Arts plastiques : concert pour deux éléphants

En mars 1798, Hans et Parkie, deux éléphants d’Asie ravis aux Hollandais par l’armée française, arrivent au Muséum national d’histoire naturelle, à Paris. Deux mois plus tard, des musiciens (et non des scientifiques) organisent un concert à leur intention pour étudier l’effet de la musique sur eux. Si les contemporains de la Révolution française ont dressé des frontières idéologiques entre l’homme et la nature, ils voyaient aussi la musique comme un possible métalangage, un outil de communication interspécifique.

Pour rappeler ce concert singulier et le questionner poétiquement, les artistes Jennifer Allora et Guillermo Calzadilla ont, à l’invitation du Festival d’automne, conçu le film Apotome. Ils ont demandé à Tim Storms, l’homme à la voix la plus basse du monde (capable de notes si graves que seuls les éléphants sont capables de les entendre), d’interpréter certaines musiques jouées à l’époque devant les ossements des deux pachydermes toujours conservés au muséum. Dans un second film, 3, les deux plasticiens, passionnés par la biomusicologie, apportent une surprenante interprétation musicale d’une sculpture du Paléolithique en ivoire de mammouth, la célèbre et énigmatique Vénus de Lespugue. Les deux films sont visibles à la galerie Chantal Crousel, tandis que, dans la continuité de sa collaboration avec le couple d’artistes, le muséum expose actuellement leur spectaculaire installation Hope Hippo (voir photo).

Apotome, 3, Hope Hippo de Jennifer Allora et Guillermo Calzadilla, galerie Chantal Crousel, 10 rue Charlot à Paris 3^e, jusqu’au 19 octobre du mardi au samedi de 11 h à 13 h et de 14 h à 19 h, entrée libre. Muséum national d’histoire naturelle, Grande galerie de l’Évolution, 36 rue Geoffroy-Saint-Hilaire à Paris 5^e, jusqu’au 11 novembre, tous les jours de 10 h à 18 h (sauf le mardi). Site : www.festival-automne.com