Formation
ANIMAUX DE COMPAGNIE
Auteur(s) : Catherine Laffort*, Noëlle Cochet-Faivre**, Vincent Bruet***, Laurent Masson****
Fonctions :
*diplomate ECVD, praticienne à Bordeaux. Article tiré des conférences présentées au congrès du Gedac à Paris, en avril 2013.
**diplomate ECVD, praticienne à Paris et Strasbourg
***diplomate ECVD, maître de conférences à Oniris
« Le chat n’est pas un petit chien », rappelle Catherine Laffort. Il présente des différences anatomiques et physiologiques, comme un temps de transit intestinal plus long. Ces variations induisent des spécificités thérapeutiques. Ainsi, après une administration orale, seulement 21 % de la prednisone ingérée se retrouve dans la circulation générale sous la forme active de prednisolone. Des particularités métaboliques rendent le chat plus sensible à certaines molécules telles que la perméthrine et le carprofène (déficits en glucuronyl transférases entraînant respectivement des troubles nerveux et une insuffisance rénale) ou l’enrofloxacine à forte dose(dégénérescence rétinienne à la suite d’une mutation du gène ABCG2). En outre, l’absence fréquente de données spécifiques au chat doit pousser le vétérinaire à la plus grande prudence : hors AMM, « il est risqué d’extrapoler du chien ou de l’homme au chat ». L’espèce féline est aussi connue pour les difficultés liées à l’administration des médicaments. Pour faciliter la prise orale, il convient de se rappeler que les chats préfèrent le goût des acides aminés et n’apprécient pas les saveurs salées ni l’amertume de certains médicaments, souvent révélée après le broyage du comprimé. En raison de la relation entre le fibrosarcome et la réaction inflammatoire chronique au site d’injection, certaines précautions sont bonnes à prendre lors d’injection sous-cutanée : une excellente contention, un changement d’aiguille pour piquer, et une injection des produits à température ambiante, plutôt dans les zones à faible adiposité (les lombes, la face externe des cuisses). La voie topique est intéressante en dermatologie : il peut être bon de réaliser le premier shampooing à la clinique et/ou d’utiliser les lotions sous forme de mousse ou de spray. Notre consœur a en outre précisé quelques astuces : faire couler l’eau à température ambiante, placer un tapis antidérapant, disposer le chat face à un mur, éviter de mouiller la tête, ou encore le présécher à l’aide d’une éponge très absorbante (de type Chamex®). Les micro-émulsions sont appliquées à rebrousse-poil, au besoin après un brossage. Les principes actifs sont stockés dans les glandes sébacées puis relargués. L’efficacité de spot-on par rapport aux shampooings et aux lotions est encore discutée par certains auteurs, quoiqu’une étude1 démontre l’intérêt de ces produits dans le traitement d’états kératoséborrhéiques. Lors de lésions localisées, le comportement de toilettage du chat limite l’application de topiques. Enfin, la voie transdermique est prometteuse, même si les résultats sont décevants pour l’instant, car « elle permettrait d’obtenir la même concentration sérique et le même effet clinique que la voie orale, en limitant les effets secondaires ».
Certaines particularités raciales sont également rencontrées dans l’espèce féline. À commencer par les chats nus : le sphinx et le devon rex. Races très proches génétiquement avec une forte consanguinité, leur pelage particulier est lié à une mutation autosomale récessive sur le gène KRT71, découverte par Gandolfi et coll. en 2010 : monogénique pour le sphinx, mais plus complexe chez le devon rex. Le sphinx conserve quelques poils sur le chanfrein, le bord des oreilles et le dessus des doigts : « Il existe des follicules pileux, mais les poils ont une croissance anormale et sont plus fragiles. En outre, sa langue et ses dents ont un aspect sale dû aux dépôts de sébum liés au léchage », précise Noëlle Cochet-Faivre. Chez le devon rex, les poils sont fins, ondulés, sans poil de garde, souvent cassés. Selon notre consœur, ces races restent des chats normaux, mais leur peau réagit de manière différente. Ainsi, lors de dermatophytose, les lésions sont parfois comparables à celles de l’herpès circiné observé chez l’homme, avec des petites vésicules en périphérie. La dermatite séborrhéique à Malassezia se traduit par de nombreuses papules érythémateuses sur le tronc, des manchons pilaires et des comédons au niveau des doigts et des placards brunâtres à la base des griffes (voir photo 1). Elle peut prendre l’aspect clinique de la dermatite atopique féline (otite, lèvre, région inguinale et axillaire, région périnéale et doigts). Une excellente réponse curative est observée avec l’itraconazole, puis préventive avec des shampooings associant le miconazole et la chlorhexidine en entretien. Enfin, une autre dermatose peut être observée spécifiquement dans ces races : la dermatite papuleuse mastocytaire, également appelée urticaire pigmentaire féline. Les signes cliniques associent un prurit variable, des macules et des papules érythémateuses ou brunâtres (voir photo 2). Une dermatophytose est fréquemment associée, ce qui conduit à toujours demander une culture mycologique devant une dermatite papuleuse.
Le persan est prédisposé à une dizaine de dermatoses : dermatophytose, cheyletiellose, histoplasmose, lupus érythémateux systémique, dermatite idiopathique faciale, intertrigo facial, séborrhée grasse idiopathique, hypotrichose congénitale, syndrome de Chediak-Higashi, etc. Notre confrère Vincent Bruet s’est attardé sur deux d’entre elles. La dermatite faciale idiopathique (dirty face syndrome), peu fréquente et décrite récemment chez les jeunes chats persans ou himalayens, d’origine inconnue, se traduit par des débris brunâtres et un érythème, d’aspect symétrique. Une otite bilatérale cérumineuse est associée à l’atteinte des plis cutanés dans un cas sur deux. Le prurit augmente avec le passage à la chronicité. Le pronostic est réservé : l’amélioration est souvent partielle malgré des traitements topiques (nettoyage sous anesthésie, soins antiséborrhéiques, glucocorticoïdes ou tacrolimus) ou systémiques (glucocorticoïdes, ciclosporine, antibiotiques, antifongiques). Quant aux dermatophytoses, de nombreuses études révèlent une prévalence importante dans cette race. Cette prédisposition pourrait être liée à la sensibilité élevée des chats à pelage long et dense. Notre confrère conseille de « toujours penser à la teigne », tant cette maladie peut prendre des formes cliniques différentes : lésions nummulaires classiques, dermatite miliaire, acné féline, état kératoséborrhéique généralisé, mycétome, sans oublier la forme asymptomatique. Le pronostic est amélioré par la tonte, qui peut être renouvelée au cours du traitement (mensuellement par exemple). Enfin, le traitement antifongique associe un traitement topique (énilconazole) et systémique (itraconazole, griséovulvine), sur une période de six semaines au minimum, et poursuivi deux semaines au moins après la guérison clinique. Cependant, cette dernière n’est pas un critère suffisant et seul un suivi mycologique permet de conclure avec certitude à la guérison de l’animal.
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