Rencontres GTV et VetAgro Sup
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SOCIOPRO
Auteur(s) : Lorenza Richard
La gestion de la douleur, thème principal des 23es rencontres entre le GTV Rhône-Alpes et VetAgro Sup, a réuni praticiens et étudiants sur le campus lyonnais, le 26 septembre.
La prise en compte de la douleur des animaux de production est devenue incontournable, tant sur le plan médical que sur l’aspect sociétal », a déclaré en introduction Pierre-Louis Dumas, président du Groupement technique vétérinaire Rhône-Alpes, lors des dernières rencontres entre le GTV, VetAgro Sup et les praticiens, le 26 septembre sur le campus vétérinaire de Marcy-l’Étoile.
Pour Luc Mounier (VetAgro Sup), la maximisation de la production des animaux d’élevage a alerté l’opinion publique. Après l’éleveur, elle considère le vétérinaire comme un garant du bien-être animal. Du côté des praticiens, il est donc nécessaire d’en tenir compte. Désormais, l’appréciation de la douleur ne se limite plus à la seule bientraitance des animaux ou à une obligation de moyens, mais s’étend à une obligation de résultats. Le vétérinaire doit ainsi proposer une prise en charge de la douleur adaptée à chaque élevage. Pour la détecter, quatre types d’indicateurs sont à sa disposition, détaillés par Alice de Boyer des Roches (VetAgro Sup). Les premiers, physiologiques (hausse des fréquences cardiaque et respiratoire, augmentation des taux d’adrénaline et de cortisol, etc.), peuvent également être modifiés en cas de stress et sont difficiles à mesurer en pratique. D’autres sont lésionnels (plaies, etc.) ou zootechniques (chute de production, etc.), mais ce sont des signes d’appel indirects. Au final, l’évaluation comportementale est le meilleur critère sur le terrain. Certains comportements peuvent en effet alerter le praticien, qu’ils soient automatiques (retrait réflexe, coup de pied, etc.) ou qu’ils permettent d’éviter l’appui sur une zone douloureuse (posture antalgique). Le léchage et les regards en direction de la zone douloureuse, la diminution des interactions avec les congénères et l’homme, ou encore l’agressivité sont également observés. Pour les déceler, le vétérinaire doit connaître le comportement normal de chaque espèce. Chez les ruminants, certains signes sont plus spécifiques, comme un dos voussé, une queue plate ou fréquemment en mouvement chez les animaux castrés, une posture instable ou le retroussement de la lèvre supérieure chez les agneaux, ou encore les oreilles basses, les yeux exorbités et l’alternance de postures, fréquente chez l’animal qui présente une douleur abdominale par exemple. L’observation de plusieurs de ces signes atteste encore davantage de l’existence d’une douleur et replacer ces comportements dans le contexte est primordial.
Yves Debeauvais, praticien à Seyssel (Haute-Savoie), a insisté sur la légitimité incontestable du vétérinaire dans la gestion de la douleur, et sur l’importance de l’observation des bovins pour la repérer : « Qui n’est pas passé un jour à côté d’une vache sans remarquer qu’elle avait mal ? », interroge-t-il. Les animaux, qui doivent s’adapter à la vie à l’intérieur d’un bâtiment, peuvent ressentir plusieurs types de douleur, notamment liés au sol (trop dur ou humide), à une alimentation inadaptée, aux couloirs parfois étroits, à une limitation des déplacements et à des relations de compétition entre congénères. Ainsi, il est important de différencier, dans le comportement des bovins, ce qui est naturel (en prairie) de ce qui est observé habituellement en intérieur.
Le bilan sanitaire d’élevage et l’établissement du protocole de soins sont des occasions d’en parler avec l’éleveur, de pointer certains troubles, afin d’y remédier. Pour notre confrère, la douleur chronique est souvent une maladie d’élevage, et ses conséquences financières ou sur la production doivent être signalées à l’éleveur, pour que « le vétérinaire ne fasse pas partie des problèmes, mais des solutions ».
Enfin, Philippe Berny (VetAgro Sup) a montré que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont à préférer aux stéroïdiens (AIS) pour leur action rapide contre la douleur et leurs moindres effets systémiques, ou pour leur action antipyrétique. En phase périopératoire, ils peuvent être associés à une anesthésie, de plus en plus pratiquée. En revanche, les AIS sont privilégiés pour le traitement de processus chroniques ou associés à des œdèmes, en tenant compte des contre-indications (avortements notamment) et en assurant le contrôle du processus infectieux sous-jacent.
Ainsi, les rôles du praticien en termes de détection et de lutte contre la douleur des animaux de production sont nombreux et devraient être davantage mis en avant.
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