Hyperthyroïdie féline : actualités - La Semaine Vétérinaire n° 1554 du 04/10/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1554 du 04/10/2013

Formation

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Sylvie Daminet*, Hervé Lefebvre**, Laurent Masson***

Fonctions :
*diplomate Acvim, université de Gand (Belgique). Article tiré des conférences présentées au congrès du Chat d’Arcachon-Gemi, en mai 2013.
**diplomate ECVPT, ENV de Toulouse.

POINTS FORTS

– Une valeur de la T4 totale située dans la moitié supérieure des valeurs de référence n’exclut pas une hyperthyroïdie.

– Une hypertension y est souvent associée.

– Comme une hyperthyroïdie peut masquer une insuffisance rénale, la fonction rénale doit être évaluée après quatre semaines de traitement.

L’hyperthyroïdie est la maladie endocrinienne la plus fréquente chez le chat âgé. Compte tenu de ses répercussions sur l’organisme, il est important de la détecter le plus tôt possible. La palpation cervicale doit ainsi faire systématiquement partie de l’examen clinique du vieux chat.

La palpation de la région thyroïdienne devrait faire partie de tout examen clinique chez le chat âgé.

SYMPTÔMES ET DIAGNOSTIC

Le tableau clinique qui doit conduire à un dosage de la thyroxinémie totale (T4t) associe un amaigrissement, des vomissements, un souffle cardiaque, un nodule en région cervicale, ainsi qu’une élévation de l’activité de l’alanine aminotransférase (Alat) et de la phosphatase alcaline (PAL), présente dans 75 % des cas. La corrélation entre la taille du nodule et la présence d’une hyperthyroïdie est excellente. En effet, quand un nodule de plus de 8 mm est observé, une hyperthyroïdie est confirmée dans la moitié des cas. À l’inverse, l’absence de nodule thyroïdien associée à une T4t élevée et à des signes cliniques évocateurs doit faire suspecter un tissu thyroïdien ectopique. Certains animaux hyperthyroïdiens montrent toutefois moins de signes cliniques qu’auparavant.

Le dosage de la T4 libre après une dialyse est rarement utilisé chez le chat (contrairement au chien) en raison de sa faible spécificité. Comme une maladie systémique peut abaisser la valeur de la T4t, notamment une insuffisance rénale chronique (IRC), il convient de ne pas exclure une hyperthyroïdie si cette dernière se situe dans la moitié supérieure des valeurs de référence.

INTERACTIONS ENTRE LA THYROÏDE ET LES REINS

L’hyperthyroïdie a des effets sur le fonctionnement rénal.

→ Elle participe au développement rénal.

→ Elle modifie l’hémodynamique systémique et rénale : 12 à 48 % des chats hyperthyroïdiens présentent une hypertension. Dans la plupart des cas, cette dernière disparaît avec le traitement. Cependant, environ un chat sur cinq normotendus avant le traitement devient hypertendu par la suite. Notre confrère Hervé Lefebvre conseille alors un contrôle semestriel de la tension artérielle, car « l’hypertension est un facteur aggravant », notamment lors d’un éventuel déficit fonctionnel rénal.

→ Elle induit une hyperfiltration glomérulaire et, par conséquent, une baisse des marqueurs indirects du débit de filtration glomérulaire comme la créatininémie. L’évaluation de la fonction rénale chez le chat hyperthyroïdien est alors délicate, car la créatininémie peut rester dans des valeurs physiologiques en raison de cette hyperfiltration et une azotémie est donc susceptible d’apparaître après le traitement. En outre, la légère protéinurie observée chez 20 à 25 % des chats, induite par l’hyperfiltration (trouble fonctionnel), est réversible, même chez un animal devenu azotémique : « Elle n’est traitée que si elle persiste malgré le traitement antihyperthyroïdien », précise Hervé Lefebvre.

TRAITEMENT

Le praticien a le choix entre quatre options : deux réversibles (nutrition et antihyperthyroïdien) et deux irréversibles (thyroïdectomie et iode radio­actif).

Antihyperthyroïdiens

Le traitement pharmacologique fait appel au thiamazole (Félimazole®, 5 mg par chat, en une à deux prises). Les effets secondaires les plus fréquents (anorexie, vomissements, léthargie) sont transitoires. Surtout observés au cours des trois premiers mois, ils disparaissent à l’arrêt du traitement ou dès la diminution du dosage. Les effets secondaires plus sérieux sont plus rares et nécessitent d’interrompre la thérapie : automutilations faciales (réaction idiosyncrasique qui réapparaît à la reprise du traitement), hépatopathie (arrêt si apparition d’un ictère) et troubles hématologiques. Avec un régime strict restreint en iode, la gestion thérapeutique est plus facile pour le propriétaire, mais exige tout de même un contrôle de la T4t, qui doit être normalisée en trois semaines.

Iode radioactif

Le traitement à l’iode radioactif est simple (une seule injection suffit), efficace et sûr (pas d’anesthésie), mais il nécessite une hospitalisation dans un centre spécialisé. L’irradiation détruit surtout le tissu anormal, car il capte davantage l’iode radioactif. La médiane de survie est supérieure avec la radiothérapie par rapport au thiamazole (quatre ans versus deux). Sylvie Daminet observe en outre une normalisation des enzymes hépatiques plus fréquente qu’avec un traitement réversible.

SUIVI

Lors de traitement par un antithyroïdien, le chat doit être réévalué toutes les quatre semaines au début, puis tous les six mois “à vie”. Il est préférable d’obtenir une valeur de T4t dans la moitié inférieure des normes de référence pour limiter le risque de rechute, et ne pas se satisfaire d’une amélioration clinique. Ce dosage s’accompagne de celui de l’urémie, de la créatininémie, et d’une mesure de la pression sanguine.

En effet, le traitement anti­hyperthyroïdien peut révéler l’existence d’une insuffisance rénale chronique, masquée jusque-là. La prévalence est d’environ 40 % et serait plus faible avec le traitement médical. Par ailleurs, il faut surveiller l’absence d’hypothyroïdie iatrogène, car elle augmente le risque d’insuffisance rénale chronique avec hyperazotémie et diminue l’espérance de vie. En cas de T4t basse sous un traitement antihyperthyroïdien, il convient de rechercher une maladie extrathyroïdienne, telle qu’une IRC ou autre, et de répéter les mesures au bout de quatre semaines.

D’un point de vue pronostique, pour les chats hyperthyroïdiens qui présentent une IRC au moment du diagnostic, le pronostic est réservé. En revanche, pour ceux qui déclarent une hypercréatininémie après le traitement, il n’y a pas d’incidence sur l’espérance de vie. Il est donc inutile d’arrêter les antihyperthyroïdiens pour normaliser la créatininémie, ou même de diminuer la posologie. Il convient plutôt de prescrire une alimentation adaptée.

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