Le fentanyl injectable de retour pour l’analgésie chirurgicale

L’AMM vétérinaire octroyée à Fentadon® permet aux praticiens de retrouver l’usage du fentanyl injectable pour l’analgésie chirurgicale des chiens. En effet, depuis août 2012, cet opiacé de palier III avait été retiré de la liste des médicaments humains hospitaliers accessibles aux vétérinaires. D’autres morphiniques sont approuvés chez le chien par voie injectable. Mais les propriétés du fentanyl, dont l’effet est plus puissant et sur une courte durée (20 minutes), en font un analgésique d’utilisation distincte et complémentaire. Sogeval le commercialise en solution dosée à 50 µg/ml (AMM Eurovet), soit à une concentration identique à celle des spécialités humaines anciennement accessibles.

Un dosage à effet

Fentadon® est indiqué pour l’analgésie peropératoire et postopératoire lors d’interventions chirurgicales associées à une douleur sévère (chirurgie des tissus mous ou orthopédique). L’effet est initié par l’administration d’un bolus intraveineux (à la dose conseillée par Sogeval de 5 µg/kg, soit 0,1 ml/kg), prolongé à la demande par une perfusion continue durant l’opération (5 à 10 µg/ kg/h, soit 0,1 à 0,2 ml/kg/h), et éventuellement à une dose réduite de moitié environ en phase postopératoire. Le laboratoire insiste sur l’avantage d’un tel profil analgésique : un agoniste morphinique pur, à effet dose dépendant, dont l’action est presque immédiate (quelques minutes), mais peu durable. Il facilite la modulation du dosage au fur et à mesure selon les besoins du chien. Fentadon® génère également « une forte épargne en agents anesthésiques », dont le surdosage est alors à éviter.

Un effet dépresseur respiratoire

Les effets du fentanyl sur le système cardiovasculaire (faible hypotension et absence d’arythmie) ne sont pas incompatibles avec son administration chez un chien débilité, notamment en situation d’urgence. Il provoque en revanche une dépression respiratoire et une bradycardie, à surveiller via un monitoring adéquat durant la phase opératoire. Au-delà de 12 µg/kg/h, la survenue d’une apnée est fréquente, mais « facilement maîtrisable avec la mise en place d’une ventilation assistée, mécanique ou manuelle », précise Sogeval.

Sous sa forme injectable, le fentanyl n’est pas adapté à la poursuite de l’analgésie. Un relais analgésique est donc à mettre en place le cas échéant pour un effet de plus longue durée.

La présentation du fentanyl en solution transdermique à libération prolongée (Recuvyra®, Elanco), également com­mercialisée depuis quelques mois, répond à un objectif différent, avec la recherche d’une analgésie qui se prolonge plusieurs jours.

Fentadon® est disponible en flacons de 10 ml à un prix de 14 € HT environ, dans les centrales vétérinaires agréées pour la détention des stupéfiants. Pour accompagner son lancement, Sogeval organise un cycle de formation sur l’utilisation des morphiniques.