule mouvante). Comme une grande partie du film a été tournée dans la rue, parmi les authentiques acteurs (10 000) de ce 6 mai, l’émotion circule astucieusement de l’intime au collectif. Incrustée dans la réalité documentaire, spectaculaire et emblématique de la société, la fiction en dresse ici un tableau vivant, pertinent et ô combien culotté.

• La Bataille de Solférino, une comédie de Justine Triet avec Laetitia Dosch, Vincent Macaigne, 1 h 34. En salles depuis le 18 septembre 2013.